Je suis toujours touchée par les pièces à la fois poétiques et empreintes d’une grande vérité d’Ingrid St-Pierre, et cette fois-ci n’y fait pas exception.
Et comme il n’y a personne qui utilise d’aussi beaux mots qu’elle pour parler de sa musique, j’ai décidé de lui adresser quelques questions.
D’où t’est venue l’inspiration pour Le paquebot?
Quand j’ai appris que je portais une fille, ça m’a fait l’effet d’une bombe. J’ai eu l’image du paquebot dans une piscine d’hôtel. Ma fille arrivait si petite, nichée dans mon ventre. Pourtant, je la voyais comme un immense bateau qui allait prendre sa place doucement dans mon corps, mais je n’étais pas certaine de la place qui l’attendait dans ce monde. Un monde d’une grande violence pour les femmes. Rien ne me rassurait.
Comme femme, t’es-tu toi-même remise en question?
Ça m’a poussée à me questionner sur ma place dans ce monde-là. J’ai reçu une éducation féministe, mais pourtant, j’ai failli. J’ai baissé les yeux plusieurs fois, devant des propos inadéquats, entre autres. Alors comment allais-je faire pour préparer sa venue? Pourquoi je n’avais pas eu les mêmes appréhensions pour mon fils? Ma piste de réponse à tous ces questionnements, c’est d’entourer ma fille de femmes imparfaites et grandioses. J’ai envie qu’elle voie des modèles de femmes qui lèvent la voix, le poing, qui gardent la tête haute, des femmes apostasiées, magnifiques, bien dans leur corps, libres, lumineuses.
Que souhaites-tu aussi pour ta fille?
Je ne peux pas préparer le monde pour elle, je ne peux pas le réparer non plus. Cela dit, je peux tenter d’être la meilleure version de moi-même et lui souhaiter de briller. Je souhaite qu’elle arrive dans le monde comme un paquebot, qu’elle prenne sa place. Et qu’elle brille au-delà des éteignoirs.
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SES ACTUS
Ingrid débutera sa tournée le 8 avril, et elle s’arrêta entre autres le 27 mai au Grand Théâtre de Québec et le 21 septembre, au Gesù, à Montréal. Pour toutes les dates: ingridstpierre.com
Photo principale : Shayne Laverdière
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