Entrevue avec Benoît McGinnis

Entrevue avec Benoît McGinnis
06 Jan 2016 par Laurie Dupont
Catégories : Culture
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Reconnu pour ses performances époustouflantes au théâtre et ses rôles marquants au petit écran, Benoit McGinnis intrigue. Beaucoup. Rencontre avec celui qu’on connaît peu.

Reconnu pour ses performances époustouflantes au théâtre et ses rôles marquants au petit écran, l’acteur intrigue. Beaucoup. Rencontre avec celui qu’on connaît peu.

Entrevue avec Benoît McGinnisSous un soleil ardent, caressée par une brise chaude de septembre, je passe la porte du XO, chic restaurant de l’hôtel Le St-James, où l’acteur m’a donné rendez-vous. Je dois avouer être un peu surprise de son choix, à mille lieues du petit café de quartier habituel. «Ouais, je suis de même! (rires) J’ai un côté assez bourgeois, me confiera-t-il plus tard. J’aime les endroits où je me sens ailleurs. Quand je voyage, je me permets toujours de séjourner dans un hôtel luxueux ou de goûter la cuisine d’un restaurant gastronomique.» Question que la magie de l’ailleurs continue d’opérer, c’est devant un Aperol Spritz (pour monsieur) et un cognac Rémy Martin VSOP (pour madame) que nous nous attablons pour notre entretien. La grande classe. Oui, peut-être. Mais tout reste à découvrir. Dans cet impressionnant décor, je ne dispose que de deux petites heures pour tenter de percer le mystère Benoît McGinnis.

Benoît McGinnis, entre l’ombre et la lumière

Que ce soit à la télévision (Les hauts et les bas de Sophie Paquin, Aveux, 30 vies) ou au théâtre (Hamlet, Being at home with Claude, Les Trois Mousquetaires), l’acteur accroche, déstabilise et séduit son public. Mais qu’en est-il de l’homme? Pourquoi en savons-nous si peu sur lui? Hasard ou décision délibérée? La question se pose. «Mais bien sûr que c’est voulu et organisé, cette espèce de mystère!  Luc Picard a dit une chose qui m’a marqué: il souhaitait qu’on se souvienne de lui pour ses rôles et non pour sa vie privée. Ce point de vue me plaît bien.» Songeur, Benoît n’engage pas de contact visuel pendant de précieuses secondes. Puis, il plonge: «Pour être honnête, je suis partagé entre mon rêve de p’tit cul d’être connu et mon besoin de garder mon jardin secret.»

Enfant, déjà, Benoît fantasmait à l’idée d’être une vedette. Quand il arpentait les allées de son centre commercial de banlieue, il imaginait que les gens qu’il croisait le reconnaissaient pour l’avoir vu à la télévision. «C’était tripant», admet-il avec des étoiles dans les yeux. Maintenant que le fantasme s’est réalisé, Benoît apprend à vivre avec cette notoriété grandissante. «J’aime ça parce que je suis à l’aise de parler aux gens. Et je suis très conscient que le fait d’être plus connu m’apporte plus de rôles. Si tu restes dans ton coin à ne faire que du théâtre, t’as pas beaucoup de chances qu’un producteur pense à toi pour tel ou tel projet. Il y a une game à jouer. C’est clair.» Cela dit, ne lui demandez pas de mousser sa carrière (et encore moins sa vie personnelle!) sur les réseaux sociaux. Ce n’est que tout récemment que l’acteur a consenti, devant les multiples demandes de ses fans, à créer sa page officielle sur Facebook. «Instagram, Twitter et compagnie, ça me fait peur. Me prendre en photo, en indiquant où je suis – alors que tout le monde sera potentiellement au courant –, je trouve ça angoissant.» (rires)

Venant de la bouche de celui qui compte certaines admiratrices pour le moins passionnées – dont une qui a imprimé le visage de l’acteur sur sa taie d’oreiller –, je ne peux que sourire et opiner du bonnet. «Elles me demandent parfois où j’habite, et surtout avec qui. Je ne répondrai jamais à ce genre de questions pour la simple et bonne raison que moi, je ne veux pas savoir où elles habitent et encore moins avec qui. Tant mieux si elles m’apprécient comme acteur, mais je souhaite que ça reste comme ça.» Et il referme ainsi tout doucement la porte à d’éventuelles questions de ma part sur sa vie amoureuse. Habile communicateur, ce cher Benoît!

Les sujets dont nous discutons en long et en large sont d’ailleurs légion, à commencer par le théâtre. Le jour de notre entrevue, le comédien allait, quelques heures plus tard, manier pour une dernière fois l’épée et la langue de Dumas dans Les Trois Mousquetaires. Une page qui se tourne, laissant derrière de belles amitiés dont il s’ennuie déjà.

