« Ce qui peut exacerber le sentiment de solitude, même si quelqu’un a l’habitude d’être solitaire, c’est le manque de stimulations sensorielles. Quand tu restes seul chez toi, dans le calme plat, si tu n’allumes pas la radio ou la télé et ne parles à personne de la journée, ça peut faire augmenter l’impression d’être confiné dans une bulle », explique la psychologue Ariane Hébert.
Ainsi, cette dernière recommande aux gens qui vivent cette période de confinement en solo d’entretenir les relations qu’ils avaient avant la distanciation sociale, de briser la bulle de silence en allumant la radio, la télévision et les lumières, de se fixer une routine et de s’occuper l’esprit à l’aide de projets personnels.
C’est exactement ce que fait Nicole, 69 ans, qui a vu son horaire de retraitée – autrefois rempli de sorties entre amies, de voyages et de bénévolat – prendre une tout autre tournure.
« C’est décevant de devoir annuler nos projets, nos voyages et nos traditions, comme le repas de Pâques. On a beau dire « ça va bien aller », mais des fois, on a hâte que ça aille bien pour vrai et qu’on puisse reprendre notre train de vie normal. Mais il faut accepter qu’il y ait des moments plus difficiles », explique celle qui s’est placée en isolement volontaire en raison de sa santé fragile.
« J’essaie donc de me faire plaisir chaque jour, que ce soit avec un bain moussant, un apéro ou une gâterie sur l’heure du repas. Le contact avec les autres nous enrichit beaucoup et nous fait vivre plein de belles expériences qui font plaisir, mais quand tu es seule, tu ne trouves pas cette chaleur humaine, alors il faut trouver quelque chose pour compenser », poursuit-elle.
Julie, 37 ans, abonde dans le même sens.
« Ce n’est pas de vivre seul l’enjeu, car je gère très bien cet aspect, mais c’est le contact physique qui me manque. Ça fait six semaines que je n’ai pas pris quelqu’un dans mes bras, et ce, sans parler des besoins de célibataire… Cette espèce de chaleur qui vient avec le fait d’avoir des contacts autres qu’à travers un écran me manque énormément », précise celle qui œuvre dans le domaine de la finance.
Ainsi, elle jette son dévolu sur sa passion pour la cuisine, qui occupe maintenant ses temps libres.
« Avant, je riais un peu des retraités qui plaçaient la bouffe au centre de leur vie… mais je suis rendue exactement comme ça! Je fais des recherches de produits fins sur Internet, je les commande, les fais livrer chez moi, les nettoie, les cuisine, les mange, congèle les restants et je recommence le lendemain. Je pourrais nourrir une armée ici, je cuisine sans cesse! », affirme-t-elle en riant.
Apprivoiser la solitude
Les réseaux sociaux sont des outils indispensables pour briser l’isolement. Mais parfois, Facebook et Instagram finissent par faire jaillir de la jalousie, de l’envie, une sensation d’échec ou même d’abandon. Selon les dires d’Ariane Hébert, il est normal de faire l’expérience de ces sentiments moins agréables à vivre… mais seulement s’ils viennent par vague.
« Je dis souvent qu’on doit s’accroupir pour sauter plus haut, alors c’est correct de vivre des émotions dites négatives, mais il faut savoir les transformer en positif, sinon ça peut devenir problématique », explique la psychologue.
Ainsi, le confinement est un bon moment pour apprendre à apprivoiser la solitude, à être bienveillant et à prendre soin de soi, mais Mme Hébert conseille toutefois de « ne pas trop se regarder le nombril ».
« Essayez de vous investir ailleurs, parce qu’à tout le temps être en introspection, à réfléchir à soi, ça peut devenir lourd et amplifier l’impression de solitude. C’est important de s’orienter vers des projets qui vont nous faire voir au-delà de nos quatre murs et de se rendre utile », conclut-elle.
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