Photographié à la campagne, mais interviewé en ville, Éric Salvail nous donne une vision nature et mature de sa réalité de gars occupé. La denrée la plus précieuse dans sa vie? Le temps. Généreux, il nous en a donné.
Baguettes en l’air, débit rapide, souffle court… Voilà Éric Salvail tel qu’on le connaît. Alors que je sonne chez lui, je m’attends à tout sauf à le voir en mode relax. Il est 10 h, et Monsieur Télé semble tout juste sorti du lit: il n’y a pas de plis de drap sur son grain de peau parfait, mais l’animateur a la voix basse, un brin éraillée, un rien sexy, quand il me souhaite la bienvenue. Il m’explique qu’il est réveillé depuis longtemps, mais qu’il est du type «long à partir le matin».
«J’organise toujours une réunion avec l’équipe après l’émission. C’est super important pour moi de vivre ce moment-là, même si ça mène tard en soirée. Et une fois à la maison, j’ai du mal à redescendre, je suis encore sur l’adrénaline. C’est pour ça que c’est toujours un peu long pour moi de commencer la journée. Mais après, je ne suis plus arrêtable!»
L’amitié selon Éric Salvail
Éric se décrit comme une personne qui a «toujours quelque chose en tête». «C’est soit une idée de show, soit un projet quelconque, ou alors je me dis qu’il faudrait bien repeindre la clôture.» Peu importe, le hamster est sans cesse en train de courir. Pour décrocher un peu, Éric a son fameux chalet, le gym – «trois fois par semaine avec mon entraîneur privé, c’est sacré» – et les soupers avec ses amis. «J’ai différentes gangs. Il y a des amis du temps de mon enfance, à Sorel. Il y a aussi ceux de Radio-Canada, que j’ai rencontrés à l’époque où je distribuais le courrier et où je travaillais au département des costumes. Je trouve primordial d’entretenir ces liens-là.»
Ce n’est pas la première fois qu’Éric parle en entrevue de l’importance qu’il accorde à l’amitié. Ce que j’ignore, cependant, c’est ce qu’il recherche dans ses relations. Quel est le fil qui le relie à ses amis? Il fait une pause, fixe la haie bien taillée. «Je n’avais jamais réfléchi à ça, mais je pense que ce qui caractérise les personnes qui m’entourent, c’est leur sens de l’autodérision.
Ensemble, on ne se prend pas au sérieux, on peut se dire un paquet d’affaires. Il n’y a pas de trip d’ego.» Une autre chose qu’il apprécie chez les copains, c’est que certains d’entre eux ont des enfants. «C’est important pour moi d’être en compagnie des petits. Dans ces moments-là, je ne me casse pas la tête. On s’amuse, c’est tout.» Il rigole en se remémorant la fois où il est revenu de voyage avec des fusils à tirer des miniguimauves, qu’il a donnés aux enfants d’Isabelle Racicot. «On a joué comme des fous dans le sous-sol. Y avait des marshmallows partout, Isabelle était en furie.»
Et de la marmaille avec qui faire des guerres de bonbons dans son magnifique condo (on se croirait dans le magazine Wallpaper), il en voudrait, lui? «J’y pense souvent, mais je crois que je n’ai pas le bon rythme de vie pour être père. Je ne serais pas du genre à vouloir des enfants décoratifs – tu sais, pour les tapis rouges. Je voudrais être présent et je devrais donc changer complètement de rythme de vie. Alors, je m’occupe de ceux des autres, c’est moins de trouble!»
Quelques confidences d’Éric Salvail
Plus les minutes filent, plus il me semble qu’Éric se réveille. Je retrouve peu à peu le débit et la répartie qu’on lui connaît devant les caméras. Ç’a été maintes fois souligné: le naturel et l’humour grinçant de cet enfant de la télé sont remarquables. Son parcours aussi. Boulimique du petit écran depuis l’âge tendre, il a fait son chemin et sa chance, allant jusqu’à produire et à animer, à l’automne 2013, son propre talk-show de fin de soirée, En mode Salvail, sur les ondes de V. Au cours de sa première saison, l’émission a été regardée par 2 183 000 spectateurs par semaine. «Ç’a été une année de fous, entre autres à cause de la fondation de la compagnie de production. J’ai travaillé sept jours sur sept mais, aujourd’hui, je peux dire que je suis “sur mon X”.»
