Rentrée catastrophe, poutine et bière

25 Août 2017 par Bianca Longpré
Catégories : Famille
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Chaque année, c'est la même histoire: j'ai hâte que l'année scolaire se termine et à peine quelques semaines plus tard, à force d'avoir plein d'enfants à la maison, 24 heures sur 24, sept jours sur sept, je me mets à rêver à la rentrée.

Après avoir préparé 21 déjeuners, 21 dîners et 21 soupers de suite pour sept personnes, je n’ai qu’une envie: m’acheter un litre d’essence et un carton d’allumettes pour brûler ma cuisine. Pour vous donner une idée de mon état d’esprit au mois de juillet, je m’ennuie déjà des lunchs… parce qu’au moins, durant l’année scolaire, je n’ai pas à ramasser les débris de repas trois fois par jour.

Et là, en tant que mère, tout le monde me juge si j’avoue être impatiente qu’arrive le matin de la rentrée. Ça m’est égal, je le répète haut et fort: ce jour-là, je suis encore plus énervée que mes enfants. Et chaque fois, ça ne se passe jamais comme prévu.

Parce que le jour de la rentrée scolaire est apparemment conçu pour les familles d’un ou deux enfants. Et que pour moi, ce jour-là, c’est souvent la catastrophe.

Ce matin-là, et pas avant, les enfants se rendent soudainement compte que j’ai mélangé les effets scolaires entre eux. Mon gars se retrouve avec un compas en maternelle, et ma fille, avec un étui à crayons de Power Rangers. Ils vident alors leurs sacs d’école devant la porte pour s’échanger des affaires. Ça chiale parce qu’ils ont égaré un marqueur, ça se chicane pour un Duo-Tang en carton… et on part en retard dès le tout premier jour. C’est immanquable. Chaque année, c’est pareil.

Pis comme on a oublié un lunch ou deux, une bouteille d’eau ou une paire de lunettes, on doit bien sûr faire demi-tour.

Quand nous sommes finalement arrivés dans la cour d’école, je réalise que j’ai oublié la couleur qui correspond au niveau scolaire de chacun de mes enfants. Pourquoi choisir des couleurs pour distinguer les niveaux plutôt que de juste les inscrire sur des pancartes géantes? Je me souviens bien sûr de l’année où mes enfants sont rendus, mais pas des trois couleurs auxquelles il faut les associer!

Puis, quand je revois toutes les mères que je connais et que je n’ai pas vues depuis trois mois, je deviens comme une vraie poule pas de tête. On veut tout se raconter. On parle, on se plaint, on rit, on oublie nos enfants et je les perds dans la foule. Je dois courir après eux avec leurs trois sacs à dos de 25 livres chacun et leurs trois boîtes à lunch ultraremplies. Je cherche comme une perdue les fameuses couleurs de marmaille jusqu’à la toute… dernière… minute.

Et là, une fois les bons professeurs trouvés, les bisous et les câlins distribués, je pleure.

Je pleure parce que je me dis que le temps va trop vite. Que mes petits grandissent trop vite. Qu’ils sont si beaux! Que je suis tellement chanceuse! Je sors de la cour d’école et je braille en m’essuyant les yeux avec la manche de ma veste. Je sais que je ne suis pas la seule!

Et je reviens chez nous.

J’ouvre la porte d’entrée. J’écoute le silence. PAS UN BRUIT. Je fais le ménage. Je range les jouets qui traînent depuis la fin du mois de juin. Comme dans une publicité de Monsieur Net, ma maison est enfin propre, propre, propre.

Vers midi, quand tout est devenu étincelant, je m’écrase sur le divan, j’enlève ma brassière et je passe une commande au resto. La poutine arrive, et je m’ouvre une bière.

Oui, une bière et une poutine, dans mon salon, un lundi midi.

En mangeant mon dîner de mère enfin seule, j’admire mon plancher qui est resté propre plus de trois minutes et demie.

J’ouvre la télé et je m’endors sur le sofa jusqu’au moment d’aller chercher mes petits.

Vous allez peut-être me juger, mais moi, c’est comme ça que je me récompense d’avoir passé tout l’été avec les enfants.

Bonne rentrée!

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Photo: Andréanne Gauthier


Ce billet est paru dans le magazine VÉRO d’automne.

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Catégories : Famille
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  1. Julie Quenneville dit :

    Ohhhhh la rentrée! Maman de 4 mousses dans trois écoles différentes, j’ai pris une semaine de vacance juste pour organiser le tout. J’ai des dossiers pour chacun pour m’assurer de rien oublier. Et maintenant, c’est l’organisation des rencontres de
    Parents ?

  2. Katherine dit :

    Je comprends tellement!! Moi je suis enseignante au collégiale et je me sent très privilégié d’être avec ma fille tout l’été. J’attends avec impatience la fin des classes mais dès le premier août, j’ai hâte à la rentrée!!! Me retrouver enfin seule pour travailler , avoir la maison propre quelques instants du moins et avoir du temps entres adultes! Ouf!!!

  3. Josée Duguay dit :

    Juger? Jamais de la vie! Je me demande toujours: comment elle fait? Elle est bionique 🙂 non mais c’est vrai. On parle d’une grande famille où la marmaille est encore toute petite. On parle ici d’une maman investie à 100% pour ses enfants. Moi tout préparer pour la gang et décider d’aller camper en maman solo: je lève mon chapeau et m’incline. Et tout ça sans compter le travail extérieur, la besogne d’une maisonnée, éducation des enfants et j’en passe beaucoup. Sérieusement je suis fatiguée juste à lire tout ce qui est accompli par une seule femme avec tant d’enfant dans une seule journée. Moi je dis Bravo!

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