Bianca Longpré: un stage pour les « sans enfants »

23 Avr 2018 par Bianca Longpré
Catégories : Famille
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Je suis devenue une mauvaise amie en devenant mère. J’ai perdu toutes mes qualités d’amie disponible et attentionnée.


En plus, la majorité de mes amies n’ont pas d’enfants, faque ça complique l’affaire. Mes amies sans enfants pensent que je peux coucher les miens à 19 h et aller les rejoindre au restaurant ou à leur 5 à 7 qui s’étire. La vérité, c’est qu’après avoir couché mes enfants, ça me prend tout mon petit change pour ramasser les traîneries, faire les lunchs et trouver du linge pas trop sale que mes enfants pourront mettre pour aller à l’école le lendemain. Pour réussir en plus à me laver et à m’arranger, ça me prendrait un café par intraveineuse.

Elles ne comprennent pas pourquoi je réponds à leurs textos deux jours plus tard ou que je ne réponds tout simplement pas parce que mon 5 ans a décidé de gosser après mon téléphone et d’effacer les 10 derniers messages que j’ai reçus. Pis là, on ne parle même pas des appels. Parler au téléphone est une chose que je ne fais tout simplement plus. Parce que dès que j’attrape le téléphone pour jaser, mon p’tit dernier se met à brailler pour je-ne-sais-quoi, ma fille me pose une question super urgente, pis mon 5 ans décide de se lancer dans un jeu de guerre en imitant un bruit de mitraillette à tue-tête.

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J’ai souvent droit aux reproches parce que j’annule une sortie deux heures avant, trop brûlée pour faire de la route ou parce que mon p’tit dernier commence une gastro. Et je l’avoue, des fois, j’annule le rendez-vous juste parce que j’ai envie de rester chez nous, avec ma gang, en pyjama, à regarder pour la huitième fois le même film pour enfants. Quand t’as pas d’enfants, c’est plus difficile à comprendre. Faque moi, j’organise des stages en milieu familial pour mes amies sans enfants. Récemment, une amie m’a demandé, un vendredi soir, de sortir pour manger et prendre un verre avec elle. Mais moi, je sais très bien que le samedi, je dois me lever à 7h30 pour le hockey et la gym de mes rejetons. Mettons que ça diminue mon niveau de motivation…

«C’est pas grave Bianca, franchement! Y a rien là, se lever pour se rendre à des activités!» Y a rien là? Parfait. Je lui ai dit que j’irais au resto seulement si elle venait dormir chez moi après la sortie et qu’elle passait toute la journée du samedi avec moi. Marché conclu.

Nous sommes donc sorties ce soir-là jusqu’à 1 h 30 du matin. Une super belle soirée. À 2 h 15, nous dormions. Et à 6 h 45, mon plus jeune s’est réveillé. Mon amie n’en croyait pas ses yeux: «Y est juste 6 h 45!!!!!!!» Bienvenue dans MA vie! En route vers l’entraînement de hockey de fiston, mon amie s’endormait du côté passager de la voiture. À 9 h 30, elle était rendue à son troisième café, pis à 11 h 15, elle avait l’air d’un cadavre sur mon canapé, avec les enfants qui chantaient et couraient autour d’elle. Moi, je pétais le feu. Wow! J’avais quand même réussi à dormir quatre heures et demie… Après une sortie, c’est le gros luxe pour une mère!

À midi, mon amie m’a suppliée de lui permettre de se coucher une petite heure. Je l’ai finalement laissé partir chez elle vers 14 h. Je n’avais pas le choix: elle était au bord du coma et n’en pouvait plus d’entendre mes enfants, beaucoup trop en forme, chahuter durant un samedi après-midi. «Je ne sais pas comment tu vas faire pour passer au travers du reste de la journée!» m’a-t-elle lancé en partant. Mon stage eu l’effet escompté. Cette amie-là a parlé de son expérience à notre gang de filles sans enfants.

Dorénavant, fini les reproches. Fini le harcèlement pour me faire sortir de chez moi pendant la fin de semaine. Si je dis que je dois me lever tôt et que mon chum ne sera pas à la maison le lendemain, les filles comprennent. Et s’il y en a une plus tenace qui se met à insister, je prononce le mot «stage»… et ça la calme subito presto!

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Ce billet d’humeur est tiré de l’édition printemps du magazine VERO.

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  1. Josée dit :

    Cela fait deux fois que je tombe sur cet article et il me consterne chaque fois et me met dans un état d’agressivité ! À vous lire, les femmes sans enfants sont des écervellées qui ne comprennent rien à la vie de famille et cherchent seulement à faire la fête ! Vouloir voir une amie un soir veut plus que dire que de sortir dans les bars et prendre des cocktails jusqu’aux petites heures du matin pour plusieurs autres ! L’amitié, c’est une valeur de la vie au même titre que la famille.

