Bye-bye régime, allô liberté!

20 Nov 2016 par Linda Priestley
Catégories : Santé
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Bonne nouvelle: manger avec zéro culpabilité et sans faire sauter le bouton de nos jeans, c’est possible, nous disent Guylaine Guèvremont et Marie-Claude Lortie, les auteures du livre Kilo Zen.

Parlons-en de l’orgie gastronomique du temps des Fêtes! Devant le buffet très alléchant de nos parents ou les bouchées divines au triple chocolat de notre amie Olivia, adieu, la zénitude! On a le choix: on peut refuser de céder à toute tentation en dissimulant des carottes dans son sac à main ou se faire du mauvais sang pour une tranche de bûche «de trop» et terminer la période festive dans l’excès en se disant: «De toute manière, j’ai déjà triché, autant continuer, puis me mettre au régime dès le 1er janvier ou plutôt le 2 janvier… Bon, d’accord, va pour le 9 janvier, au retour des vacances».

Des kilos d’angoisse

Culpabilité, panique, impuissance, les «je m’haïs donc!»: un grand nombre d’entre nous avons ressenti ce cocktail Molotov d’émotions peu appétissant, bien plus creux que dans l’estomac, bien au-delà de notre appétit. Et pas uniquement pendant la période des Fêtes. La lutte acharnée qu’on mène depuis tant d’années contre nos kilos est en fait une torture quotidienne à laquelle on s’est accoutumée. Une souffrance inutile, dit Guylaine Guèvremont, puisque des études ont montré que 95 % d’entre nous reprendront le poids perdu et même davantage au bout de cinq ans. «Une autre preuve que ça ne marche pas est que la population grossit», ajoute la coauteure du récent livre Kilo Zen. Nutritionniste de métier, elle a vu et suivi beaucoup (trop) de gens sous l’emprise des régimes, prisonniers du cercle vicieux de la carence et de l’abondance: «Ils se privent ou mangent au point d’avoir mal.»

Manger intuitif: un jeu d’enfant

En 2012, ce constat l’incite à rédiger le livre Mangez! avec sa comparse, Marie-Claude Lortie, chroniqueuse et critique gastronomique de La Presse. Dès le départ, les auteures se déclarent totalement antirégime et prônent plutôt une alimentation intuitive, qui est celle de manger en fonction des besoins de notre organisme. Chez l’une comme chez l’autre, manger sans contrainte, c’est intégré. «Ça prend des calories pour brûler des calories», rappellent-elles. À leurs yeux, la privation est la mère de tous les maux, le point de départ d’un paquet de troubles alimentaires. Le corps n’a pas le choix que de s’insurger tôt ou tard contre ce traitement qui n’est pas naturel.

Comme on ne se présente pas à la table avec uniquement notre estomac, Guylaine Guèvremont revient sur le sujet deux ans plus tard, en solo cette fois-ci, en misant sur une approche psychologique. Dans Manger ses émotions, elle explique l’influence des sentiments sur notre façon de manger et recommande la pleine conscience alimentaire, afin de «nous reconnecter à nos signaux de faim et de satiété, ainsi que de repérer les émotions qui nous poussent à dévorer et celles qui nous forcent à nous priver», disait-elle au magazine VÉRO en 2014, au moment de la parution du livre.

Bridget Jones vs la crème glacée

Rassérénants la tarte aux pommes, les hamburgers triple bacon, les brownies au chocolat? D’autant que partout autour de nous, le comfort food interpelle nos sens. «Une partie de nos habitudes alimentaires est liée à un besoin d’apaisement, dit Marie-Claude Lortie. C’est devenu normal de noyer nos peines dans la nourriture. Le personnage de Bridget Jones qui vide un pot de crème glacée devant la télé parce qu’elle est déprimée, les annonces de restauration rapide qui se veut réconfortante en sont des exemples. Oui, c’est l’fun de manger des jujubes un jour de pluie, mais si on en mange trop, on sera malade et on va s’en vouloir par la suite.»

Alors, poutine ou salade? «Si on se le demande, c’est qu’on a encore quelque chose à régler à l’intérieur de nous, répond la chroniqueuse. À notre avis, on doit cesser de parler de ce qu’il faut manger et de ce qu’il ne faut pas manger. Essayons plutôt de comprendre pourquoi on continue de s’empiffrer alors que la raison et notre estomac nous envoient des signaux de satiété.» Si, comme Bridget, on mord facilement à l’hameçon, ça va plus loin qu’une simple question de volonté: «On demeure convaincue que si l’on s’empêchait de manger des beignes sans retenue ou de la poutine six fois par semaine, on n’aurait pas de problème de poids», souligne Guylaine Guèvremont. Ça, c’est la salade qu’on veut bien se vendre, poursuit-elle. En vérité, on succombe à la poutine en croyant combler un manque affectif et calmer une fringale. «Ces gens résistent néanmoins à l’idée de savoir ce qui se cache derrière ce besoin de réconfort.»

