Les chats superstars

Les chats superstars
05 Nov 2014 par Manon Chevalier
Catégories : Culture / Psycho
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Mignons, rigolos ou grognons, les chats ont conquis le Web et la planète tout court. Stars à part entière, ils font fondre le coeur de millions d’adeptes qui en redemandent. Que cache la «chatmania»? Décryptage.

 

Les chats superstarsIls s’appellent Maru, Lil Bub, Grumpy Cat ou Choupette. Ils sont suivis religieusement par les millions d’abonnés de leurs comptes Twitter et Instagram. Ils ne comptent plus leurs amis Facebook ni les visiteurs de leurs blogues. Leurs vidéos Web et leurs photos hilarantes provoquent des millions de clics. Leurs fans font main basse sur leurs collections de t-shirts, de casquettes et de porteclés… griffés. À coups de pattes, de ronrons ou de regards snobs, les chats sont devenus les nouvelles icônes du Web.

Au sommet de ce panthéon félin mondial? Grumpy Cat (de son vrai nom Tardar Sauce), la chatte la plus grognonne du Web, dont la page Facebook compte 6,5 millions de mentions J’aime, soit presque un demi-million de plus que celle de sir Paul McCartney. Quand la grincheuse ne daigne pas poser à la une du vénérable magazine Time ou être l’égérie d’une grande marque de croquettes pour chats, elle lance un livre, The Grumpy Guide to Life, ou joue dans la prochaine comédie blockbuster de Hollywood. Mais le «ch’tar-système» est cruel: d’autres petites boules de poils, comme Snoobybabe, l’adorable chat chinois aux yeux de poupée tristes, considéré comme le chat le plus mignon de 2013 par les «chatophiles», voient leur cote d’amour grimper plus vite qu’un matou chassant une souris.

Comment expliquer que les chats se soient hissés au rang d’idoles? C’est dû en grande partie à l’apparition des lolcats: des images délirantes de chats (dont le nom est une contraction de lol, soit laughing out loud, et de cat) qui sont accompagnées d’un commentaire humoristique décalé, rédigé en langage enfantin. Apparus pour la première fois sur le site de geeks icanhas.cheezburger.com, en 2007, les lolcats sont un des phénomènes viraux les plus puissants d’Internet. Même l’art contemporain s’est laissé séduire: des peintres et des photographes ont présenté des oeuvres consacrées aux chats au cours de l’exposition LOLCAT – TEH EXHIBISHUN, à la Framers Gallery de Londres.

Les clips en ligne suivent la tendance: on compte aujourd’hui plus de cinq milliards de vidéos de chats dans Internet, et les plus populaires sur YouTube ont été vues 300 millions de fois. Si bien qu’un festival mondial de vidéos de chats a été lancé par le Walker Art Center, à Minneapolis. Résultat? Plus de 10 000 fans finis s’y sont pressés l’an dernier. Cet été, Montréal a accueilli le festival Just for Cats.

Et côté best-seller, le livre Lol chats (J’ai Lu) fait sensation avec sa galerie de portraits de félins déguisés notamment en hipster, en majorette, en DJ ou en reine de beauté. Si on en croit les observateurs de la pop culture, le mouvement «chatophile» n’est pas près de s’essouffler. Bien au contraire.

Un monde qui tourne plus ronron

Mais que révèle cet engouement pour les chats, qui nous émeuvent et nous font rire, particulièrement sur le Web? Les félins virtuels pourraient-ils rendre le Net plus convivial et plus… humain? Normand Miron, vice-président exécutif de whynotblue.com, une agence interactive, et blogueur (pizza4all.com), en est persuadé. «L’obsession pour les chats est une façon ludique et authentique d’entrer en contact avec les autres sur les réseaux sociaux, de vibrer au même diapason et, qui sait, d’amorcer une vraie communication. Je dirais même que les chats sont le social toy idéal pour riposter au narcissisme qui domine sur les réseaux sociaux. Grâce aux lolcats et aux vidéos de chats, on parle de soi par l’intermédiaire d’un animal qui attire la sympathie sans en mettre plein la vue ou se mettre en scène. Cette tendance est une bouffée de tendresse dans un monde virtuel parfois hostile.»

Chacun cherche son chat

Une chose est certaine, pour bien des adeptes, les minous injectent une dose d’humour et de bonne humeur dans les journées surchargées, souvent stressantes. «Voir Maru [un gros matou japonais] foncer dans des boîtes de carton, ça me fait mourir de rire chaque fois, dit Julie, une “gaga de chats” de 32 ans. Je partage ces vidéos spontanément, par pur plaisir. On est des dizaines comme ça, dans mon réseau d’amis. On s’écrit des niaiseries, on rigole et, mine de rien, ça nous rapproche.»

Les plus sentimentales, comme Marianne, 39 ans, craquent pour Lil Bub, une chatte naine, édentée et à la langue rose qui fait sensation avec son talk-show Lil Bub’s Big Show et qui compte plus de 450 000 fans sur Instagram. «C’est loin d’être la plus belle, mais j’ai juste envie de la prendre dans mes bras. Elle doit éveiller ma fibre maternelle!» dit Marianne en riant.

Cette célibataire n’a pas tort: selon les anthropologues, nous sommes génétiquement programmés pour être sensibles aux créatures qui, comme les bébés, sont dotées d’un front bombé et d’yeux ronds, émettent de petits cris et ont l’air vulnérable.

Une zoothérapie virtuelle?

Cette forme d’attendrissement, surnommée kawaii (mignon) au Japon, marque notre attrait spontané pour tout ce qui est adorable. Mieux, selon les chercheurs nippons, le kawaii focaliserait notre attention et génèrerait une sensation de bien-être. Qui de nous n’a pas déjà lancé un «Hoooooonnnn» attendri à la vue d’un chaton endormi et senti son coeur fondre et s’ouvrir, comme par miracle?

Bien sûr, on pourrait croire que les minutes (ou les heures) passées devant des vidéos de chats riment avec zoothérapie, mais il n’en est rien. Selon le psychologue et zoothérapeute Georges-Henri Arenstein, «une zoothérapie implique obligatoirement l’intervention d’un thérapeute, d’un maître et d’un animal». Mais bon, rien n’empêche la «chatmania», virtuelle ou non, de nous faire un bien fou!

C’est pour cette raison qu’à Tokyo, mégapole aux appartements exigus, on compte une centaine de neko cafés, ou cafés à chats. On peut y siroter tranquillement du thé vert tout en caressant un neko (chat, en japonais), et ainsi profiter des vertus antistress de son ronronnement. En Occident, Paris propose aussi son Café des chats (lecafedeschats.fr), très couru, dans le Marais. Et Montréal? La métropole a maintenant le sien rue Duluth: Café Chat l’heureux

Comme l’estime enfin Georges-Henri Arenstein, «notre engouement pour les chats virtuels ou réels fait naître des émotions très positives, comme l’affection, la tendresse, l’empathie… Tout cela est très sain, dans une société qui en a bien besoin!» Parions que Grumpy Cat, la célèbre bougonne, sera d’accord, pour une fois.

 

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  1. Thérèse Munger dit :

    J’adore les chats, et celui que j’ai à la maison nous attendris tous, chacun de nous à la maison, pas moyen d’être choqué envers Madame Zoé, dites aussi, Ming Ming, cette animal nous fait des massages gratuit en ronronnant, non mais aujourd’hui où tout est cher, on est vraiment choyer:)

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