Ces femmes qui nous inspirent : Johanne Blouin

02 Nov 2018 par Véronique Alarie
Catégories : Oser être soi
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Depuis plus de 40 ans, Johanne Blouin entretient une relation passionnelle avec la scène, son public et son métier. Conversation avec une battante.

PRÉSENTÉ PAR

À 63 ans, que représente pour vous le fait de vieillir?

Je sens que je commence à récolter les fruits de mes efforts. Par exemple, cette année, on m’a demandé de chanter l’Ave Maria aux funérailles de Paul Gérin-Lajoie; c’était un très grand honneur pour moi. Je me dis que si ce genre de chose m’arrive, c’est sans doute parce que j’ai bien mené ma carrière, que j’ai su suivre mon cœur. Bien sûr, j’ai quelques erreurs de parcours à mon actif… mais je ne pense pas en avoir fait de grosses.

Cela dit, quels sont les inconvénients de sentir le temps qui passe?

Je trouve très difficile de composer avec le sentiment de finalité. J’ai toujours eu beaucoup de projets personnels et professionnels, mais depuis quelques années, je me suis mise à renoncer à ceux qui exigent un investissement à long terme, qui risquent de prendre trop de temps à décoller. Je les aurais réalisés sans hésiter à 40 ou 45 ans, mais désormais, j’opte pour des défis qui se concrétiseront plus rapidement. La vie nous rappelle continuellement que le temps file! Tiens, encore récemment, j’ai mis ma maison en vente et je n’ai pas pu m’empêcher de penser au fait que ma prochaine résidence serait possiblement la dernière… Ce genre de réflexions, c’est très confrontant.

Avez-vous vécu une crise de la quarantaine ou de la cinquantaine?

Je n’ai jamais connu de grande crise existentielle. Cependant, côté carrière, la quarantaine a été difficile et j’ai dû redoubler d’ardeur pour conserver ma place. On dirait un rite de passage de plus en plus difficile à éviter. Quand je regarde autour de moi, j’ai l’impression que ce sera encore plus dur de maintenir le cap pour les jeunes artistes d’aujourd’hui. Tout bouge tellement vite! Il me semble qu’on ne leur laisse pas le temps d’évoluer. Ils n’ont donc pas le choix de devenir plus polyvalents, d’apprendre d’autres métiers connexes, comme l’écriture, ou l’animation radio ou télé… C’est un milieu très dur!

Avec l’âge, avez-vous appris à être plus douce envers vous-même?

Oui. Étant donné que mes priorités ont changé, je préfère accomplir moins de choses, mais mieux les choisir.

Êtes-vous aussi devenue plus douce avec les autres?

Je dirais que je le suis un peu moins! (rires) J’ai l’impression qu’on manque de plus en plus de rigueur et qu’on opte trop souvent pour la facilité. Quand je vois un artiste qui manque de classe, qui parle mal et qui est habillé tout croche, ça me désole.

Arrivez-vous à vous libérer des regrets?

En général, j’évite de traîner des regrets parce que tout ce qui est arrivé, dans ma vie, fait de moi celle que je suis aujourd’hui… Cela dit, je crois que, professionnellement, j’aurais peut-être dû m’entourer davantage. Même si j’ai eu des gérants et des producteurs qui m’ont appuyée dans ma carrière, je suis restée assez seule dans ma petite affaire et je crois que je ne suis peut- être pas allée aussi loin que j’aurais pu. Si j’ai un seul petit regret, c’est celui-là.

Quelles sont les personnes les plus significatives dans votre parcours?

Félix Leclerc a été très important pour moi. Quand je lui ai présenté l’album Merci Félix, quelque temps avant sa mort en 1988, il m’a dit qu’il était très heureux du résultat et que j’allais, selon lui, «réimmortaliser» ses chansons et les faire connaître au jeune public. Ç’a été un réel honneur pour moi de le côtoyer. Sinon, le pianiste français Michel Legrand, avec qui j’ai fait un disque de Noël, a été très marquant aussi. Sans oublier Charles Aznavour, qui m’a écrit une chanson… J’ai eu la chance de travailler avec des géants.

Quel est le conseil le plus précieux qu’on vous ait donné?

