D’abord, Anglesh, j’ai envie qu’on profite de cette tribune pour aider les gens à prononcer ton prénom: qu’en dis-tu ?
(Il rit.) J’avoue que mon prénom se fait massacrer constamment. Anglesse, Inglis, Inglesh, j’ai tout entendu ! On dit An-glesh (N-glèche). Tout simplement. Personne ne devrait être stressé à l’idée de dire mon prénom! (rires)
Tu as eu toute une année professionnelle en 2022. Comment la décrirais-tu ?
My god ! Chargée, inspirante et remplie de belles nouvelles rencontres ! Ma carrière a grandi doucement et je me trouve chanceux que tout ça ne soit pas arrivé d’un seul coup. J’ai monté une marche à la fois et ça m’a permis de rester solide. Si j’avais eu les rôles de Stat, Je voudrais qu’on m’efface et Aller simple en même temps, il y a trois ans, je ne sais pas comment j’aurais fait. Encore aujourd’hui, je ne pense pas que je réalise complètement l’ampleur de tout ce que j’ai accompli, parce que je n’ai fait que foncer dans le travail.
Quels rôles as-tu encore sur ta bucket list ?
Un de mes rêves, c’est de jouer un rôle très physique, pour lequel j’aurais besoin de métamorphoser mon corps. Entrer physiquement dans un rôle, avant même d’apprendre les textes, ça serait génial ! Sinon, j’aimerais jouer dans une épopée historique, un truc épique dans un royaume avec des sujets, beaucoup de figurants, ça serait fou ! Mais ce genre de productions se fait moins chez nous… Il m’arrive donc de rêver grand, d’avoir envie d’aller jouer à l’étranger, mais j’ai l’impression d’avoir encore plein de choses à faire ici.

Je sais que tu désires aussi t’impliquer auprès de ta communauté…
Exact. Je viens de Montréal-Nord et j’aimerais beaucoup redonner à ma communauté. Il y a quelque temps, j’ai donné une conférence dans une école secondaire rough et défavorisée. Je me demandais comment j’allais faire pour intéresser des ados pendant une heure. Et pourtant, dès les premières minutes, j’ai attiré leur attention. J’ai eu l’impression qu’ils se sont sentis valorisés que je me déplace pour eux. Ils ont aussi constaté qu’on peut être baraqué comme moi, avoir des tresses, ma couleur de peau – donc correspondre à un certain stéréotype – et faire ce qu’on veut dans la vie. Et, surtout, être une bonne personne. Pendant que je donnais la conférence, j’ai réalisé que je pouvais être un exemple pour eux. Parce que je ne suis pas différent de ces jeunes-là; j’ai juste fait des choix. Quand on est acteur, on dit souvent qu’on ne sauve pas des vies, mais cette fois-là, j’ai constaté que je pouvais changer des vies.
Est-ce facile, pour toi, d’oser être toi-même ?
Ça peut sembler si simple, «être soi-même», mais c’est la chose la plus complexe. Pourtant, quand on croise quelqu’un qui est juste lui-même et rien d’autre, on le sent tout de suite. Et nous, avec nos masques sociaux, on ne fait pas le poids devant des gens intègres. On semble si futiles. J’aspire évidemment à n’être que moi-même, mais c’est difficile. C’est le travail d’une vie.
Plus personnellement, tu as récemment accueilli ta maman à Montréal, alors qu’elle a toujours habité à Haïti. Peux-tu nous en parler un peu ?
Quand j’avais trois ans, je suis parti d’Haïti avec mon père pour venir vivre au Québec. Et il n’y a pas si longtemps, j’ai osé poser une question à ma mère. Je lui ai demandé pourquoi elle m’avait laissé partir à l’époque, moi, son seul fils. Je ne comprenais pas comment elle avait pu me regarder quitter son pays sans savoir quand elle allait me revoir. Elle m’a répondu qu’elle avait pris cette décision parce qu’elle savait que j’aurais une meilleure vie au Québec. Je me suis mis à pleurer. Puis, elle a ajouté: «Et j’espérais peut-être qu’un jour, tu me fasses venir au Québec à mon tour…» Oh là là ! Elle ne m’avait jamais dit qu’elle avait cet espoir ! Je l’ai donc fait venir au Québec et ç’a été un grand changement dans nos vies. J’ai 31 ans et chaque fois que je la vois, ici, au Québec, je me dis: «Wow, mais elle est vraiment là, devant moi!» C’est très émouvant.
SES ACTUS
Anglesh Major incarne le rôle de Sacha Louis dans la télésérie Aller simple : survivre dès le 13 septembre, à 20 h, à Noovo. Il reprend aussi son rôle de Marc-Olivier Morin dans la quotidienne Stat dès le 11 septembre, à 19 h, à ICI TÉLÉ.
Photo : Andréanne Gauthier
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