Découverte par Véro: Chantal Marois, bénévole à l’Accueil Bonneau

28 Jan 2016 par Véronique Cloutier
Catégories : Oser être soi
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Pour ce portrait de femme inspirante, Véro s'entretient avec Chantal Marois, pour qui le partage est une histoire de famille.

Ayant grandi dans une famille tricotée serrée pour laquelle l’amour était une valeur clé, Chantal Marois a appris à partager en voyant ses parents s’engager dans l’aide aux autres. Convaincre ses propres enfants allait de soi. Tous les Noëls depuis neuf ans, Chantal et sa famille offre un spectacle musical aux sans-abri de l’Accueil Bonneau.

Véro J’ai beaucoup de respect pour les gens qui font du bénévolat à Noël. C’est un véritable don de soi, et j’avais envie de rendre hommage à quelqu’un qui s’engage auprès des autres et d’inspirer des personnes à en faire autant. Chantal, parle-nous un peu de toi, de ton enfance.

Chantal Je suis originaire de Montréal et j’habite à Sherbrooke depuis maintenant 25 ans. À la maison, nous étions deux garçons et une fille. J’ai été très choyée; j’étais en quelque sorte la princesse et ça faisait mon affaire! Pour rien au monde je ne changerais de place. Je viens d’une famille où l’amour et le respect étaient primordiaux. Je me suis donc toujours vantée d’avoir été élevée dans un paradis, parce que l’amour était très présent.

Véro Tu as eu une belle enfance. Ton besoin d’aider les autres te vient-il de là?

Chantal Absolument. Ayant reçu beaucoup d’amour, j’en ai aussi beaucoup à donner. Quand mon mari et moi avons décidé d’avoir des enfants, j’ai choisi de rester à la maison. Nous habitons une grande maison intergénérationnelle où vivent, d’un côté, ma famille, et de l’autre, mes parents. Pour mes enfants, c’était comme d’avoir deux papas et deux mamans.

Véro Encore là, on sent que l’esprit de famille est très fort…

Chantal Pendant que j’étais enceinte, mon mari et mon père ont aménagé une aire de jeu dans la cour. La maison est sur la rue principale et tout le monde qui passait par là pensait que c’était un centre de la petite enfance; les gens entraient et voulaient s’inscrire sur la liste d’attente… Et puis un jour, c’était avant que j’accouche, je me suis dit: pourquoi pas? J’avais déjà pensé à garder des enfants de la DPJ. J’ai commencé avec quatre enfants et, en l’espace d’un mois, j’en avais douze. Le soir, j’accompagnais de jeunes adolescents de la DPJ qui étaient dans le besoin. Le fait de vouloir aider tout le monde, ça ne date pas d’hier. J’ai vu mes parents le faire. Ç’a été l’élément déclencheur.

Véro Quand on regarde ton parcours, c’est moins surprenant de constater qu’à Noël tu poursuives le même objectif, celui d’aider les autres. D’où t’est venue l’idée de faire du bénévolat, et plus particulièrement à Noël?

Chantal Mon père, à 56 ans, a attrapé une méningite qui l’a laissé complètement paralysé; nous n’avons pas eu le choix de le placer. Alors qu’il était au centre, nous avons incité nos filles, qui avaient six ans à l’époque, à faire du bénévolat, à s’engager en différentes occasions. Dans la famille, nous sommes tous musiciens et chanteurs et, un Noël, j’ai eu l’idée de monter un spectacle pour les gens du centre. C’est comme ça qu’on a commencé. Un autre hiver, nous avons préparé plein de petites boîtes-surprises, rien de bien coûteux. Puis, avec ces cadeaux emballés par mes enfants, nous sommes allés à Sainte-Justine le jour de Noël pour y présenter un spectacle.

Véro Je trouve ça tellement beau, c’est magnifique!

Chantal Quelques années plus tard, j’ai vu à la télé un reportage sur le temps des fêtes. On y soulignait le fait que c’est une période difficile pour les sans-abri et pour les enfants de la DPJ qui ne sont pas dans leur famille. Ensuite, je suis tombée sur cette annonce de l’Accueil Bonneau et j’ai appelé directement là-bas pour leur dire que je souhaitais m’engager et plus spécialement à Noël. Pourquoi Noël? Probablement parce que, pour plusieurs, c’est une journée maussade. Nostalgique, aussi.

Véro Oui, la nostalgie. Et on pense à ceux qui n’ont rien, justement.