En 1987, on m’a demandé de chanter un pot-pourri des titres en nomination pour la catégorie «Chanson de l’année», au gala de l’ADISQ. Quelques minutes avant ma prestation, j’ai croisé Michel Pagliaro dans les coulisses, qui m’a demandé si j’étais nerveuse. J’ai répondu: «Ben oui! Mets-en!» Il m’a simplement dit: «Noooon. Vas-y… pis il faut que t’aies du fun!» (rires) Ça semble presque trop simple, mais encore aujourd’hui, quand j’ai le trac avant un spectacle, j’entends Pag me dire «Il faut que t’aies du fun!», et ça m’apaise.

Y a-t-il un souvenir d’enfance qui vous est particulièrement cher?

Ma mère chantait du jazz et, le dimanche après-midi, ses musiciens venaient chez nous pour répéter. À l’âge de quatre ou cinq ans, je chantais avec eux Airmail Special, une pièce de scat d’Ella Fitzgerald. Il y avait sur mon disque une égratignure qui le faisait sauter. Je chantais donc la pièce telle quelle, avec la petite éraillure! (rires) De nombreuses années plus tard, j’ai fait un disque de jazz dans un studio de New York où Ella avait elle-même enregistré, et j’ai insisté pour chanter ce même arrangement… mais sans la petite égratignure!

De quoi êtes-vous le plus fière?

D’avoir su rester créative, d’avoir fait preuve d’initiative. Et d’avoir lancé des projets importants, comme l’album collectif Au nom de l’amour qui, en 1993, a permis d’amasser des fonds pour les personnes atteintes du sida.

Qu’est-ce qui vous émeut à tout coup?

Quand j’entends ma fille Élizabeth chanter! D’ailleurs, quand on chante ensemble, on évite toujours de se regarder, parce qu’on a aussitôt la larme à l’œil. Ironiquement, dans ma vie, c’est aussi la personne qui me fait le plus rire! Chaque fois qu’on se fait des soupers à deux, on rit aux larmes!

Qu’est-ce que la maternité vous a apporté?

Depuis que je suis mère, je n’ai plus jamais été seule. Élizabeth a donné un sens de continuité à ma vie, qui s’oppose justement au sentiment de finalité qui me fait horreur et dont je parlais plus tôt.

Qu’est-ce qui constitue, selon vous, la plus grande force des femmes?

La résilience. C’est une qualité que j’observe souvent chez les femmes fortes que je côtoie. Je pense d’ailleurs que c’est ma résilience qui m’a permis de me renouveler tout au long de ma carrière et d’acquérir le respect que je reçois aujourd’hui du public et de mes pairs… Et ça, c’est un méchant bon feeling! (rires)

Quel rapport entretenez-vous avec les réseaux sociaux?

Je ne suis jamais allée sur Facebook! Je n’ai pas le réflexe de m’autopromouvoir là-dessus, parce que je crains que ça me rende trop accessible. Je devrais sans doute faire un effort! J’ai quand même des comptes Facebook et Instagram pour ma collection de tricots, mais j’ai mandaté quelqu’un d’autre pour les alimenter.

Comment décririez-vous votre rapport à la mode?

Depuis que j’ai lancé ma collection de tricots, il y a un petit côté designer qui s’affirme en moi. J’aime m’exprimer avec la mode: porter des vêtements noirs classiques, puis m’éclater en les accessoirisant avec un sac à main, des bottes, un petit châle Louis Vuitton…

Quel est votre accessoire chouchou?

Un foulard Alexander McQueen avec un motif de têtes de mort. J’adore les têtes de mort!

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PHOTOGRAPHE : ANDRÉANNE GAUTHIER
STYLISME : CLAUDE LAFRAMBOISE
VIDÉO : TRISKEL PRODUCTION

 



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  1. Nathalie Lefèbvre, Trois-Rivières dit :

    Ayoye, elle ne fait vraiment pas son âge, j’ai 53 et je la mettais dans mon âge, et Dieu qu’elle vieillit bien ! Quelle belle entrevue, merci ! J’aurais donné gros pour l’entendre aux funérailles de Monsieur Gérin-Lajoie, ça devait être magique !

  2. Pierrette dit :

    Bonjour
    Oh que je suis contente qu’elle chanteuse en plus lorsqu’elle a parler des artistes qui ne sont pas capable de parler bien et l’habillement tu n’as pas besoin de dépenser des millions pour
    Bien paraître les jeunes on ne comprend les paroles lorsqu’il chante malheureusement
    Bravo à toi JohAnnE et ne change pàs.

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