Ces femmes qui nous inspirent : Shirley Théroux

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24 Jan 2023 par Véronique Harvey
Catégories : Culture / MSN / Oser être soi / Véro-Article
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À l’aube de ses 60 ans de carrière, celle qu’on a souvent qualifiée de «femme parfaite» laisse tomber le voile et se révèle tout entière dans sa biographie «Née pour chanter». Entrevue avec l'inspirante Shirley Théroux.

On vous demandait ce livre depuis longtemps, Shirley. Quelle a donc été l’étincelle qui vous a incitée à concrétiser ce projet?

Le confinement. Comme j’avais plus de 70 ans, ç’a été un isolement total pour moi. Plus aucun contact avec personne. J’ai alors vécu de grands moments de réflexion. C’est là que je me suis dit que je devais laisser ma trace, que mon fils Bruno-Pierre devait connaître ma vie, mon parcours. Comme je l’ai eu à 37 ans, le plus gros de ma carrière était déjà passé quand il est né.

Vous n’avez pas souvent parlé de votre vie privée en entrevue. Pourquoi?

Ma carrière, elle est publique, mais ma famille, elle est privée. Je n’ai jamais voulu mélanger les cartes. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai dit non à René Angélil, qui m’avait offert de prendre ma carrière en main quand j’ai quitté Les Tannants et que je revenais à la chanson. Il voulait absolument que j’accepte de mettre ma famille de l’avant, il disait que ça venait avec le métier. J’ai répondu que si c’était pour être ça, le métier, je n’étais pas intéressée. Je respecte ceux qui le font, mais moi, j’aurais été malheureuse là-dedans. C’est une partie de ma vie que je voulais conserver pour moi. 

Une autre chose que vous avez conservée durant toutes ces années, c’est votre image de «femme parfaite». Était-ce délibéré ou un peu malgré vous?

C’est arrivé malgré moi, principalement parce que je suis toujours bien coiffée, maquillée et habillée. Ça, ça me vient de ma mère, qui était couturière et chapelière. Bien me présenter a donc fait partie de mon éducation. Tout semblait parfait dans ma vie, parce que l’image de l’artiste était telle. On m’a accolé l’image de la belle femme qui n’a pas de problème et beaucoup pensaient que j’étais snob ou que je venais d’une riche famille d’Outremont…

Et pourtant, c’était loin d’être le cas! Comment les lecteurs et les lectrices de votre biographie ont-ils réagi en découvrant qui est la vraie Shirley, au fil des pages?

Les femmes m’écrivent qu’elles sont heureuses de me découvrir, qu’elles ne s’attendaient pas à ce que j’aie vécu autant d’affaires. Et c’est vrai que j’en ai vécu! Ç’a été difficile à raconter par bouts. Dans la vie, il y a des choses que tu mets de côté, que tu veux oublier. Il a donc fallu que je rouvre des petites boîtes, que je ressorte des souvenirs… Il y a des moments qui sont drôles, mais j’ai aussi revécu des étapes difficiles, comme la maladie de mon père. J’ai beaucoup pleuré. 

Ces femmes qui nous inspirent : Shirley Théroux

Avec du recul, de quoi êtes-vous le plus fière dans votre parcours?

Que malgré les hauts et les bas de la diva, je me suis toujours tenue debout! Mon procès [NDLR: Shirley a été accusée de publicité trompeuse], qui a duré six ans, a failli me détruire. Toutes mes économies y ont passé, ça m’a coûté 125 000 $ en frais d’avocats. Je suis passée au travers, même si le stress a failli me tuer. Mais je me suis reprise en main et j’ai renoué avec le métier. D’ailleurs, une amie m’a écrit, après la lecture de mon livre, pour me dire que depuis que je suis enfant, je me suis toujours choisie. Et je n’avais pas réalisé ça, mais c’est vrai. Même quand les religieuses à l’école me punissaient parce que je chantais, je leur tenais tête. Rien ne m’arrêtait à 12 ans, alors imaginez aujourd’hui! Je suis venue au monde avec un cadeau: ma voix. C’est inné, viscéral. Si je perds mes cordes vocales et que je ne peux plus chanter, je vais m’éteindre. C’est parce que je chante que je suis encore aussi allumée aujourd’hui. 

Parlant de voix, évidemment, la vôtre prend de la maturité au fil des années. Comment la trouvez-vous aujourd’hui?

