C’est la hantise de bien des parents: chaque automne signe le retour des rhumes, gastros, grippes et autres virus. Malgré les mesures sanitaires accrues, cette année ne fera pas exception! 2020 amène néanmoins une toute nouvelle question: comment distinguer la COVID-19 des maladies saisonnières? Dre Suzanne Vaillancourt, urgentologue dans un centre hospitalier pédiatrique de Montréal, observe que plusieurs enfants atteints de la COVID-19 sont asymptomatiques. Chez ceux qui ont des symptômes, la maladie est le plus fréquemment associée à la fièvre et à la toux. Contrairement aux adultes, les jeunes présentent également souvent des symptômes gastro-intestinaux. Dans certains cas, fatigue, nez qui coule et mal de gorge peuvent faire partie du portrait. «Il y a plein de symptômes, alors c’est difficile de dire précisément comment se manifeste la COVID-19 » résume la médecin. Autrement dit, ce n’est pas évident pour les parents de distinguer la COVID-19 de la grippe et du rhume!
Quand s’abstenir d’envoyer son enfant à l’école ou à la garderie?
Dans ce contexte, les professionnels de la santé recommandent de garder un enfant à la maison dès qu’il présente un ou plusieurs symptômes associés au coronavirus. «Ce qu’on veut, c’est être prudent, et ne pas envoyer un enfant à l’école ou à la garderie qui pourrait avoir la COVID », insiste Dre Caroline Quach, microbiologiste-infectiologue au Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine. Chose certaine, ce n’est pas le temps de masquer la fièvre de son enfant avec un Tempra avant de le déposer à l’école! Mais cela veut-il dire qu’un enfant avec le nez qui coule devrait rester à la maison? Plusieurs parents affirment que cela reviendrait à priver leurs petits de service tout l’hiver. « Ce qu’on dit aux parents, c’est que s’il y a un nez qui coule qui commence aujourd’hui, gardez-le à la maison, regardez comment ça évolue dans les 24 prochaines heures, précise Dre Quach. Si c’est encore juste un nez qui coule, c’est correct, on le renvoie à la garderie, mais s’il y a de la toux qui s’ajoute à ça, s’il n’est pas bien, s’il a de la fièvre, on va le faire tester. Si c’est négatif et qu’il ne fait plus de fièvre, il peut retourner à l’école après. »
Comment se passe le protocole de dépistage ?
Ildiko Netta Feher, maman de trois enfants, a récemment expérimenté le processus de dépistage. Suite aux recommandations d’Info-Santé, la famille est allée passer le test. L’expérience en elle-même n’a pas été très agréable. « Le test, c’est un petit écouvillon qu’on rentre dans le nez jusqu’à la jonction entre le nez et la gorge, on le tourne deux secondes, et on le retire. Ça fait pleurer, c’est une réaction physiologique, et après c’est fini », détaille Dre Caroline Quach, qui indique qu’une technique moins douloureuse est à l’étude. Ildiko a attendu à la maison les résultats pendant 48 heures, et, comme dans plus de 99% des cas, ils se sont avérés négatifs.
Que se passe-t-il si un enfant est diagnostiqué positif à la COVID-19? Évidemment, il doit rester à la maison. « Le parent recevra alors un appel de la santé publique, qui lui indiquera les directives à suivre. Un soutien pédagogique à distance sera offert à l’enfant. L’élève pourra réintégrer l’école uniquement lorsque les symptômes auront disparu et qu’il aura observé un isolement de 14 jours ou selon les recommandations de la santé publique », lit-on dans le guide publié par le CHU Ste-Justine à destination des familles.
À quoi s’attendre pour l’automne ?
Ildiko Netta Feher pense que le trimestre qui s’en vient ne va pas être très calme pour les parents. « Imaginez leur stress, chaque fois que leurs enfants vont tousser, leur angoisse pendant l’attente des résultats. C’est clair qu’il y aura de l’impact sur leur travail», croit-elle. Histoire de mettre toutes les chances de notre côté, cette année, les pédiatres conseillent de faire vacciner tous les enfants contre la grippe. Comme le souligne Suzanne Vaillancourt, « chez les enfants, la grippe est souvent bien plus sérieuse que la COVID-19 ».
Actuellement, le niveau de transmission de la COVID-19 dans la communauté est très faible, y compris à Montréal, bien que l’offre de dépistage soit importante. Il reste cependant difficile d’anticiper son évolution avec la réouverture des écoles. « Si on fait porter des masques, on essaie de maintenir le deux mètres, on fait des bulles-classes, c’est justement pour ne pas amplifier la transmission si jamais il y en avait. On s’attend à ce qu’il y ait des éclosions éventuellement, à ce qu’il y ait quelques cas, mais ce qu’on veut, c’est être capable de retirer juste la classe, pour que les enfants puissent continuer à aller à l’école le plus normalement possible, indique Caroline Quach. On n’a jamais dit qu’il y aurait un risque zéro, mais le risque en vaut la chandelle, parce que pour nos enfants, se sortir de la maison, leur permettre de se déconfiner, de se scolariser, de se socialiser, c’est hyper important compte tenu du très faible risque qu’ils ont eux quand ils attrapent l’infection ».
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