L’école à la maison: oui, mais sans culpabilité!

08 Avr 2020 par Florence Dujoux
Catégories : Actualités / Famille
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Certains parents n'ont pas le temps de faire l’école à la maison et d’autres mettent en place un horaire réglé au quart de tour. Deux enseignants et une orthopédagogue nous donnent leur point de vue, pour faire face à la situation sans culpabilité.

Voilà maintenant plusieurs semaines que les établissements scolaires sont fermés dans l’ensemble du Québec. Si la situation est complexe à gérer pour tous les parents, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. D’abord, parce que les réalités familiales sont diverses, certains parents travaillant à temps plein manquant cruellement de temps pour faire l’école à la maison. Sans parler des travailleurs essentiels confiant leurs petits aux services de garde d’urgence! Ensuite, parce que l’encadrement scolaire diffère, certains élèves faisant quotidiennement l’école à distance par visioconférence, tandis que d’autres n’ont pas les moyens d’interagir avec leur enseignant.

« Le but de l’école à la maison, c’est que l’enfant continue à progresser, qu’il reste actif cérébralement », affirme Jean-Pierre Faust, enseignant en français au secondaire 4 et 5. Non, notre enfant ne va pas forcément acquérir toutes les compétences du programme de formation avec l’école à la maison! Mais cela ne devrait pas nous stresser, d’abord parce que la majorité de la matière a été vue entre septembre et mars, ensuite parce qu’il apprendra plein d’autres choses de la situation inédite que nous vivons. Et si notre cadre professionnel ou familial ne nous permet pas de faire l’école à la maison, on fait quoi? « On encourage les enfants à lire, et on fait de la lecture partagée en fin de journée », répondent d’une même voix les experts. Et on sera peut-être surpris de voir que le plus grand voudra de temps à autre lire une histoire au plus petit!

Comment s’organiser?

Entre parents, le débat sur le temps à consacrer à l’école à la maison peut être intense. D’après les différents experts consultés, deux heures de travail quotidien pour les plus jeunes, de la première à la quatrième année, c’est une période de temps très satisfaisante. Les plus âgés, comme les élèves au secondaire, peuvent se fixer un objectif de trois heures, en fonction de leur capacité de concentration.

Donner un cadre motive et rassure. Un point d’autant plus important que la période est incertaine. Mme Gagnon, orthopédagogue (apprentissages.ca) insiste sur l’importance d’associer l’enfant à l’élaboration de son horaire pour qu’il ait le sentiment d’avoir un contrôle sur son organisation de travail et soit davantage engagé. Selon M. Faust, « Mieux vaut commencer par le plus difficile, c’est-à-dire les matières académiques. Par exemple, on débute avec le français et les maths, puis l’histoire et l’univers social si cela est pertinent, avant de passer aux matières créatives ».

Stéphanie Poirier, enseignante en première année, souligne qu’il est difficile pour un enfant de six ou sept ans de travailler en autonomie et qu’il faudra généralement s’asseoir à côté de lui pour l’accompagner dans ses apprentissages. « Plus un enfant est jeune, plus il a besoin d’encadrement », fait-elle valoir.

Madame Gagnon précise que, si l’enfant a des troubles d’apprentissage, il est important de le lancer avec les bonnes consignes. Concrètement, on peut par exemple démarrer les travaux scolaires avec lui pendant une heure le matin, puis le laisser poursuivre en autonomie, en lui donnant une structure de temps et en lui demandant de laisser de côté ce qu’il ne comprend pas. « Mieux vaut en faire moins et privilégier la qualité », indique l’orthopédagogue.

Quels principes pédagogiques se donner?

« La clé, c’est la patience, la constance et la rigueur », croit Jean-Pierre Faust. Si une activité n’est pas complétée, il recommande de demander à l’enfant de la finaliser, en allant chercher un dictionnaire par exemple. Autre point important: varier les façons de faire, et éviter le retour systématique à l’écran. « On fait attention à ce que l’enfant ne soit pas tout le temps sur Internet, ça prend aussi des applications informatiques, et tout simplement une feuille et un crayon ». Surtout, on évite de vouloir tout voir (on se rappelle qu’on n’est pas en contexte scolaire !), d’être en mode exagération sur le plan du temps, et enfin de s’embarquer dans quelque chose qu’on ne maîtrise pas.

On ne se sent pas capable d’expliquer les mathématiques à son  enfant de sixième année? On lui propose autre chose! « On y va avec ses connaissances et ses limites, conseille M. Faust. Le but, c’est d’éduquer: on n’hésite pas à tirer parti de la situation pour transmettre des savoir-faire concrets ». Par exemple, quand on fait une recette de cuisine avec son jeune, qu’on l’implique activement en lui demandant de lire les consignes et de mesurer les ingrédients, on lui fait faire de la lecture et des mathématiques.

Plus généralement, les parents ne devraient pas hésiter à recourir à l’apprentissage informel pour varier les plaisirs. Les jeux de société constituent par exemple un très beau vecteur d’apprentissage. Ils permettent de s’entraîner différemment à calculer (Monopoly junior), à dénombrer et comparer (dominos), à se déplacer sur un quadrillage (échecs), ou à écrire des mots (Scrabble junior). Un beau moyen d’apprendre en s’amusant!

Quelles ressources privilégier?

« Attention à l’éparpillement des ressources, prévient Mme Gagnon. L’idéal est d’en privilégier deux ou trois, par exemple le cahier d’école ou un cahier d’exercices imprimé, une ressource en ligne et une ressource plus libre pour élaborer un projet personnel comme une bande dessinée ou un projet de jeu mathématiques. »

Quelques ressources en ligne disponibles gratuitement:

  • L’École ouverte, lancée le 30 mars par le Ministère de l’Éducation  ecoleouverte.ca propose un répertoire d’activités pour les élèves du préscolaire à la fin du secondaire.
  • La nouvelle programmation à venir dès le 13 avril sur Télé-Québec. Moments doux avec Passe-Partout pour les 4-5 ans, dictées en ligne avec les animateurs de Cochon Dingue pour les élèves du primaire, émission Les Suppléants pour aider les ados à se réapproprier les matières scolaires. À la télé et sur le web. telequebec.tv
  • Abracadabra, un site pour stimuler l’apprentissage de la lecture en favorisant le plaisir d’apprendre et en s’appuyant sur les technologies
  • La classe de Marie-Ève, un site qui propose aux élèves du primaire des ateliers quotidiens de révision, en français et en mathématiques.
  • AMÉLIO, propose pour sa part  une méthode d’apprentissage par le jeu.  Cette entreprise québécoise  offre l’abonnement hebdomadaire gratuitement jusqu’en septembre. On y retrouve  des milliers de capsules, d’outils et de fiches pédagogiques pour les 2 à 12 ans, ainsi que offrant 21 jeux  (payants) en ligne.

 

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