Chantal C’est en plein ça. La veille de Noël c’est différent, mais le jour même, on pense à ces choses-là. J’ai donc dit à sœur Monique, qui s’occupait du bénévolat à ce moment-là, que nous étions une famille de musiciens et que nous souhaitions présenter un spectacle. Elle n’en revenait tout simplement pas.

Véro Pour eux, j’imagine que c’est comme un cadeau du ciel, quelqu’un qui appelle pour s’offrir comme ça.

Chantal En effet. Sœur Monique m’expliquait l’organisation de cette journée spéciale, avec ses cinq repas de quarante-cinq minutes servis entre 10 h et 15 h. Quand elle m’a demandé si c’était trop, je lui ai tout de suite dit non. J’avais déjà embarqué tout mon monde dans le bateau! Je ne savais pas comment réagiraient mes enfants. Le but n’était pas seulement de leur faire comprendre «voyez comme vous êtes chanceux», mais de leur faire voir la différence ailleurs.

Véro C’est sûr, ça nous fait apprécier notre vie et ça nous apprend à être généreux, à arrêter de nous regarder le nombril.

Chantal Dès la première journée, nous avons été reçus comme des rois! Avec sœur Monique, nous avons convenu d’y retourner pour le traditionnel dîner des Rois, où le maire et les députés sont présents pour servir aux tables des sans-abri. C’est une journée importante pour l’Accueil Bonneau, et sœur Monique, au début, n’osait pas nous le demander de peur d’«abuser du pain béni». Je lui ai expliqué que c’était une expérience aussi émouvante pour eux que pour nous. On a vu le bien-être que ça apportait aux gens. Et puis il y a ceux qu’on reconnaît année après année. C’est toujours un plaisir d’y aller.

Véro Concrètement, vous fêtez Noël en famille le 24 décembre. Il y a le souper, l’échange de cadeaux, la tradition, quoi. Et le 25, vous consacrez votre journée à l’Accueil Bonneau. Comment réagissent les sans-abri qui bénéficient de votre présence?

Chantal C’est vraiment très touchant. Il y a des gens qui ont des enfants de l’âge des nôtres et qui viennent nous voir en pleurant, non pas parce qu’ils ont de la peine, mais parce que ça leur rappelle du bon temps; ça leur rappelle combien la famille c’est important. D’autres, évidemment, sont tristes justement parce que des bons moments, il n’y en a plus.

Véro En même temps, vous leur faites vivre d’autres émotions. Ces gens-là passent leur temps dans la rue, ils souffrent souvent de solitude. Ils ont faim, ils ont froid. Ils se sentent rejetés par la société, par ceux qui ne leur jettent même pas un regard, ne leur offrent même pas un sourire. Ce que vous faites, c’est déjà beaucoup.

Chantal On le sent dans leurs yeux; ils nous disent aussi qu’ils sont contents qu’on soit là. La différence avec les autres jours, c’est le temps qu’on leur accorde. En cette journée spéciale, on demande aux bénévoles de ne pas se presser. De ne pas montrer aux gens sur place qu’il leur faut se dépêcher parce qu’un autre repas suivra.

Véro Ils doivent se sentir uniques…

Chantal Exactement. Cette année, certains nous ont apporté des poèmes pour nous remercier. On les a tous gardés! D’autres viennent nous remercier au micro. Parce qu’on cherche aussi à les faire participer. À un monsieur qui jouait de la guitare tous les ans, nous avons demandé de se joindre à nous. Il était tellement heureux! Et nous, on a embarqué là-dedans en le présentant comme un grand guitariste. Le but, c’est de leur faire plaisir, de combler cette journée spéciale.

Véro Merci beaucoup, Chantal, de m’avoir raconté ton histoire. Tu es une femme d’exception!

Des bénévoles, il n’y en a jamais trop et c’est d’autant plus vrai durant la période des fêtes. Si, comme Chantal Marois, vous, seule ou en famille, avez le goût de vous engager et de vivre une expérience unique et enrichissante, n’hésitez pas à offrir votre aide à l’Accueil Bonneau pour la préparation et la distribution des repas de Noël. Pour faire un don ou du bénévolat, visitez le site de l’Accueil Bonneau à accueilbonneau.com.

Photo: Pierre Manning et Jean-François Gratton (Shoot Studio)

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  1. Danielle dit :

    Bel article, très intéressant, une dame très inspirante!! mais une grosse faute dans le titre… Acceuil…

    Désolée, déformation professionnelle 🙂

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