Michel Courtemanche à propos de son père…
« Un jour de semaine, j’étais pas à l’école, je devais avoir 13, 14 ans. Mon père est tombé devant moi dans le salon, il s’est mis à avoir des convulsions, les yeux exorbités, la langue mauve qui lui sortait de la bouche, il la mordait. Il devait être en manque de bière ou de pilules. J’étais comme en état de choc, je savais pas quoi faire, j’ai attendu que quelqu’un arrive, je me souviens plus com- ment ça s’est terminé, j’imagine qu’il est parti en ambulance. Ça m’a dégoûté de lui. »
À propos de sa déchéance…
« Je suis quelque part en France et en fin de tournée, épuisé, tanné, je me ramasse dans la loge, j’ouvre le frigidaire, pas de Coke, alors qu’il y en avait tout le temps, c’était ma seule exigence. J’étais déjà de mauvaise humeur, ça n’a pas aidé. Je demande à quelqu’un d’aller en chercher, le gars revient avec du Coke Diète, je touche la canette, elle est tablette, même pas frette. J’ai explosé, j’ai pitché les chaises partout, cassé les tables, y’a rien que j’ai pas brisé. Je suis devenu fou. Je m’ennuyais de ma famille, de mes amis, et le Coke, c’était la seule affaire qui me reliait au Québec. J’ai eu la réputation de faire des crises de vedette – en France, ils s’en câlissent, c’est même bien vu – et j’en ai fait d’autres, pas parce que je me prenais pour un autre, mais parce que j’étais malheureux. »
À propos de sa maladie
« Toutes les fois où j’en ai parlé, c’était pour aider ceux qui ont cette maladie et sont un peu perdus. Le feedback a toujours été très bon. Jamais je me suis demandé: qu’est-ce qui va se passer si j’en parle ? Une fois que ma mère a su que j’étais bipolaire, je me foutais pas mal que le reste de la terre l’apprenne. Dans mon milieu, les artistes, la télévision, les gens sont au courant, mais ne m’en parlent pas. »
Face à faces, la biographie de Michel Courtemanche par Jean-Yves Girard; (KO Éditions). En kiosque dès le 17 octobre.