
Photo: Ariann BT
Debbie Zakaïb
Directrice générale de mmode – La grappe métropolitaine de la mode
Cette période d’incertitude aura causé son lot de grandes difficultés pour l’ensemble de l’industrie de la mode au Québec, mais ce que j’en retiendrai surtout, c’est l’incroyable capacité de notre secteur à rapidement se relever les manches, à s’adapter, à faire preuve d’ingéniosité et de créativité pour faire face à l’adversité. Du jour au lendemain, les grands manufacturiers se sont tournés vers la production de matériel de protection, les plus petits se sont lancés dans la fabrication de masques communautaires, les créateurs indépendants ont lancé collectivement le #ModeSolidaire, les grands détaillants se sont mobilisés pour faire valoir leurs enjeux criants, les boutiques indépendantes ont accéléré leurs virages numériques et tous ont profité de la prise de conscience collective de l’importance de l’achat local.
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Photo: Mickaël A. Bandassak
Martin Juneau
Chef et restaurateur – propriétaire du restaurant Pastaga
Je pense que la pandémie changera la face de la restauration à travers le monde. Qui souhaite se faire servir en proximité par un serveur dont on ne connait l’histoire? Et à l’inverse, comment un commis débarrassera-t-il une table sans se faire contaminer? On voit déjà des scénarios de resto-distanciation, par exemple à Amsterdam, où des clients mangent dans des tentes transparentes et se font servir par des serveurs qui n’entrent pas dans celles-ci. En imaginant ceci comme le restaurant du futur, plusieurs clients (dont moi-même!) vont préférer acheter des plats pour emporter de leur restaurant préféré et les manger avec des amis dans un parc ou chez l’un d’entre eux. L’essentiel, dans le fond, c’est de bien manger sans cuisiner et, surtout, sans trop salir de vaisselle! Depuis le début de la crise, je suis de retour en cuisine. Je fais des lasagnes, des Mac n’ cheese et je ne pensais pas aimer autant cela!

Photo: Richard-Max Tremblay
Nathalie Bondil
Directrice générale et conservatrice en chef du Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM)
Si le Musée est fermé, ses portes virtuelles, elles, sont grandes ouvertes. Maintenir le contact avec nos visiteurs, nos membres et nos donateurs est prioritaire. Chacun d’entre nous à son rôle à jouer envers un collègue ou un partenaire, car tout le monde ne vit pas de la même manière son confinement et son anxiété. Nos messages réconfortent. Nos collections, au cœur de nos missions, devraient ressortir gagnantes de nos stratégies post-pandémiques. Je pense enfin aux artistes et aux galeries, sans filet de sécurité. Continuons à soutenir notre écosystème vulnérable. Nos codes de socialisation se modifient, nous sommes à l’unisson dans ce siècle globalisé : sens du collectif décuplé, solidarité avec nos aînés, conscience que nos actions concertées peuvent agir sur un même front, réflexions philosophiques sur nos valeurs humanistes versus économique, attention envers nos proches et nos collègues, ralentissement de nos rythmes de vies performatives. Saisissons cette opportunité! L’expérience culturelle contribue à notre bien-être individuel et collectif. Cette crise renforce la pertinence sociale de nos musées, les positionne comme un atout de proximité pour la santé publique de nos cités. La culture est un service essentiel!
Sophie Prégent
Présidente de l’Union des artistes (UDA)
Les artistes sont super débrouillards, et on a pu le constater durant la pandémie : leur créativité a pu continuer de s’exprimer sur le Web et sur diverses plateformes numériques. Pour plusieurs, la pandémie a peut-être été un catalyseur pour l’intégration du numérique dans leur pratique artistique, mais il demeure incomplet. Le numérique ne saurait devenir le seul espace de créativité, et cela aussi, la pandémie l’a démontré. Les artistes auront besoin de LA rencontre. Eux-mêmes vous diront qu’il y a dans ce geste, dans cet abandon, quelque chose qui s’apparente à une relation d’amour. L’art de charmer, de faire rire ou pleurer, l’art d’émouvoir, c’est la nourriture de l’artiste. Alors que reste-t-il de la qualité de cette rencontre humaine et nourrissante quand le public n’est présent qu’au moyen du numérique?
Lydiane St-Onge
Nomade-née
La pandémie m’a fait réaliser que j’ai tenu pour acquis mes nombreux voyages, que cette liberté que je croyais absolue et infinie n’est finalement pas garantie. Un petit rappel qu’il faut apprécier et profiter. Je crois aussi que la pandémie va nous permettre de redécouvrir notre Québec avec un nouveau regard, et d’être enfin des touristes chez soi. Cette impossibilité à voyager à l’étranger va sans doute nous pousser à faire un petit séjour en camping dans l’Estrie, à explorer les Laurentides en vélo, à faire un road trip en Gaspésie, à pagayer sur le Fjord du Saguenay, à admirer le ciel étoilé de la Baie James ou à prendre enfin le temps d’explorer le nord du Québec. Il y a une tonne d’activités à faire et je sens qu’on va tous être très créatifs cet été. Au final, on ne pourra pas dire qu’on est « pris » au Québec, car on a le plus beau terrain de jeux qu’on pourrait souhaiter. Ainsi, allons profiter de notre belle province et aidons du même coup notre industrie touristique à se relever!
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