Corps ou esprit: lequel soigner en premier?

01 Nov 2017 par Linda Priestley
Catégories : Santé
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On aspire toutes au bien-être... sans trop savoir par où commencer. Conseils de pros pour nous guider vers le parfait équilibre.

Comme dans le paradoxe de l’œuf et de la poule, on ignore, de l’esprit ou du corps, lequel devrait d’abord retenir notre attention quand il s’agit, par exemple, de retrouver la forme ou de venir à bout d’une dépression. Selon les expertes interviewées pour cet article, le physique et le mental seraient indissociables et mutuellement bénéfiques. Peut-on alors prioriser l’un au profit de l’autre? «Ce n’est pas l’un avant l’autre ni l’un sans l’autre, affirme la Dre Lysanne Goyer, chef du service de psychologie du CHUM. Il faut faire de petits pas dans les deux sphères.» De quoi nous encourager à ne pas mettre tous nos œufs dans le même panier.

Psy ou yogi?

Quand ça ne tourne pas rond – qu’on souffre d’insomnie, de surpoids ou d’une écœurantite aiguë du boulot –, la première chose à faire est de consulter notre médecin pour nous assurer qu’il ne s’agit pas d’une cause médicale. L’idéal, pour en avoir le cœur net, serait de chercher à comprendre ce qui a provoqué cette condition, affirme la Dre Lyne Desautels. Privilégiant une approche de santé globale, elle-même veille à ce que l’évaluation de l’état de ses patients tienne compte de ce qui se passe autant dans leur tête que dans leur corps: «Comme tout est lié, j’observe leurs habitudes de vie, leurs antécédents, leur bagage génétique et l’environnement dans lequel ils évoluent.»

Par la suite, si on veut augmenter notre niveau d’énergie, changer nos habitudes alimentaires ou apprendre à mieux gérer le stress, c’est à nous de décider si on préfère se tourner vers un coach, un nutritionniste, un entraîneur ou un yogi. Cela dit, «quand on ne va pas bien depuis plusieurs semaines, qu’on est anxieux, qu’on a subi une perte d’intérêt ou qu’on démontre des symptômes proches de ceux de la dépression, ça mérite qu’on aille voir ce qui se passe dans notre tête», estime Lysanne Goyer. On souhaite modifier certains de nos comportements et états d’âme négatifs? Un psychologue pourrait nous proposer une thérapie cognitivo-comportementale. «Les études sont claires quant à ses bienfaits chez les personnes souffrant de dépression ou d’anxiété, rapporte la Dre Goyer. Elle peut également s’avérer très utile pour les gens qui présentent des facteurs de risques d’une maladie cardiovasculaire, de l’embonpoint ou du diabète, et qui désirent se prendre en main.»

Esprit, es-tu là?

«La dureté du mental!» clamait Bob dans Les Boys. Car avec la force de l’esprit, on peut parvenir à soulever des montagnes. Mais quand on n’en mène pas large, notre santé physique risque d’être amoindrie. «Notre corps réagit à toute émotion qu’on éprouve, affirme Martine Veilleux, formatrice et praticienne en gymnastique émotionnelle. Les pensées négatives peuvent ainsi provoquer des tensions musculaires, des troubles digestifs ou autres.» Le stress est lui aussi un agent provocateur qui nous met les nerfs en boule, nous empêche de dormir ou de bien nous alimenter. «Il a un impact majeur sur la santé globale», soutient la Dre Desautels. Par conséquent, apprendre à gérer notre stress et à composer avec toute situation causant de l’anxiété – au moyen d’une thérapie, d’une saine alimentation ou d’un mode de vie actif –, est une excellente façon de nous bâtir un moral béton.

Peut-on en déduire qu’être bien dans notre tête nous amène à être mieux dans notre corps? «Tout à fait, puisque les deux sont inséparables, répond Anouck Senécal, nutritionniste et chef de projets de l’organisme ÉquiLibre. Si, par exemple, on ressent un mal-être par rapport à notre surplus de poids, on aura envie de punir ou de changer notre corps en ayant recours à des méthodes moins saines, comme un régime amaigrissant, un jeûne ou un entraînement excessif, qui comportent tous des risques pour la santé physique et mentale. Et c’est reconnu que l’insatisfaction qu’on éprouve à l’égard de notre image corporelle augmente le risque de souffrir de dépression et affecte notre estime de soi. Au contraire, quand on est dans un état d’esprit positif, on a envie de faire de bonnes choses pour soi, tant sur le plan physique que mental.»

Muscler notre matière grise

Sans l’ombre d’un doute, pour booster notre moral, l’activité physique est championne. «Elle libère des endorphines et nous permet de vivre un moment juste pour soi, ce qui nous fait du bien physiquement et psychologiquement», dit la Dre Lysanne Goyer, première Québécoise à avoir participé au marathon de l’Everest. Évidemment, personne n’est pas tenue de viser les mêmes sommets! «On avance une étape à la fois, en nous fixant des objectifs conformes à notre réalité», conseille la Dre Lyne Desautels. Ainsi, une promenade à vélo ou une séance d’entraînement au gym peuvent suffire à libérer notre cerveau.

«Tout effort physique nous aide à nous concentrer sur autre chose, à prendre du recul par rapport à une situation stressante», souligne Karine Larose, kinésiologue et spécialiste en motivation à l’entraînement à Nautilus Plus. Au-delà du divertissement, ajoute-t-elle, l’exercice amène des modifications dans le corps et l’esprit, favorisant ainsi une attitude positive : «Des études ont prouvé que, quand on souffre de dépression, l’exercice est un médicament aussi performant que les antidépresseurs… effets secondaires en moins!»