Mais trêve de sensiblerie. Benoît amorce un nouveau chapitre de sa vie professionnelle: Ils étaient tous mes fils, d’Arthur Miller, présenté chez Duceppe. «Frédéric Dubois [le metteur en scène] et moi avons proposé de reprendre ce classique du théâtre américain qui illustre bien les enjeux socio-économiques des familles après la Deuxième Guerre mondiale.» Même s’il est loin d’envisager la fin de sa carrière d’acteur, Benoît a eu la piqûre pour le travail de l’ombre. «Je me suis découvert un réel intérêt pour la production. Être à l’envers du décor et faire partie de l’équipe de création, ça m’allume vraiment… quoique je n’aie pas nécessairement envie de faire de la mise en scène tout de suite.» Logique, car si on se fie à la demande, le comédien n’est pas près d’arrêter de brûler les planches ni de délaisser les lentilles des caméra.

Benoît McGinnis, parfait?

Constat après une heure de discussion: Benoît semble parfait. Charismatique, drôle, affable, je suis tellement conquise que j’en oublie presque ma mission: en savoir davantage sur l’homme. Quand je lui fais part de ma perception, il tombe des nues. «Moi, parfait? Oh boy, non!» Telle une détective aguerrie, je le pousse à se compromettre. «Je suis orgueilleux, directif – j’allais dire dictateur, mais c’est peut-être un peu excessif. (rires) Disons simplement qu’il faut que les choses se fassent à ma manière. Des fois, je dois me retenir pour ne pas dire à mes collègues: “Fais ça, place-toi à.” *&$*@%# que je suis fatigant!» Tiens, tiens, intéressant. Autre chose à ajouter, M. McGinnis? «Je n’aime pas montrer mes faiblesses. Tout va toujours bien. En apparence, bien sûr.» Je suis tentée d’approfondir le sujet, mais déjà, sa tirade-de-gars-rempli-de-défauts l’entraîne ailleurs: «Je dis beaucoup de choses, mais je préférerais souvent ne pas les avoir dites. Il faudrait que j’apprenne à me censurer avant de parler. J’ai aussi tendance à contester les idées des gens. Personne ne me fait peur. Même pas Denise Filiatrault!» (rires) L’homme qui ne craint rien ni personne est considéré par plusieurs comme «le meilleur acteur de sa génération». À peine ai-je commencé à formuler ma pensée que Benoît m’arrête. «Mais c’est exagéré, tout ça! L’ACTEUR de sa génération… COME ON! Je ne sais même plus d’où ça vient, d’ailleurs.» Autant il semble exaspéré par le fait d’être placé sur un piédestal, autant, dans le fin fond, je le sais flatté. «À choisir, c’est clair que je suis content d’avoir eu de si bons papiers à mon sujet. Ça m’a donné une notoriété. Qu’est-ce que ma carrière aurait été si je n’avais pas reçu tous ces beaux mots? Aurais-je la même liberté aujourd’hui? Ces témoignages m’ont sûrement permis de foncer et d’oser davantage.»

Avec des «SI», on en apprend aussi sur Benoît McGinnis

Si tu étais un chanteur pop, tu serais… Justin Timberlake. Il est musicien, chanteur, danseur. En plus, il est sexy et il s’assume.

Si tu étais un graffiti, on y lirait quoi? Rien. Ce serait quelque chose d’abstrait. Un feeling, un jet.

Si tu étais un peintre, tu serais… En fait, j’aurais sûrement le réflexe de vouloir être Jackson Pollock, mais j’aspirerais à être plus minutieux, comme Jean-Paul Lemieux.

Si tu étais un homme politique, tu serais… très people, comme Denis Coderre ou Jack Layton. Je voudrais être proche du monde, être le plus vrai possible.

Si tu étais un vêtement, tu serais… un sous-vêtement. Quelque chose que tout le monde a, mais que personne ne voit. Et je serais toujours en contact direct avec la personne qui le porte.

PHOTOGRAPHE: JOCELYN MICHEL / ASSISTANT-PHOTOGRAPHE: RENAUD LAFRENIÈRE / STYLISME: FLORENCE O. DURAND (JUDY INC.) / MISE EN BEAUTÉ: AMÉLIE BRUNEAU-LONGPRÉ, AVEC LES PRODUITS ARMANI

Vous pouvez consulter la version intégrale de cet article dans le premier numéro du Magazine VÉRO, à la page 163, avec le titre « Benoît McGinnis: Incursion dans la tête du beau… et de la bête. ». Le magazine est disponible en kiosque et sur l’application TEXTURE.



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  1. Carina dit :

    J’adoreeeeeeeeeee tout du magazine Véro ? j’aimerais dedans défois une recette qui vient (d’elle) et les conseils de sa mère Carole J’aimais Ça AUSSI, ,,,,,,,,,,J’AIMERAIS Que Véronique nous donne sa recette de Fondu au fromage à la bière, ,,Merciiiiiiiii ? beaucoup Et voir sont feu de foyer avec sont chocolat chaud

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