    Je suis une femme de 43 ans et je n’ai pas d’enfants… parce que les circonstances de la vie ont fait en sorte que je n’en aurai pas. Je connais aussi d’autres femmes qui ont tant voulu en avoir, mais malheureusement, malgré tous leurs efforts (que ce soit physique, hormonal, en même en terme d’années de consécration), elles en n’auront pas. Lire cet article revient à me dire (et leur dire) que nous valons moins qu’un femme avec enfants et c’est très offansant !

    L’amie sans enfants accepte souvent de se déplacer à la demande de l’autre pour lui faciliter la vie, elle assiste à tous les anniversaires des enfants en question en leur apportant des cadeaux, elle aide son amie dans la conception d’activités pour divertir les jeunes, et j’en passe ! Avez-vous pris le temps de penser à ce que votre amie sans enfant à fait pour les vôtres (et vous-mêmes) sans jamais rien demander en retour sauf peut-être une petite soirée en dehors de cocon ? Peut-être y a-t-il une raison valable derrière cela ?

    Si mon amie avec enfants me proposerait un stage chez elle pour me faire vivre son « horaire », j’en serais plus qu’insultée! C’est comme si elle s’attendrait à ce que je la vénère en tant que Super-maman. Peut-être oui que vous avez une vie surchargée et que vous êtes dépassées à certaine occasion, je comprends tout à fait, je ne suis pas idiote. Mais de lire votre article qui résonne comme si les femmes sans enfants n’ont pas de vie et n’en connaissent rien, je trouve cela aberrant et plein de jugement ! La vie de tous et chacun va vite et devient folle pour diverses raisons. J’essaye de prendre, une fois de temps en temps, une soirée pour célébrer l’amitié avec mes amis. Parce que c’est important aussi dans l’équilibre d’une vie. Parce que sinon, ce n’est pas des amis, c’est seulement des béquilles en cas de besoin. Peut-être que l’amité doit se cultiver et s’entretenir aussi, vous ne pensez pas ?

    Je ne compte même plus les fois où je me suis faite dire que « on sait bien, tu ne peux pas comprendre, tu n’as pas d’enfants » juste parce que j’ai des horaires de travail atypiques (je suis travailleure autonome), qu’on pense que mon travail est une activité récréative (parce que je suis en design) et parce que j’aime les animaux et que j’en prends soin. Et ces mots viennent de la bouche même de mamans, qui blessent, sans peut-être le savoir, des femmes sans enfants comme moi. Je sais que certaines personnes ne seront pas en accord avec mes propos, mais sachez que plusieurs autres n’osent pas en écrire ici sachant très bien qu’on leur sortira ENCORE cette satanée phrase !

  2. Catherine dit :

    Je me rappelerai toujours de ma chume qui me telephonait pour jaser toujours le soir entre 6h30 et 8pm , son verre de vin a la main, apres etre rentree de son boulot, et avoir fait 1 heure de pilates tranquille dans son salon en pyjama, elle m’appelait parce qu’elle avait du temps mort en attendant que son mari rentre de travailler pour lui faire a souper (oui toutes les meres sont crampees ben raide en lisant ca) alors que moi j’etais occupee a cuisiner, ou manger ou faire les devoirs avec ma fille, ou faire les lunches du lendemain ou preparer ma fille pour le bain / dodo etc alouette ! Et une fois lui disant que malheureusement j’etais occupee avec ma fille, elle me lache sur un ton hyper frustre « COUDONC, c’est tu SI COMPLIQUE que ca etre mere????? » Je lui ai donc deboule ma routine quotidienne et lui ai demande si elle voulait changer de place avec moi. Elle m’a pas trouvee drole … ceux qui n’ont pas d’enfants ont juste pas la meme realite !

  3. Joëlle dit :

    Je fais la même offre aux parents de mes élèves qui trouvent qu’on a trop de journées pédagogiques ou qui s’insurgent lorsque qu’on ne retourne pas leur appel dans la journée même (par exemple ) ; venez passer une journée en classe quand vous voulez ou soyez parent accompagnateur lors d’une sortie! On s’en reparlera ensuite !!!

  4. Jocelyne Vincent dit :

    Bonjour Bianca, excuse-moi de te tutoyer, j’ai fais une grande découverte un certain dimanche soir en écoutant attentivement l’émission *Tout le monde en parle*. Je me suis dit, qui est cette femme que je ne connais pas, ben oui je pourrais dire la femme de, ben non, son nom Bianca Longpré, je t’aurais écouter pendant des heures. Je suis complètement accro, en plus je viens de lire ton billet, comme je les appelle. Je suis contente de pouvoir te suivre et qui sais un jour je pourrais avoir deux billets pour aller te voir en spectacle moi et une amie, ben non pas mon mari. Entre femme c’est sure, bonne continuité, au plaisir. Jocelyne Vincent de Terrebonne

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