Autre avantage de s’activer: ça nous fait retrouver l’estime de soi et ça contribue à l’acceptation de notre corps. «Il y a une notion bidirectionnelle entre la pratique de l’exercice physique et le bien-être corporel, renchérit Anouck Senécal. Non seulement on devient fière de ce que notre corps est capable d’accomplir, mais on apprend à l’aimer, peu importe sa forme et son poids.» Faire la paix avec notre silhouette signifie aussi arrêter de mettre en veilleuse nos projets de vie sous des prétextes du genre: «Je ne suis pas assez en forme» ou «J’ai des kilos en trop.»

Nourrir nos neurones

Comme chacun sait, le mieux-être passe aussi par l’estomac. Les chercheurs ont d’ailleurs démontré au cours des dernières années à quel point le cerveau et l’intestin sont hyperconnectés. Ce qui expliquerait pourquoi l’alimentation joue un rôle important dans nos humeurs. «Un manque de protéines au déjeuner, par exemple, pourrait perturber le taux de glycémie d’une personne pendant la journée et lui faire subir une baisse d’énergie, parfois même la rendre irritable, affirme Marie-Soleil Noreau, naturopathe agréée. À l’inverse, un mangeur exemplaire mais génétiquement prédisposé à l’anxiété, pourrait éprouver des troubles digestifs.»

Pour aider les gens à mordre dans la vie avec appétit et sans culpabilité, Mme Noreau – qui est aussi coach alimentaire – les encourage à développer leurs réflexes de nutritionniste. «Mon but est de les faire visualiser, par exemple, qu’une tasse de pâtes alimentaires se transforme en environ trois quarts de tasse de sucre dans leur organisme. Avec cette forme d’empowerment, il leur est plus facile de faire les choix qui correspondent à leurs besoins et d’entretenir une relation plus saine avec la nourriture.»

Nous libérer des tensions

En plus du rire et des nananes bienfaisants, comme un massage ou une journée de détente au spa, il existe une foule de disciplines – yoga, taïchi, marche contemplative, jogging méditatif – qui nous permettent de s’occuper de nous-même à la fois physiquement et spirituellement. «Ces moments à soi sont très bénéfiques quand on se sent “bof” et fragmentée», assure Nicole Bordeleau, maître en yoga. En y allant mollo, par exemple en s’adonnant à la gymnastique émotionnelle, on apprend à mieux habiter notre corps et à le libérer de toute tension. «C’est essentiel si on veut être bien dans notre tête», mentionne Martine Veilleux.

La méditation est aussi une façon de calmer le petit hamster qui nous trotte dans le crâne. Mais inutile de s’autoflageller si on ne parvient pas à faire cesser toutes les pensées qui nous habitent, comme Elizabeth Gilbert dans Mange, prie, aime. «Le vide de l’esprit est un mythe, affirme Mme Bordeleau. Même la célèbre auteure en a fait l’aveu. En réalité, méditer permet de prendre du recul par rapport à nos pensées, d’être plus attentif à notre guide intérieur, et c’est ça qui est apaisant.» Cette pratique contribue aussi à approfondir notre respiration, elle-même porteuse de bienfaits pour le corps. Elle favoriserait même notre concentration, disent des experts.

Le hic, c’est qu’on oublie souvent de respirer pendant qu’on accomplit certaines tâches, comme naviguer sur le Web, rapportent certaines études. «Ça nous arrive sans même qu’on s’en aperçoive», dit Mme Bordeleau. Pour respirer à pleins poumons, on s’incite à la détente avant d’inspirer profondément, conseille-t-elle.

Une autre façon de se faire du bien? Penser aux autres! C’est du moins l’avis de Lysanne Goyer: «Nous, les psys, sommes bien placés pour savoir que les gestes d’entraide, petits et grands – comme s’occuper d’un parent malade ou faire du bénévolat – contribuent au bien-être des gens qui les posent.»

Trois petits pas chaque jour

Pour être au top de notre forme physique et mentale, on gagne à se faire plaisir… chaque jour. «Je suggère aux gens d’effectuer trois petits pas bénéfiques sur une base quotidienne: un en alimentation, un autre en activité physique et un dernier sur le plan psychologique», dit la Dre Lysanne Goyer. Comme il n’existe pas de prescription applicable à tous, l’astuce est de trouver celle qui nous convient.

«L’idée n’est pas d’ajouter un autre to do dans notre horaire déjà chargé, mais plutôt d’intégrer à notre quotidien de simples gestes basés sur nos besoins, dit la psychologue. Par exemple, au lieu d’arrêter net de manger nos deux pointes de pizza par jour, on commence par les réduire de moitié et on y ajoute un fruit. Ou, si on aime le bricolage, on essaie d’y consacrer 20 minutes dans notre journée.»

Une seule règle à suivre: trouver des activités qui nous branchent. C’est gagnant pour la motivation, assurent nos expertes. Et ça, ça fait du bien en dedans autant qu’en dehors.

 

Ressources utiles

  • lanaturopathemoderne.com Pour booster notre QI nutritionnel.
  • equilibre.ca Pour apprendre à aimer notre corps et à entretenir une relation saine avec la bouffe.
  • karinelarose.com Pour nous mettre en forme en bonne compagnie.
  • La gymnastique émotionnelle, de Martine Veilleux, Les Éditions de l’Homme. Pour libérer notre corps des tensions causées par les émotions néfastes.
  • Revenir au monde, de Nicole Bordeleau, Les Éditions de l’Homme. Pour nous initier à la méditation, sans stress.


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Photo: Getty Images



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