Bien. Je ne veux pas faire éclater la bulle de positivisme qui plane dans l’air conditionné de la maison où nous sommes maintenant assis, mais je lui demande comment il compte y rester, «sur son X»? «Je pense que la clé, c’est d’être bien entouré. Je ne travaille pas avec des yes women et des yes men. Je pense d’ailleurs que ça serait la pire des choses à faire. J’écoute ce qu’on me dit. J’ajuste le tir.» Et comment compte-t-il maintenir cette cadence-là? Sa vie amoureuse doit en pâtir, non? «Chaque année, avant le jour de l’An, je fais un bilan personnel. J’ouvre mon agenda, je passe en revue chacun des évènements passés, chacune des décisions que j’ai prises. Puis, je me fixe des objectifs pour l’année qui vient. Mon dernier bilan était clair: il y a un déséquilibre. Je me suis promis de trouver plus de temps pour mon couple. La personne qui partage ma vie et moi, on s’est dit qu’on allait faire du ménage dans nos obligations, simplifier notre quotidien en vendant un immeuble qu’on possède, par exemple, pour avoir moins de gestion à faire.»
Quelques semaines après notre entrevue, il s’installera dans un pied-à-terre urbain moins vaste que la propriété de 3500 pi2 où nous nous trouvons. «En vieillissant, je me rends compte que le bonheur n’a vraiment rien à voir avec l’argent. C’est cliché de le dire mais, honnêtement, plus tu achètes de biens matériels, plus ta vie est difficile à gérer. Ce que j’aime le plus, ce qui me fait le plus de bien, ce sont les bons moments en bonne compagnie.»
Avec des «SI», on en apprend aussi sur Éric Salvail
Si tu étais un chef, tu serais… Louis-François Marcotte, pour pouvoir passer le plus de temps possible avec Patricia Paquin.
Si tu étais un objet déco, tu serais… Une table de salle à manger, parce que c’est là que se passent les plus belles rencontres et les plus beaux moments dans ma vie.
Si tu étais un pont, tu serais… Le pont Charles, à Prague. C’est une très belle passerelle réservée aux piétons dans une ville magnifique: le bonheur.
Si tu étais une danse, tu serais… Une danse en ligne, parce que je suis un gars de gang. Je me sens bien en groupe.
Si tu étais une télé-série, tu serais… L’homme de six millions, qui a bercé mon enfance, tout comme La femme bionique. Ça me permettrait de voir de loin, de courir plus vite, d’être très fort… J’adorerais ça!
Si tu étais une ville, tu serais… Montréal. Je suis très urbain. Je suis parti de Sorel à 18 ans pour venir étudier dans la métropole et j’en suis tombé amoureux.
Si tu étais une célébrité hollywoodienne, tu serais… Justin Timberlake. Il danse bien, il joue bien, il est drôle. Bref, il a tous les talents. Je pense, bien modestement, que je suis le Justin Timberlake québécois. À un moment donné, il faut dire les choses comme elles sont.
Si tu étais un arbre, tu serais… Un saule pleureur. Je ne suis pas nostalgique, mais je peux parfois être mélancolique… Et je suis un grand romantique!
Photo: Monic Richard / Assistante-photographe: Julia Marois / Stylisme: Jay Forest (Folio inc.) / Mise en beauté: Amélie Bruneau-Longpré, avec les produits de maquillage Giorgio Armani et les produits capillaires Tresemmé. Direction artistique: Chantal Arès.
La version intégrale de cet article est parue dans le magazine VÉRO Automne 2014.