Climat : comment se faire coiffer la tête légère

13 Fév 2019 par Équipe VÉRO
Catégories : Environnement
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Passer chez le coiffeur, c’est généralement bon pour le moral, mais moins pour le climat. Heureusement, un vent de changement souffle sur les salons de coiffure du Québec.

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Par Sophie Benoît, avec la collaboration de Sandra Sirois. 

Voici comment limiter vos émissions de gaz à effet de serre depuis la chaise du coiffeur… sans bouder votre plaisir d’un poil ! L’action en changement climatique passe aussi par le salon de coiffure. Farfelu? Pas tant. Selon une étude de l’Université de Southampton, en Angleterre, coiffeurs et barbiers ont un impact considérable sur l’empreinte carbone. Consommation élevée d’eau et d’énergie, tubes de coloration, papiers d’aluminium souillés, rejets d’eau contaminée par les produits chimiques : autant de « gestes beauté » qui balancent des gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère.

Deux shampoings quotidiens suivis d’un démêlant correspondent à une empreinte carbone hebdomadaire de 9 kg, selon les chercheurs de l’Université de Southampton.

En plus de créer des produits capillaires chimiques ou dérivés du pétrole dont la confection empoisonne le climat, l’industrie de la coiffure utilise des substances nocives pour la santé comme des parabènes, des composés pouvant provoquer des allergies cutanées ou de l’eczéma, voire des cancers. À tel point que le Centre international de recherche sur le cancer, une agence de l’Organisation mondiale de la santé, considère que le métier de coiffeur est risqué.

Or, au Québec, des coiffeurs et des fabricants de produits capillaires coupent les cheveux en quatre afin de réduire leur empreinte carbone. C’est notamment le cas de l’Atelier 508, un salon de l’arrondissement de Mercier‒Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal.

En le créant il y a un peu plus de 6 mois, son propriétaire Maxime Roy-Lafortune souhaitait « sortir du fast-food de la coiffure », explique-t-il. « Comme coiffeur, j’ai toujours voulu être plus « vert », mais je ne pouvais pas à cause des mauvaises habitudes qu’on retrouve dans ce domaine. Je me suis dit : pourquoi ne pas changer mon milieu de travail afin de me changer moi-même ? »

Pour rompre avec la surconsommation de produits capillaires, le coiffeur a notamment choisi d’adhérer à Green Circle Salons, une entreprise fondée en 2009 à Toronto et qui compte environ 3 000 salons membres au Québec. Dans un coin du local, de grands bacs de carton servent notamment à recueillir les métaux souillés et les restes de coloration, que des représentants de Green Circle viennent collecter régulièrement afin de les recycler. Même les cheveux sont récupérés : ils serviront à la confection de boudins pour récupérer le pétrole lors de déversements.

 

 

 

Coloration végétale

Propriétaire du salon Jardin d’art et de coiffure, avenue du Mont-Royal à Montréal, le coiffeur Vincent Bonhomme a lui aussi pris les grands moyens pour limiter l’empreinte carbone de son commerce. D’ailleurs, aucune odeur chimique ne saute au nez lorsque l’on franchit la porte. Debout derrière le comptoir, tel un cuisinier, il utilise un fouet pour mélanger une poudre colorante d’origine végétale – à base de betterave rouge, de curcuma, de bleuet ou de mûrier, par exemple – et de l’eau tiède pour concocter la teinture d’une cliente.

Membre du réseau Les Cuisiniers du cheveu fondé par Marcapar, une marque française de produits capillaires, son salon propose une coloration et des soins capillaires d’origine 100 % végétale, chose rare dans le milieu de la coiffure. Pourtant, une coloration d’origine végétale tient aussi longtemps qu’une teinture d’origine chimique, même pour les cheveux blancs, assure-t-il.

Mais il y a du chemin à faire avant que davantage de coiffeurs ne l’imitent, estime Vincent Bonhomme. « Les coiffeurs ne sont pas encore très réceptifs à cette nouvelle approche. Souvent, les marques demandent l’exclusivité et les salons continuent de travailler avec les mêmes produits », dit-il. Soucieux de sensibiliser ses pairs et la relève, il prêche les vertus de la coloration végétale auprès des salons québécois et a même suggéré au ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur d’intégrer un cours de coloration végétale aux programmes de coiffure offerts par les institutions publiques.

C’est ce qui s’appelle attaquer le problème à la racine.

 

 Ce reportage provient du site unpointcinq.ca, média de l’action face aux changements climatiques au Québec. 

 



Catégories : Environnement
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  1. Noémie A Morin dit :

    Bonjour,
    Je suis tout en amour avec l’idée d’accorder mon ambiance de travail avec mon énergie personnelle.

    J’aimerais beaucoup entrer en contact avec ce charmant proproétaire Mrs Maxime Roy-Lafortune.

    Merci infiniment !
    Superbe article Merci beaucoup 🙂

  2. Dominique dit :

    Wow! article et reportage très interessant! merci 😀

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