Je suis tannée d’entendre tous les experts qui disent que je devrais faire l’amour une, deux ou trois fois par semaine. Des fois, quand je lis ce genre de chroniqueurs, j’aimerais faire une incursion dans leur quotidien pour voir comment ça marche chez eux. Parce qu’avoir des enfants et être en couple depuis une décennie, ça te magane une vie sexuelle, peu importe qui tu es. On a beau être amoureux et avoir toute la bonne volonté du monde, cette réalité touche de nombreux parents.
Il fut un temps où il n’y avait ni blocs Lego ni livres d’enfant dans mon lit. Il fut un temps où mes jambes étaient toujours douces, mon épilation bikini, toujours impeccable et mes sous-vêtements, immanquablement sexy. Jadis, mon chum et moi faisions l’amour sur le canapé pis sur la table dans la cuisine. Pas besoin de vous dire qu’avec trois enfants, cette époque est loin derrière nous.
Aujourd’hui, quand mon chum amorce des préliminaires et que j’aperçois Buzz Lightyear installé sur ma table de chevet à côté d’un biberon à moitié rempli de vieux lait, je sens que c’est pas mal moins romantique qu’il y a 10 ans au coin du feu.
Après la venue de trois enfants, mes jambes sont piquantes 360 jours par année, mes strings sexy ont fait place aux bobettes confortables et ma cote se situe maintenant à – 2 sur 10 sur l’échelle internationale de la libido.
Penser à faire l’amour dans le salon avec le risque imminent d’entendre «MAMAN, QU’EST-CE VOUS FAITES?», ça freine illico mes pulsions.
Les soupers d’amoureux avec plats finement cuisinés accompagnés de vin, de chandelles et de musique douce ont été remplacés par des soupers préparés d’avance et accompagnés de jus de pomme, avec chicane d’enfants en fond sonore. Le linge mou s’est substitué aux jeans ajustés et aux décolletés.
Les soirées passées à se détendre n’existent plus. Quand les enfants sont finalement couchés, qu’on se retrouve tous les deux seuls, il faut ramasser, faire les lunchs, plier du linge, préparer les vêtements du lendemain, vérifier les sacs à dos pour l’école… Après ça, on veut juste s’effoirer. Parce que plier du linge, je l’avoue, ça ne m’allume pas.
À neuf heures et demie du soir, je préfère de loin relaxer que de me lancer dans une torride séance de jambes en l’air. À 10 heures, le seul fait de me rendre jusqu’à mon lit me demande un immense effort, alors le Kamasutra, on oublie ça!
On dirait que le chemin pour avoir une relation sexuelle est rempli d’obstacles.
Mes amies sans enfant me disent: «Fais ça le matin!»
Il ne faut pas avoir de petits pour penser se réveiller avant eux pour faire l’amour. Après m’être réveillée une fois à propos d’un mauvais rêve, une autre fois pour un pipi au lit et une dernière fois pour une suce perdue, rendue au matin, j’aime mieux profiter du temps qu’il me reste pour dormir plutôt que jouir.
Si jamais j’ai eu la chance de ne pas m’être réveillée de la nuit et que mon chum et moi, on commence à se coller, c’est immanquable… J’entends des petits pas et la poignée de porte de notre chambre qui tourne. Ce maudit stress de te faire pogner les culottes baissées par tes propres enfants est un terrible tue-l’amour.
Et puis, on ne se le cachera pas, une décennie en couple, ça joue aussi sur le désir. Non seulement j’ai un kid accroché à mon mollet chaque fois que mon chum m’aperçoit, mais en plus, il me voit dans mes pires moments. Avant d’avoir des enfants, mon chum ne m’avait jamais vue habillée en jogging trois jours d’affilée. Et je ne sentais pas encore le parfum maternel «à la poudre de bébé», qui n’a aucun effet aphrodisiaque sur lui.
Quand on faisait des sorties ensemble, avant d’être parents, j’étais toujours bien habillée, coiffée et maquillée. Aujourd’hui, me maquiller est devenu un luxe. Quand je prends du temps pour me faire une beauté, mon chum pense que j’ai invité un ministre à souper.
Et ce relâchement ne concerne pas que moi. Lui aussi troque son look soigné pour du linge mou dès qu’il rentre à la maison. De toute façon, porter une belle chemise imbibée de bave de bébé sur l’épaule, c’est moins sexy.
Nos conversations profondes d’autrefois se sont transformées en discussions sur les devoirs de la plus vieille, les activités des enfants et le budget. Familial. Or, parler de frais de garderie, ça ne m’excite pas tellement.
En plus, si on écoute tout ce qui se dit autour de nous, on a l’impression que tous les parents ont une vie sexuelle trépidante. Que nous sommes le seul couple à faire l’amour juste quand ça adonne.
SURPRISE! Vous n’êtes pas seuls! Oubliez tout ce que vous entendez ou lisez sur Internet. Dans le monde réel, avoir des enfants, ça bousille les élans charnels.
Cela dit, ayez confiance: un jour, les petits devenus grands partiront de la maison… et vous retrouverez alors votre vie sexuelle d’antan!
Photo: Andréanne Gauthier
Ce billet est paru dans le magazine VÉRO Spécial sexe.
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