Si vous êtes comme moi, vous n’en pouvez plus des «Merci la vie!» ou des #gratitude qu’on voit défiler sur les réseaux sociaux.
Pourtant, je me rappelle à une certaine époque avoir décidé de noter tous les soirs dans un petit calepin trois éléments de ma vie pour lesquels j’étais reconnaissante.
Il faut préciser que j’étais en pleine dépression, et que je ne m’étais résolue à faire ça que sur les conseils insistants de ma psychologue.
Mais je me souviens que cet exercice, que j’avais commencé à reculons, s’était avéré bénéfique pour moi. Au lieu de focaliser sur ce qui n’allait pas dans ma vie – et il y avait un paquet d’affaires qui n’allaient pas –, je mettais mon attention, 10 minutes chaque soir, sur ce qui s’était bien passé. Et ça avait contribué à changer mon regard sur le monde. Sur mon monde, en tout cas.
J’ai commencé à me sentir mieux, je suis finalement sortie de ma dépression… et j’ai cessé cette pratique. Aussi, quand le VÉRO m’a proposé ce défi pendant 21 jours, j’ai décidé d’accepter, histoire de voir si la magie opérerait encore.
Gratitude, le retour
Je me suis donc munie d’un joli calepin, j’ai sorti mon plus beau stylo et je me suis lancée.
Premier soir: syndrome de la page blanche… Je n’avais que des banalités en tête. Merci pour la présence de mon chum. Merci d’avoir un toit au-dessus de ma tête. Merci pour le potage délicieux au souper. Vous voyez le genre? Je trouvais que ce n’était pas assez original. L’anxiété de performance jusque dans mes remerciements à la vie! Ciel!
Je suis donc retournée dans mes anciens calepins pour voir ce que j’écrivais la première fois que j’avais fait cet exercice. Merci pour la belle température durant ma marche ce matin. Merci pour ma sœur qui s’occupe de mon père. Merci pour ma magnifique housse de couette. Merci pour le beau soleil. Merci pour la commis qui s’est montrée si gentille.
C’est là que je me suis rappelé que le but de l’exercice n’était pas de me montrer brillante ou inventive, mais juste de coucher sur papier ce qui m’avait fait du bien dans la journée, ou ce dont j’étais fière. Une espèce de journal de contentement, quoi.
Ressentir la gratitude
Je vous avoue que j’étais quand même sur le pilote automatique les premiers jours. Je notais des trucs dans mon calepin ou j’énonçais à haute voix mes trois gratitudes parce que j’avais accepté de relever le défi, mais c’est comme si le cœur n’y était pas. Je ne «ressentais» pas la gratitude.
Mais dès la deuxième semaine, je me suis prise au jeu, et j’attendais avec impatience de noter dans mon calepin ce qui m’était arrivé. Je me surprenais même dans la journée à me dire: «Tiens, ça, ça fera partie de mes gratitudes du jour.» Un exemple parmi tant d’autres. Mon chum et moi venons d’adopter un chat errant. On devait l’amener chez le vétérinaire parce qu’il avait besoin d’antibiotiques. Pas évident de le faire entrer dans une cage de transport alors qu’il ne se laisse pas toucher! Ça s’est relativement bien passé. Première gratitude. Une fois chez le vétérinaire, alors qu’il était sur la table d’examen, on a pu le caresser pour la première fois. On était tellement émus. Deuxième gratitude. Finalement, l’examen n’a rien révélé qu’on ne savait déjà: oui, il est atteint du FIV, oui, il avait une rhinotrachéite, oui, il devra se faire extraire des dents. Mais tout le reste semble beau. Troisième gratitude.
Et là, je peux vous dire que je l’ai vraiment ressentie, la gratitude. Que j’ai apprécié à sa juste mesure chaque événement qui s’était bien déroulé cette journée-là. Et qu’à partir de ce moment, la machine était repartie.
Quand j’écris dans mon calepin: merci pour la belle journée ensoleillée, ça veut dire que j’ai vraiment pris plaisir à la chaleur du soleil sur ma peau. Quand j’écris: merci pour le carré au riz soufflé que j’ai mangé ce matin, ça veut dire que j’ai vraiment dégusté chaque bouchée. Quand j’écris: merci pour les décorations d’Halloween dans mon quartier, ça veut dire que j’ai vraiment pris le temps de les admirer. Quand j’écris: merci pour la série This Is Us que je peux regarder en rafales (parce que j’ai trois ans de retard!), ça veut dire que j’apprécie chaque épisode à sa juste valeur.
Les bienfaits de la gratitude
Je ne suis pas en train de dire que j’ai arrêté de me plaindre, que je vois la vie en rose nanane tout le temps et que je suis prête à prendre la succession du dalaï-lama, hein. Mais je me suis rendu compte qu’être capable d’apprécier ces instants furtifs, ces petits miracles du quotidien, comme je les appelle, même quand la zénitude n’est pas au rendez-vous, ça signifie que quelque chose a réellement changé en moi. Et ça, ça me remplit de joie.
Les recherches menées sur la gratitude montrent que les gens reconnaissants sont plus heureux et plus optimistes. À m’entendre de nouveau chanter dans mon bain le matin, j’aurais tendance à être d’accord. Depuis que j’ai recommencé à pratiquer la gratitude, ça va mieux avec mon chum, notre petite entreprise est en pleine croissance et, surtout, la vie est plus légère.
Lectures suggérées
- Petit cahier d’exercices de gratitude, d’Yves-Alexandre Thalmann (Éditions Jouvence)
- 3 kifs par jour, de Florence Servan-Schreiber (Marabout)
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