En plus, la majorité de mes amies n’ont pas d’enfants, faque ça complique l’affaire. Mes amies sans enfants pensent que je peux coucher les miens à 19 h et aller les rejoindre au restaurant ou à leur 5 à 7 qui s’étire. La vérité, c’est qu’après avoir couché mes enfants, ça me prend tout mon petit change pour ramasser les traîneries, faire les lunchs et trouver du linge pas trop sale que mes enfants pourront mettre pour aller à l’école le lendemain. Pour réussir en plus à me laver et à m’arranger, ça me prendrait un café par intraveineuse.
Elles ne comprennent pas pourquoi je réponds à leurs textos deux jours plus tard ou que je ne réponds tout simplement pas parce que mon 5 ans a décidé de gosser après mon téléphone et d’effacer les 10 derniers messages que j’ai reçus. Pis là, on ne parle même pas des appels. Parler au téléphone est une chose que je ne fais tout simplement plus. Parce que dès que j’attrape le téléphone pour jaser, mon p’tit dernier se met à brailler pour je-ne-sais-quoi, ma fille me pose une question super urgente, pis mon 5 ans décide de se lancer dans un jeu de guerre en imitant un bruit de mitraillette à tue-tête.
À lire aussi:
J’ai souvent droit aux reproches parce que j’annule une sortie deux heures avant, trop brûlée pour faire de la route ou parce que mon p’tit dernier commence une gastro. Et je l’avoue, des fois, j’annule le rendez-vous juste parce que j’ai envie de rester chez nous, avec ma gang, en pyjama, à regarder pour la huitième fois le même film pour enfants. Quand t’as pas d’enfants, c’est plus difficile à comprendre. Faque moi, j’organise des stages en milieu familial pour mes amies sans enfants. Récemment, une amie m’a demandé, un vendredi soir, de sortir pour manger et prendre un verre avec elle. Mais moi, je sais très bien que le samedi, je dois me lever à 7h30 pour le hockey et la gym de mes rejetons. Mettons que ça diminue mon niveau de motivation…
«C’est pas grave Bianca, franchement! Y a rien là, se lever pour se rendre à des activités!» Y a rien là? Parfait. Je lui ai dit que j’irais au resto seulement si elle venait dormir chez moi après la sortie et qu’elle passait toute la journée du samedi avec moi. Marché conclu.
Nous sommes donc sorties ce soir-là jusqu’à 1 h 30 du matin. Une super belle soirée. À 2 h 15, nous dormions. Et à 6 h 45, mon plus jeune s’est réveillé. Mon amie n’en croyait pas ses yeux: «Y est juste 6 h 45!!!!!!!» Bienvenue dans MA vie! En route vers l’entraînement de hockey de fiston, mon amie s’endormait du côté passager de la voiture. À 9 h 30, elle était rendue à son troisième café, pis à 11 h 15, elle avait l’air d’un cadavre sur mon canapé, avec les enfants qui chantaient et couraient autour d’elle. Moi, je pétais le feu. Wow! J’avais quand même réussi à dormir quatre heures et demie… Après une sortie, c’est le gros luxe pour une mère!
À midi, mon amie m’a suppliée de lui permettre de se coucher une petite heure. Je l’ai finalement laissé partir chez elle vers 14 h. Je n’avais pas le choix: elle était au bord du coma et n’en pouvait plus d’entendre mes enfants, beaucoup trop en forme, chahuter durant un samedi après-midi. «Je ne sais pas comment tu vas faire pour passer au travers du reste de la journée!» m’a-t-elle lancé en partant. Mon stage eu l’effet escompté. Cette amie-là a parlé de son expérience à notre gang de filles sans enfants.
Dorénavant, fini les reproches. Fini le harcèlement pour me faire sortir de chez moi pendant la fin de semaine. Si je dis que je dois me lever tôt et que mon chum ne sera pas à la maison le lendemain, les filles comprennent. Et s’il y en a une plus tenace qui se met à insister, je prononce le mot «stage»… et ça la calme subito presto!
À lire aussi:
Ce billet d’humeur est tiré de l’édition printemps du magazine VERO.