Mon enfant ne veut pas aller au camp!

28 Juin 2018 par Karine Vilder
Catégories : Famille
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Les camps de jour et camps de vacances accueillent en été des milliers de jeunes, filles et garçons. Que faire si les nôtres ne veulent pas y mettre les pieds?

Ça y est, l’été est enfin à nos portes et les grandes vacances vont bientôt commencer. Du moins pour les enfants. Car s’ils ont en moyenne neuf semaines de congé d’affilée, on ne peut hélas pas en dire autant… à moins d’être prof ou maman à plein temps! Mais même dans ce cas, on n’aura peut-être pas envie d’entendre la sempiternelle rengaine «j’m’ennuie, c’est plate, j’sais pas quoi faire», de jouer les animatrices à longueur de journée ou de voir la télé, la tablette et la console vidéo allumées du matin au soir. Heureusement, depuis déjà plus de 120 ans, il y a un moyen très simple d’y remédier: inscrire nos enfants dans un camp.

«Jusqu’à ce que Sophie entre à la maternelle, on n’avait pas réalisé à quel point la garderie était pratique, raconte Pascale, 37 ans. En accueillant aussi les bambins pendant toute la période estivale, les services de garde permettent aux parents de continuer à travailler sans rien avoir à planifier. Or l’an dernier, chez nous, les choses ne se sont pas très bien passées. On a inscrit notre fille à la dernière minute dans un camp de jour et, quand elle l’a appris, elle a fait une telle crise que le couple d’octogénaires qui habitent à l’étage sont venus sonner chez nous pour s’assurer que tout allait bien. Le comble de l’horreur, c’est que Sophie s’est jetée à leurs pieds en les suppliant de la garder parce qu’elle préférait – et je la cite mot pour mot – “jouer avec leur affreux chien qui pue et ramasser ses crottes plutôt que d’aller dans un camp”.»

À quelques variantes près, plusieurs parents risquent de vivre sous peu une situation semblable, puisque cette année encore, d’un bout à l’autre du Québec, près de 40 % des enfants de 7 à 16 ans iront dans un camp de jour ou un camp de vacances. «Je ne veux pas être rabat-joie, mais oui, il faut parfois s’attendre au pire, confie Anne-Marie, 40 ans. J’ai trois garçons et, à tour de rôle, chacun d’eux a refusé d’y mettre les pieds. Soit parce qu’ils préféraient rester à la maison, qu’ils ne voulaient pas être encore obligés de se lever chaque jour à 6 h 30, qu’ils n’avaient pas envie de côtoyer des inconnus, qu’ils craignaient les araignées et les serpents, qu’ils avaient mal à un genou (ou au ventre, à la tête et entre les orteils). Cela dit, après qu’ils y sont allés, ils ont tous voulu y retourner!»

Un vrai stage de développement personnel

Si on se fie aux résultats de l’étude pancanadienne récemment menée auprès de 1300 jeunes par le Dr Troy Glover et son équipe de recherche de l’Université de Waterloo, en Ontario, les camps ont réellement du bon: en plus de permettre aux enfants de vivre toutes sortes de nouvelles expériences, ils favorisent l’intégration sociale, encouragent l’autonomie, développent la confiance en soi et donnent le goût de poursuivre la pratique d’une activité physique une fois le séjour terminé. «Moi, j’ai aussi été agréablement surpris d’apprendre que 69 % des campeurs y amélioraient leur intelligence émotionnelle, souligne Éric Beauchemin, directeur général de l’Association des camps du Québec. Le camp les aide à mieux gérer les situations conflictuelles et à prendre leur place dans un groupe, ce qui les incite ensuite à mieux fonctionner dans la communauté et même à lutter contre l’intimidation. À mes yeux, c’est un cadeau très précieux. Et pour rassurer les parents, je tiens à ajouter qu’on sait comment bien accueillir les enfants un peu anxieux et leur faire passer de bons moments!»

C’est d’ailleurs ce qui a convaincu Loïc, 11 ans, de demander à ses parents d’aller passer deux semaines complètes dans un camp des Laurentides. Après y avoir séjourné brièvement avec tous les élèves de sa classe au printemps, il a en effet tellement aimé son expérience qu’il a tenu mordicus à y retourner durant l’été. «Mais à quelques jours du départ, il est revenu sur sa décision, en précisant qu’il s’était informé auprès de la DPJ et que si on l’obligeait à partir sans son consentement, ce serait un cas d’abandon, raconte sa mère Corinne, 48 ans. J’ai rarement vu mon fils pleurer autant! Et comme je ne savais plus quoi faire, j’ai commencé à en parler autour de moi et presque toutes les mères m’ont dit la même chose: “Il pleure parce qu’il ne veut pas y aller, mais tu vas voir, il va aussi pleurer parce qu’il ne voudra plus partir de là.” Aussi étonnant que ça puisse paraître, la suite leur a donné raison!»

