Le mot de Louis : le grand projet

31 Oct 2018 par Louis Morissette
Catégories : Actualités / Culture
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Dans son édito de Noël, Louis nous parle de son désir de voir l'environnement prendre une plus grande place dans nos vies... et celles de nos politiciens.

Assurément, le fait marquant de 2018 aura été la fin du système bipartite dominé par le Parti québécois et le Parti libéral du Québec depuis près de 50 ans. Un troisième parti, de centre droit, a su séduire la majorité des Québécois. Je n’ai nullement envie de débattre du choix politique des Québécois. Je vais me garder une petite gêne et essayer d’avoir une perspective plus large en m’éloignant de la micro-analyse.

Mon premier constat: le Québec est fondamentalement divisé. N’en déplaise aux souverainistes purs et durs, le débat constitutionnel est, à mon avis, mort et enterré. À tort ou à raison, parler de souveraineté avec les jeunes (les décideurs de demain), c’est comme leur parler des VHS, des cartes d’appel et de U2. La souveraineté, «ça devait être cool dans les années 80-90».

Fini les bleus contre les rouges, les fédéralistes contre les souverainistes. Le débat reste cependant très émotif et polarisant. Place aux rednecks de la droite contre la gaugauche caviar. Montréal contre Québec. La majorité silencieuse contre les universitaires et les artistes. À ce propos, le message du mois d’octobre dernier fut assez clair: «Toi, l’artiste, toi, la grande gueule sur les réseaux sociaux, arrête de me dire comment penser. Tu peux arrêter de décider pour moi ce qui est bien et ce qui est mal, je peux décider par moi-même. Et sais-tu quoi? Je vais faire exactement le contraire de ce que tu me proposes parce que je suis écœuré que tu m’adresses la parole avec ton petit ton hautain.»

Et c’est comme ça que le Québec se divise, que le tissu social s’effrite. Je ne crois pas qu’on aime réellement François Legault. Nous ne voulions juste plus des autres. Comme une majorité des Américains n’aimaient pas tant Donald Trump, mais n’en pouvaient plus des Clinton.

Ça nous ramène à une phrase maintes fois entendue: «Il n’y a plus de projet de société pour nous rassembler! À quand un grand projet pour le Québec?» J’ai la chance d’avoir des adolescents dans la maison. Ma grande fille, 16 ans, sera bientôt une adulte qui aura le droit de vote. En écoutant son point de vue ainsi que celui de ses amis, je crois qu’ils en ont un projet: sauver la planète sur laquelle les futures générations vont mettre les pieds. Et je les trouve bien sages. Même que je me dis que ça devrait être LE grand projet des Québécois.

L’environnement aurait dû être au cœur du programme de tous les partis, non? Qu’on soit pour la souveraineté, contre l’intervention de l’État, pro ou anti-immigration, une chose nous unit: la terre où nous posons nos pieds chaque matin. Les jeunes se rallient massivement autour de Québec solidaire, un parti souverainiste aux calculs économiques nébuleux. Pourquoi l’appuient-ils quand même? Parce qu’ils veulent parler d’environnement. Et ils ont bien raison.

Pour quelle raison sommes-nous incapables de tous nous rallier à cette belle aventure? Par égocentrisme? Pour ne pas bousculer notre confort et nos acquis? Pour ne pas payer plus? Parce que nous sommes climatosceptiques? Pourquoi ne pas parler davantage du virage électrique et de l’énergie solaire? Pourquoi ne pas discuter de la gestion des déchets? On nous encourage à recycler… mais on rapporte dans les quotidiens notre incapacité à gérer les matières recyclables. On recycle des articles qui finissent au dépotoir parce que trop coûteux à transformer. Sérieux??? Pendant ce temps, durant la campagne électorale, on nous proposait de faire des lunchs à notre place.

Arrêtons de dire qu’il n’y a pas de projet et forçons les décideurs à enclencher LE grand projet. Si, pour assurer l’avenir de nos enfants, nous cotisons à des REEE, des  REER et des CELI, nous pourrions aussi mettre de l’argent de côté pour s’assurer qu’ils auront un endroit où vivre. En gougounes le 4 octobre, c’est pas désagréable. Mais c’est un peu inquiétant, vous ne trouvez pas?

Vous jaserez de ça au réveillon. J

Bonne année 2019… et merci de nous lire!

 

Pssst: en vue de faire notre part pour sauver la planète, l’équipe du magazine VÉRO lance Objectif 1,5 °C : un geste à la fois. Vous embarquez avec nous?



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  1. kathleen dit :

    Bravo pour votre mot. Vous avez tellement raison. Moi ce qui m’interpelle c’est de voir que les gens font des efforts pour recycler et qu’un très grand pourcentage de déchets recueillis ira au dépotoir a cause de notre incapacité a gérer les matières recyclables. Il faut bouger et forcer les décideurs a s’ouvrir les yeux avant qu’il ne soit trop tard pour l’avenir de nos enfants et petits enfants. Ce sont des gens comme vous qui êtes capable de rejoindre un grand nombre de personnes soit par la radio les magazines et la télé qui va allumer ceux qui ne sont pas conscient de l’urgence d’agir. Merci et bonne journée.

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