Marissa, comment avez-vous perçu le mouvement antiraciste qui a émergé dernièrement?
Je préfère voir les choses positivement plutôt que négativement. J’entends des discours qui me paraissent vraiment sincères et je constate des actions posées qui me semblent très positives. Par contre, je ne vois pas la vie à travers des lunettes roses. Je crains que cette impulsion soit un effet de mode. C’est donc le moyen et le long terme qui nous diront si le mouvement aura réussi à engendrer des répercussions positives.
Avez-vous déjà été victime de racisme dans l’exercice de vos fonctions?
Disons que les gens ne s’imposent pas de filtres pour écrire des commentaires haineux aux journalistes. Des messages méchants, oui, j’en reçois, mais des messages racistes, très peu. Par contre, une microagression courante, selon moi, c’est un regard hostile, car ça en dit long. Je suis atteinte de vitiligo, une maladie qui cause une dépigmentation de la peau. Le fait d’être Noire et d’avoir des taches blanches sur mon corps, ça m’a attiré plusieurs commentaires… et regards. Encore aujourd’hui, même si j’essaie de ne plus m’en soucier, je sais que j’ai parfois des yeux rivés sur moi et je me demande ce qui me vaut ce regard de travers.
Quel est le rôle des médias dans la lutte contre le racisme?
Les médias sont objectifs et un fait reste un fait. Alors un média qui rapporte des faits tangibles sur le racisme systémique ou sur l’intimidation est un média qui fait son travail. La présence de personnes racisées dans les médias peut aussi apporter un point de vue différent, qui peut mener à de beaux changements. Par conséquent, avoir une diversité culturelle dans les salles de nouvelles, ça ne peut qu’être positif dans cette lutte.
À lire aussi:
- Mélissa Bédard: que de chemin parcouru!
- Recherche Régine Laurent parle du sort des enfants noirs du Québec
- Jennifer Abel: modèle de persévérance et d’optimisme
Photo: Andréanne Gauthier