La balle est dans votre camp

De manière générale, les enfants ont surtout peur de trois choses: se retrouver seuls parce qu’ils n’arriveront pas à se faire de nouveaux amis, s’ennuyer de leurs parents et, s’ils vont dans un camp de vacances, s’ennuyer aussi la nuit. «Pour y remédier, on recommande donc fortement aux parents d’impliquer le plus possible leurs enfants dans le choix du camp, afin d’en trouver un où les activités (natation, équitation, escalade, soccer, informatique, musique, ateliers d’art, yoga, hébertisme, expéditions en canot-camping, etc.) leur plairont d’emblée, précise Éric Beauchemin. Car même si on préférerait les envoyer dans un camp où ils pourraient perfectionner leur anglais ou rattraper leur retard en maths, il faut se rappeler que ce sont leurs vacances, après tout!»

La psychologue Geneviève Janveau suggère pour sa part d’y aller graduellement en optant d’abord pour un camp de jour situé non loin de la maison: «On pourrait commencer par visiter le camp avec notre enfant avant le début du séjour pour qu’il puisse voir comment ça se passe. Et pour faciliter davantage les choses, l’idéal est de l’inscrire avec quelqu’un qu’il connaît. À deux, l’adaptation sera deux fois moins difficile!»

Quant aux camps de vacances, ils réclament une plus longue préparation. «Chaque enfant étant différent, il faut vraiment s’assurer que les nôtres sont prêts à couper une petite partie du cordon, car coucher à l’extérieur de la maison peut s’avérer difficile pour certains d’entre eux», indique Mme Janveau. Ses meilleurs conseils pour prévenir le pire? Donner à chacun d’eux le goût de partir en leur offrant de participer au choix (et à l’achat!) de leur sac de couchage, de leur sac à dos et de leur gamelle, en leur proposant d’amener un objet de transition (peluche, doudou, petite voiture ou photo de famille) qui leur rappelle la maison, sans oublier de glisser dans leur bagage une lettre qu’ils pourront ouvrir quand bon leur semblera.

«La première fois n’est jamais facile, ajoute-t-elle. Et le plus important est de rassurer nos enfants face à cette première expérience, car leur anxiété provient parfois de la nôtre. Si on est inquiète et qu’on n’est pas convaincue que les choses se passeront bien au camp, ça risque de déteindre sur eux et de nourrir certaines craintes. Mais si on est confiante et qu’on parvient à les rassurer, ils se sentiront plus légers, mieux équipés pour partir.»

«J’étais vraiment morte de trouille à l’idée d’envoyer ma fille de 7 ans dans un camp, avoue Carole, 32 ans. En revanche, son père avait passé la plupart de ses étés à faire des trucs incroyables et à chanter Ani couni en mangeant des guimauves. Alors Tanya a mis ses réserves de côté pour pouvoir elle aussi raconter un jour des trucs incroyables à ses enfants.»

Jour J: comment gérer la séparation?

C’est un peu comme la première journée à la garderie: on a une boule dans la gorge et on risque de se sentir coupable, même si la culpabilité ne sert pas à grand-chose, explique Geneviève Janveau, psychologue. Si on a décidé d’envoyer notre enfant dans un camp, c’est parce qu’on avait de bonnes raisons de le faire. Il faut aussi se rappeler que les camps sont sécuritaires – ils ont d’ailleurs beaucoup de critères à respecter à cet égard – et que si on a judicieusement choisi celui où notre enfant est inscrit, il y sera bien.»

Le jour J, la psychologue nous recommande de mettre tout ce qu’on ressent de côté, «le principal étant de rassurer notre enfant, de lui dire à quel point il a de la chance d’être là. On évite aussi de trop prolonger le moment de la séparation. Pour faciliter cet au revoir, les camps sont généralement très bien rodés. Et parce qu’ils proposent rapidement toutes sortes d’activités aux jeunes campeurs, on a parfois à peine le temps de leur faire un dernier bisou avant de les voir partir avec les moniteurs!»

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Photo: Stocksy

Ce reportage est tiré du magazine VÉRO, été 2018.

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