Elle est plus belle que jamais! En prenant de la maturité, ma voix est devenue moins aiguë, donc plus chaude et plus ronde. Au début de ma carrière, je comparais ma voix à une trompette. Mais aujourd’hui, je dirais plutôt un violoncelle et j’aime mieux ça. 

Comme la voix, le physique aussi prend de la maturité avec les années. Quel est votre rapport à votre image?

À 60 ans, en sortant du bain, je me suis mise toute nue devant le miroir et je me suis dit: «Regarde, Shirley, t’es rendue là. Si tu ne veux pas t’accepter, tant pis pour toi, car tu vas être malheureuse jusqu’à la fin de tes jours.» Alors, j’ai appris à vivre avec! La chose la plus difficile à accepter, c’est le vieillissement de la peau, mais on ne peut pas y échapper. Tu auras beau te faire injecter du Botox, ton corps va vieillir pareil. Ton petit mou de bras et de cuisses va toujours être là. Alors, il faut s’accepter telle qu’on est. 

Si je perds mes cordes vocales et que je ne peux plus chanter, je vais m’éteindre.

Ces femmes qui nous inspirent : Shirley Théroux

C’est bien de vous entendre dire ça, parce que vous avez subi de l’âgisme dès l’âge de 40 ans, quand on vous a retiré l’émission Coup de cœur, supposément parce que vous étiez «trop vieille pour faire de la télé»…

On m’a dit qu’on voulait rajeunir l’image de TVA, alors Shirley ne convenait plus. J’ai tellement pleuré! Je me disais que je ne pouvais pas être trop vieille, j’avais juste 40 ans! Mon mari m’a aussi laissée cette même année pour une femme de 30 ans. Ça m’a blessée sur le coup, car c’est un drame dans la vie d’une femme de se faire dire qu’elle est trop vieille à 40 ans! 

Mais vous vous êtes relevée et avez continué votre route…

J’ai toujours trouvé des façons de continuer à chanter, même si les gens me mettaient des bâtons dans les roues. Ma vie a toujours été comme ça: il m’arrivait quelque chose d’épouvantable et, tout de suite après, une bonne nouvelle. Je me rappellerai toujours quand j’ai commencé à peindre, Tex Lecor m’avait dit que j’étais persévérante comme ça n’avait pas de bon sens. Et c’est vrai, je ne lâche jamais! 

Justement, parlez-nous un peu de la place qu’occupe la peinture dans votre vie.

La peinture m’est arrivée vers l’âge de 60 ans, quand l’émission Y’a plein d’soleil s’est terminée. Je prenais un verre de trop et j’étais presque devenue alcoolique. Je m’en allais là solide, mais je me suis dit: «Non!» Depuis l’âge de 40 ans, il m’arrivait toujours des drames, puis je me relevais, mais là, c’était trop. J’ai donc vendu mon restaurant La Boucherie, que j’ai eu pendant 28 ans, j’ai arrêté de prendre de la boisson, j’ai cessé de fumer, je me suis refait une santé et c’est là que j’ai commencé à peindre. Quand ma première toile a été terminée, je suis allée voir mon ami Tex Lecor pour lui demander si ça valait la peine que je continue… ou pas. Il m’a proposé de venir peindre avec lui dans son atelier. J’y suis allée tous les mercredis pendant deux ans et demi, beau temps, mauvais temps. J’apportais mon lunch et on peignait du matin au soir. Bref, la peinture a pris beaucoup de place dans ma vie, mais depuis que j’ai recommencé à chanter, j’ai réalisé que je ne suis pas capable de faire les deux en même temps. Ma créativité ne sort que d’une façon à la fois. Je ne renie pas la peinture, car je vais sûrement avoir d’autres périodes creuses où je ferai moins de télé et de chansons. À ce moment-là, c’est certain que je vais recommencer à peindre. Là, je prends mon micro, mais un jour, c’est certain que je vais reprendre mes pinceaux.

SES ACTUS

Au printemps prochain, Shirley Théroux fera la tournée des Salons du livre avec sa biographie Née pour chanter, et elle travaille actuellement sur une nouvelle chanson. 

 

Photos : Andréanne Gauthier
Stylisme : Jenn Finkelstein
Mise en Beauté : Pargol Tavasolian

 

 

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