Marie-Pier a été claire, tout de suite.
Elle : Je ne me suis jamais sentie aussi déboussolée. C’est comme si je vivais un post-partum, toute ma vie est sur pause !
J’écoutais et j’attendais la suite, attentive.
Cette amie voyage beaucoup.
Elle est revenue d’un mandat à l’extérieur du pays dans l’urgence de la pandémie et s’est elle-même mise en quatorzaine en bonne citoyenne, consciente qu’elle pouvait transmettre le coronavirus même sans en avoir aucun symptôme.
Moi : C’est fou tout ce que ce virus change !
Elle : Complètement, je lutte pour ne pas devenir dingue. Toi ?
Moi : Meuh… ça va.
Explication : je ne suis pas une globe-trotter, je n’ai pas un rythme de vie effréné, je n’ai aucun enfant en bas âge, aucun amant, j’ai la chance de pouvoir m’organiser en restant chez moi, alors est-ce que ça change mon quotidien tant que ça ? Non.
Aussi, je n’ai jamais souffert du FOMO (fear of missing out), je ne sens pas que, si je loupe un apéro, un souper de filles, un truc aux nouvelles, sur Instagram ou sur Facebook, je tomberai en anxiété excessive ou que ma vie sera en danger.
Je n’ai pas de villa dans les îles britanniques où je pourrais me réfugier et prendre des selfies en robe soleil, accrochée à un immense rocher de bord de mer…
… et je ne me suis jamais battue dans un Costco !
Donc, je fais comme la plupart des gens : je cuisine, j’écoute des films, je partage mon quotidien avec un amoureux et un chien. On se balade, on s’aime et c’est tout.
Une autre amie m’appelle.
Julie : Ça t’énerves pas toi, les gens qui font du pain, qui rangent leur maison et qui étalent des photos de leurs casse-têtes sur Facebook ? Ça me rend folle !
Moi : Non, je trouve ça plutôt rassurant. Ce qui m’inquiète, ce sont les familles à faibles revenus qui doivent composer avec des riens, les gens qui perdent leurs emplois et les personnes âgées. Je comprends totalement l’anxiété, la panique, la peine, le désarroi.
Ma réponse n’a été ni convaincante ni concluante, puisque Julie a continué à déblatérer sur la société au complet.
Tout le monde y est passé, de son livreur qui ne portait pas de gants de protection à sa voisine inconsciente qui ne s’asperge pas de Purell à longueur de journée…
J’ai fini par lui raccrocher au nez.
Car on ne va pas se la farcir plus difficile qu’elle ne l’est, pas vrai ?
Je crois de plus en plus que le monde est divisé en deux, entre les gens qui passent leur vie à se plaindre et les autres qui pratiquent la résilience.
Dans l’optique globale d’un monde qui n’a pas le choix de s’organiser, la faiblesse et la fragilité ne tuent pas et au contraire ; elles nous aident à grandir.
Quand je regarde autour de moi, je vois beaucoup d’entraide, de calme, de personnes qui prennent leurs responsabilités et qui rêvent déjà à la suite.
Hier, j’ai vu au moins 20 enfants jouer dans les rues de ma ville !
Quelques amis postés en Chine, en France et en Italie m’envoient des pistes de réflexion sur la vie post-virus, par courriel.
Ils me parlent d’entraide, de consommation responsable, du retour d’un système de valeurs qui nous semblait désuet il n’y a pas 3 mois ! On s’amuse, car il ne s’agit que de partages d’idées, pour l’instant.
Mais si ces fragments d’idées sortent de leur confinement pour s’agréger entre elles et que, dans les différents pays du monde, s’engage une vraie réflexion collective sur nos façons d’être et de vivre, nous aurons tiré le meilleur du pire.
Que le pain cuisiné maison devienne in, ça me fait sourire.
Mais ce qui me ferait encore plus sourire, c’est qu’on nous dise que se retrouver avec les gens qu’on aime, à la maison, en famille ou entre amis, redeviendra tendance en 2021. Je me prépare, je suis prête, je veux bien étaler tous mes livres de recettes sur l’îlot de ma cuisine et devenir la version cheap de Ricardo.
Et si je n’y arrive pas, je prendrai exemple sur ma mère ; « un peu de ceci, un peu de cela et quand on se fait confiance, c’est rare qu’on se trompe ».
Ma mère qui jadis recevait au moins 20 personnes à chaque événement important de nos vies, été comme hiver, et qui avait un menu aussi élaboré qu’un chef.
Comment faisais-tu maman ? Oh oui, je sais : pas de boulot, pas d’internet, la télé braquée sur Aline Desjardins (Femmes d’aujourd’hui) en après-midi, des appels à tes sœurs, tes frères et c’était à peu près tout. Alors tu prenais le temps.
Le temps comme un allié, comme un tablier fleuri qu’on noue autour de sa taille et qu’on ne lâche jamais avant que la dernière personne ait quitté la table.
Nous composons maintenant avec des carrières, des familles, des tribus reconstituées et une pression sociale qui nous pousse à nous dépasser et à courir sans arrêt.
Normal que ce virus ait l’effet d’une bombe sur notre quotidien.
Il bousille nos vies, altère nos idéaux, vide nos poches, bouleverse notre façon de nous définir personnellement et socialement. Mais ce n’est pas une raison pour entrer en guerre contre nous-mêmes ! Calmons-nous sur les faces d’enterrement et les jérémiades stériles. Laissons les dirigeants prendre des mesures pour nous protéger, obéissons aux consignes. Repensons nos repères et, justement, soyons créatifs.
Ce bordel planétaire finira peut-être par faire de nous de meilleurs humains ?
Moi : Allô, Ricardo ? J’aimerais vous emprunter un truc ou deux.
Christine est une cinquantenaire, amoureuse, mère, passionnée par la vie dans toutes ses imperfections. Elle est curieuse de tout, surtout des autres ! Vous pouvez retrouver certains de ses textes sur son site cinquanteislenouveaumoi.com ou la suivre sur Twitter et Instagram.
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