Le bonheur dans l’assiette

Pour aider les Bridget à retrouver un appétit sain, il n’y a pas de formule magique, disent les auteures. Ces dernières ne suggèrent aucun menu ou recette, aucune liste d’aliments permis ou interdits qui feraient fondre les kilos comme neige au soleil. «Bien qu’il s’agisse d’une préoccupation primordiale pour celles dont le poids est une source de souffrance, c’est secondaire à nos yeux, précise Guylaine Guèvremont. En effet, ce ne sont pas les kilos qui nuisent au bonheur. C’est autre chose.» Pour convaincre les Miss Jones de l’efficacité d’une alimentation libérée, la nutritionniste et la chroniqueuse proposent des solutions de gros bon sens, comme celle de ne pas sauter de repas ni bouder les collations, ce qui évite d’affamer l’organisme, qui pourrait ensuite réclamer davantage pour se constituer des réserves. «Manger en étant attentif est aussi une action prozénitude, dit Mme Guèvremont. On adore manger, mais on pense à 56 000 autres affaires au lieu de nous concentrer sur notre assiette, dans le moment présent. C’est lorsqu’on n’a plus faim que la nourriture retient toute notre attention et nous empêche d’arrêter de dévorer.»

La thérapie des interdits

Manger de tout et juste de ce qu’il faut au lieu de grignoter de la salade 24/7 et sans que cela affecte notre poids naturel, ça serait le nirvana! Qu’on se réjouisse, c’est à la portée de notre fourchette, nous informent les auteures de Kilo Zen, pourvu qu’on accepte d’ajouter au menu les aliments qu’on s’empêche normalement de manger, par peur de grossir, ainsi que les plaisirs coupables. Thérapie par l’écœurantite? «Il s’agit en fait d’une démarche temporaire qui favorise la désensibilisation à l’endroit des aliments ennemis, de façon à ce que ceux-ci cessent de nous attirer pour les mauvaises raisons, explique Guylaine Guèvremont. Ils reprennent ainsi leur place dans notre alimentation, deviennent un choix, un goût, comme celui de croquer avec plaisir dans une belle pomme, et non une punition, ou encore une façon de calmer une crise de binging ou une douleur intérieure.» On vient alors grossir le rang des mangeurs intuitifs. Une nouvelle qui nous met doublement l’eau à la bouche puisque, comme le rapporte la nutritionniste, des études ont prouvé que ces derniers s’alimentent mieux que la population en général.

La sainte paix pour dessert

Excès alimentaires, obsession de la minceur, bibittes et complexes: en gros, notre assiette déborde. «L’élément qu’on introduit dans ce livre est celui de ne pas avoir peur de plonger dans le côté psychologique de tout cela, d’aller chercher de l’aide, dit Marie-Claude Lortie. On a chacun notre propre cheminement à faire. Même si l’on est réticent à l’idée de consulter un psychologue, même si notre système de la santé et des services sociaux ne couvre pas les soins en psychologie pour ce type de problème, il est essentiel d’aller chercher du soutien de ce côté-là.» Ça demande de notre part une sacrée ouverture d’esprit, poursuit Guylaine Guèvremont: «Il faut être réceptif et prêt à investir deux ou trois années de sa vie pour, dans un premier temps, découvrir le problème, et, dans un deuxième temps le résoudre, qu’il s’agisse de guérir une blessure émotionnelle de l’enfance, mettre fin à une relation toxique ou apprendre à s’affirmer. Et ça, ce n’est pas évident, on en convient. Tant qu’on reste convaincue que la perte de poids est la clé du bonheur, que le fait de se priver nous protège des kilos en trop, on persiste à ignorer le problème réel et à ne pas le régler.»

Si, par contre, on s’attaque aux vraies affaires, les récompenses sont… divines, disent les auteures. On peut alors jouir d’une liberté totale, un poids constant, une zénitude sans fond en toutes circonstances: souper d’anniversaire, d’affaires, vacances. «Et, qui sait, c’est peut-être aussi l’occasion de découvrir une nouvelle façon de s’alimenter, d’élargir nos horizons culinaires, de manger local», conclut Marie-Claude Lortie. Ce sera peut-être le sujet d’un autre livre…

Photo: Stocksy

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