Sur scène, l’auteur-compositeur-interprète Louis-Jean Cormier joue dans les grosses ligues. Sur la glace, c’est plutôt avec les amateurs qu’il évolue. Mais peu importe le calibre, sport et musique sont pour lui les deux faces d’une même médaille.
« Il se passionne pour le hockey? Vraiment? Et il joue?» Une semaine avant de rencontrer Louis-Jean Cormier, je suis au téléphone avec son agente. Cette dernière sait de quoi elle parle, parce qu’elle est aussi la blonde du juge à La voix qu’on a connu grâce au groupe Karkwa. Si c’est vrai que le beau rêveur, toujours scotché à sa guitare, est un hockeyeur dans l’âme, alors on veut connaître son plan de match.
Pour ma part, je crois fermement que les trentenaires qui jouent dans des ligues de garage le font surtout pour la bière après la partie. C’est pour cette raison que j’ai donné rendez-vous à Louis-Jean dans une vraie taverne.
«C’est euh… cool ici.» Louis-Jean Cormier jette un regard étonné autour de lui, détaille les boiseries d’un autre temps, la table de billard au tapis élimé, le bar bien garni en 40 onces d’alcool. La serveuse surgit de nulle part (ou plutôt des années 80): «Ça va être une pinte de blonde pour moi!» lance le chanteur. Je commande la même chose. Quelques secondes plus tard, deux grosses Pilsner sont devant nous. «On boit sur la job! Moi, je suis habitué, mais toi?» dit-il en levant son verre.
Alors que nos bocks glacés s’entrechoquent, je lui fais part de ma théorie sur le sport entre gars comme l’excuse parfaite pour consommer de l’alcool. «Moi, je trouve ça beau. Il y a quelque chose de poétique dans la collégialité masculine. Après la partie, tout le monde est vraiment content d’aller prendre un verre. Il se passe quelque chose. C’est une cérémonie, un truc enraciné, une occasion de se raconter des affaires qu’on ne dirait pas s’il y avait des filles.» Sa voix est pleine d’air, à la fois douce et éraillée, mais ses yeux verts évitent les miens et restent rivés sur sa gauche. C’est comme s’il parlait à un chum invisible, assis à ses côtés. Il est sympa et volubile, Cormier, mais c’est un timide.
Photo : Jocelyn Michel
La suite de l’entrevue en page 2.