Pour des femmes qui n’étaient plus certaines de vouloir œuvrer dans le milieu artistique, je tiens à dire qu’Antigone, c’est toute une chanson…
Stéphanie et Mélanie, en chœur: Ah, merci!
M.B.: C’est pas parce qu’on ne voulait plus faire ça dans la vie, c’était plutôt une passe! [rires] L’année 2020 a été difficile à digérer, tant personnellement que professionnellement, avec la vague de dénonciations et notre départ du label Dare to Care, mais le besoin d’être entendues et de continuer à chanter est revenu…
S.B.: … plus vite qu’on le pensait.
Parlez-moi de votre pièce Antigone. Quels thèmes aborde-t-elle?
M.B.: Comme l’année dernière s’est déroulée pour nous sous le signe de la trahison et de la déception, cette chanson essaie simplement d’en comprendre le pourquoi et le comment… parce qu’on doit réussir à avancer malgré ce qui s’est passé.
S.B.: Essayer de pardonner aussi, de se détacher de ce que les autres disent et pensent, de tenter de trouver un équilibre et de refaire confiance aux gens. C’est un regard vers l’avant, tout en reconnaissant ce qui nous est arrivé: des gens de notre entourage ont été dénoncés, d’autres nous ont fait du mal et on essaie de leur pardonner. Au fond, c’est tout ce à quoi on aspire, c’est une partie de nous qui serait vraiment résiliente et bienveillante envers l’autre… mais on n’est pas rendues à ce stade encore.
Pourquoi l’avoir nommée Antigone?
M.B.: Antigone, c’est un mythe, c’est quelqu’un qui n’existe pas, mais qui a une espèce de rigueur éthique indestructible. Alors être Antigone, ce n’est pas accessible! C’est une partie de nous qui n’existe pas dont on parle, mais à laquelle on aspire. C’est une quête, une recherche infinie.
Est-ce un peu pour vous dissocier de votre côté militant – auquel beaucoup vous identifient – que vous avez créé la chanson?
S.B.: C’est une très bonne question! [rires] La dernière fois qu’on est allées à Tout le monde en parle, l’angle de l’entrevue nous a dépeint comme des chialeuses, jamais contentes et toujours déprimées. On s’est senties peinturées dans un coin.
M.B.: On a eu beaucoup de messages disant qu’on était rendues tellement déprimantes… Alors, quand j’ai pris mes résolutions pour 2021, j’ai inscrit: «Écrire des tounes moins déprimantes.» Je pense aussi qu’on a eu des passes creuses au cours des dernières années. Et ce n’est pas tant un désir de projeter une autre image, parce qu’on n’a jamais essayé de la manipuler pour la mettre à notre avantage. Je pense juste qu’on va mieux. On en a toutes les deux moins lourd sur les épaules, on se sent libérées, et oui, il y a l’envie de montrer qu’on va bien. On est fortes. À l’avenir, j’ai plus envie de cultiver ce qui est lumineux, ce qui fait du bien, de regarder le beau chez les gens. J’ai juste envie d’accorder moins d’importance à la laideur.
S.B.: C’est beau, ce que tu dis.
La pièce Antigone est actuellement offerte sur les plateformes numériques d’écoute.
Photo: Gaëlle Leroyer
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