Quelle est la réalité des femmes noires dans le milieu de la musique, au Québec? Il y a définitivement une coupure entre les hommes blancs québécois de souche et les autres. Ça touche autant les femmes noires, autochtones, latinos et même les Québécoises de souche. C’est une réalité qui exige beaucoup d’entêtement de la part des femmes en général. Une réalité où tu dois t’imposer de façon non organique. Et le fait d’être Noire, c’est une épreuve supplémentaire… mais ce n’est pas impossible: j’en suis la preuve!
Comment peut-on faire notre part? J’encourage les gens à se parler et à ne pas avoir peur de faire des erreurs. J’encourage aussi l’empathie envers les gens qui commettent des erreurs quand ils le font avec de la bonne volonté, car c’est en se trompant qu’on apprend. Marcher sur des œufs, c’est cute, mais ce n’est pas comme ça qu’on va avancer. Le progrès va se faire avec des conversations franches, maladroites et parfois même désagréables.
Quel genre d’erreurs se produisent trop souvent, à ton avis? Les compliments malhabiles, du genre: «T’es vraiment belle pour une Noire!» C’est difficile à entendre quand les gens ont de bonnes intentions, mais qu’ils ne se rendent pas compte de la portée des mots qu’ils prononcent. Ou encore, quand je me fais demander d’où je viens. Moi, je suis née ici, je ne connais pas d’autre pays. Quand on me dit: «Retourne chez vous!»… ben chez nous, c’est le Mile-End! Au final, on vient tous d’ailleurs, alors il faut trouver le moyen de coexister, d’apprendre les uns des autres et de vivre en harmonie.
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Photo: Andréanne Gauthier