En amitié, la compétition est-elle inévitable ?
Toute amitié durable repose sur des bases solides : la confiance, l’estime, l’échange, le partage... Mais lorsqu’un ou plusieurs de ces piliers se fissurent, la relation se dégrade.
«J’ai décidé d’être heureux parce que c’est bon pour la santé», disait Voltaire. Eh bien, moi, j’ai décidé de le prendre au mot! Après tout, le célèbre philosophe français est mort à 83 ans, à une époque où l’espérance de vie dans son pays était de 25 ans. Ça inspire plutôt confiance, non?
Il faut dire qu’après un burnout, au cours duquel j’ai perdu ma mère, je me suis séparée, j’ai déménagé et j’ai appris que je souffrais de fibromyalgie (une année très relaxe, quoi!), j’avais le moral à zéro et le système immunitaire raplapla. Il me fallait de toute urgence faire quelque chose. En janvier dernier, j’ai donc arrêté de fumer (pour toujours, j’espère) et de boire de l’alcool (PAS pour toujours, j’espère!). C’était un bon début.
Mais ça ne me suffisait pas. Ce n’était pas la première fois que je tentais de changer des choses dans ma vie. Sans succès retentissant jusqu’à présent. C’est alors que je suis tombée sur cette phrase: «Fatiguée de ne jamais tenir vos bonnes résolutions? Et si, cette année, vous décidiez simplement d’être heureuse?»
C’est ainsi que commence Opération bonheur, de Gretchen Rubin. Comme beaucoup d’entre nous, l’auteure jonglait entre famille, carrière, vie perso, et se sentait constamment débordée et épuisée. (Ça vous rappelle quelque chose?) Puis, un jour, elle a décidé de réévaluer ses priorités.
Ce n’est pas qu’elle était malheureuse. Elle avait plutôt la sensation de passer à côté de quelque chose. C’est aussi le sentiment qui m’anime. J’ai l’impression de ne pas assez apprécier ce que j’ai. De trop râler. D’être souvent sur le pilote automatique. De ne pas suffisamment prendre soin de moi, de consacrer trop peu de temps à ma famille, à mes amis, à mes passions.
Même si, comme Gretchen Rubin, j’éprouve de l’admiration pour Elizabeth Gilbert (Mange, prie, aime) qui a tout laissé derrière elle pour poursuivre sa quête du bonheur, je ne me sens pas l’âme d’une aventurière. L’auteure d’Opération Bonheur non plus. «Ce que je veux? Changer ma vie sans tout bouleverser en trouvant mon bonheur à domicile.» Voilà une façon de voir qui me plaît bien. Et qui est nettement plus économique!
Gretchen Rubin a donc décidé, après avoir écumé les bibliothèques de New York et emprunté tous les livres traitant du bonheur (oh, que ça me ressemble, ça!), d’élaborer une liste de 12 résolutions, à raison d’une par mois, déclinées en objectifs «mesurables». Un exemple? «Janvier: décupler son énergie. Dormir plus tôt; bouger plus; jeter, ranger, organiser; s’attaquer aux corvées; agir avec énergie.» Elle a aussi créé un calendrier sur lequel noter ses objectifs et s’attribuer chaque jour de bons ou de mauvais points, histoire de voir concrètement comment les choses évoluaient. La cartésienne en moi bondissait de joie.