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Depuis le début de la pandémie, nous sommes plusieurs à trouver refuge dans la lecture. Que ce soit à la bibliothèque ou dans une librairie, qu’on soit un lecteur de fin de semaine ou une dévoreuse de polar, les livres québécois ont beaucoup à offrir. Lire québécois, c’est beaucoup plus que d’acheter local: c’est accepter d’être touché, ému, surpris ou émerveillé par les plumes talentueuses des auteurs d’ici. Grâce à l’initiative Je lis québécois, on peut assister à des conférences virtuelles, bouquiner et faire de belles découvertes – en librairie comme à la bibliothèque -, comme celles que nous propose Émilie Perreault, autrice, journaliste et porte-parole de la campagne.
On cherche un livre pour se faire du bien, la porte-parole propose Habiller le cœur, de Michèle Plomer (Marchand de feuilles). «Un livre inspiré par la mère de l’autrice, Monique, une femme pas très douée pour la retraite et qui, à 70 ans, ment sur son âge pour aller travailler dans le Grand Nord québécois comme travailleuse sociale. Une phrase m’a marquée: cette mère se répète comme un mantra “qu’elle ne fait pas partie de la solution”, reconnaissant ainsi qu’elle ne va pas sauver le monde, ce que je trouve d’une grande lucidité et humilité. Un exercice d’admiration qui nous rappelle que les mères ont la tâche ardue de changer le monde à coup de petits gestes aussi héroïques que discrets.»
Pour nous faire réfléchir, Émilie Perreault n’hésite pas à citer Shuni, de Naomi Fontaine (Mémoire d’encrier). «Cette autrice a changé quelque chose en moi que je n’arrive pas à nommer complètement. Elle m’a ouvert les yeux sur sa communauté innue, sur une vision de la vie que je ne pouvais évidemment pas connaître parce que je n’ai pas le même vécu. C’est justement à ça que sert la lecture. Voir la vie à travers d’autres yeux que les nôtres.» Voici un extrait de son livre: «Il y a ces gestes que je n’ai pas appris à faire quand j’étais petite. Je n’ai pas appris à cogner à une porte avant d’entrer dans une maison. Je n’ai pas appris l’importance d’arriver à l’heure à un rendez-vous. Ma mère ne m’a pas appris à gérer convenablement mes finances. Et toi Julie, sais-tu reconnaître les pistes du lièvre? Sais-tu lire le temps qu’il fera sur les feuilles des arbres? Sais-tu entendre, au-delà de la souffrance qui est visible, le pouls d’un cœur qui s’accélère pour continuer à battre?»
Finalement, quelle belle surprise que ce livre de Mathieu Poulin, La lutte (Les éditions de Ta Mère). «J’ai eu tellement de plaisir à tourner chacune des pages et à découvrir ce monde de lutteurs de la FLASH, la Fédération de lutte actuelle de Saint-Henri. Le personnage principal, Étienne, se fracture le tibia et se retrouve sans salaire ni assurances. Il se fait convaincre qu’il doit lancer un syndicat pour les lutteurs. Le hic, c’est qu’il déteste les conflits. “La confrontation, c’est comme toutte: j’imagine qu’on s’améliore avec la pratique. C’est juste qu’à ce rythme-là, va falloir que j’attende d’être au seuil de la mort avant d’être capable de dire à un serveur que je pense que son vin est bouchonné”. L’auteur utilise la lutte comme une métaphore pour comprendre le monde dans lequel on vit. Rire et réfléchir en même temps, c’est du temps bien investi!»
Bon à savoir: sur le site Je lis québécois, on trouve une foule de façons sympathiques de célébrer notre littérature unique! jelisquebecois.com