L’engouement pour le milieu rural n’est pas nouveau, mais l’actualité des derniers mois aura certes permis de braquer les projecteurs sur le mouvement migratoire des ménages en région, lequel est passé en vitesse supérieure depuis le début de la crise sanitaire. Le dernier bilan démographique (2019-2020) publié par l’Institut de la statistique du Québec fait ainsi état de gains dans les échanges migratoires interrégionaux pour 12 des 17 régions administratives de la province. Montréal? C’est la grande perdante, ayant enregistré son pire déficit en 20 ans. En plus de connaître une baisse des entrants, elle est la seule région où le nombre de sortants a augmenté. Un peu beaucoup la faute à la pandémie…
Néoruraux 2.0
Le jargon urbain utilise le terme «néorural» pour désigner les gens qui quittent la ville et migrent vers la campagne. Dans L’état du Québec 2019 – 20 clés pour comprendre les enjeux actuels, Myriam Simard, professeure honoraire à l’INRS-UCS, y décrit les néoruraux comme un groupe non homogène quant à «l’âge» et au «statut socioéconomique». On y trouve de jeunes adultes et des plus vieux, des trentenaires jusqu’aux retraités, en passant par les quadras et les quinquagénaires. Ce qu’ils veulent? Certains prévoient y fonder une famille, d’autres espèrent créer en s’inspirant des paysages ou encore tout simplement se poser, tranquilles. Et bien que les motivations à vouloir faire le saut soient propres à chacun, elles ont cependant deux dénominateurs communs: la recherche d’une meilleure qualité de vie et la volonté d’harmoniser travail et famille.
Les jeunes dans la mire
Agente de migration Place aux jeunes à Zone Emploi pour le territoire d’Antoine-Labelle, Marie-Ève Brault explique que le programme Place aux jeunes en région – qui en est à sa 30e année d’existence – vise à accompagner les jeunes dans leur processus de migration. Trouver un logement, une garderie pour les enfants et un emploi pour le conjoint ou la conjointe fait partie des services offerts, qui incluent des séjours exploratoires pour faire découvrir les environs aux nouveaux arrivants.
Depuis un an, les demandes de retour ou d’établissement en région ont explosé sur son territoire, confirme Mme Brault. «Le printemps a été occupé comme jamais dans tout le réseau. J’ai eu des gens avec lesquels j’étais déjà en lien qui m’ont appelée pour m’annoncer qu’ils devançaient leur projet et qu’ils étaient prêts à déménager en juillet.» Certains des plus chanceux ont eu l’aval de leur employeur pour télétravailler à temps plein. Libérés des allers-retours au bureau, ils choisissent alors de s’éloigner davantage.
Profiter de la nature et du grand air, avoir accès à plus d’espaces verts, vivre dans un environnement plus sécuritaire et moins stressant sont autant de bonnes raisons de vouloir rompre avec la vie citadine.
Bienvenue chez nous!
Que l’expérience rurale s’inscrive dans la durée, c’est là le vœu secret des municipalités et des MRC qui ont compris l’importance de faire la promotion de leur milieu de vie. Sauf qu’attirer et accueillir les néoruraux n’est pas suffisant. «Il faut qu’ils s’enracinent, affirme MarieÈve Brault. C’est le nerf de la guerre. On travaillerait moins sur la rétention si on attirait, dès le départ, les personnes susceptibles de se plaire en région.»
C’est dans cette optique que la MRC d’Antoine-Labelle, en collaboration avec Zone Emploi, a retenu les services d’une firme spécialisée en marketing territorial afin de mieux cibler son public. Des consultations citoyennes ont ainsi permis de mieux définir les valeurs des gens qui habitent la région. Lancée en novembre dernier, la campagne d’attractivité L’Autre Laurentides vise en plein dans le mille et n’a pas manqué d’attirer l’attention. Elle n’est d’ailleurs pas la seule à cartonner. Le portail Vivre en Gaspésie remporte aussi un vif succès auprès de ceux et celles qui veulent prendre le large et s’ancrer.
Épopées rurales
Preuve que la migration en région est un sujet chaud, la nouvelle télésérie documentaire Le grand move, réalisée et animée par Mariloup Wolfe, traite du phénomène. Dans chacune des 10 émissions, Mariloup va à la rencontre d’une famille qui a choisi de quitter la ville pour embrasser un mode de vie rural. Deux d’entre elles se sont d’ailleurs établies en Gaspésie; une autre a eu un coup de cœur pour la nature brute des Hautes-Laurentides. Et les autres régions ne sont pas en reste: la Côte-Nord, l’Estrie, la Montérégie, le Bas-Saint-Laurent et, bien entendu, les Îles-de-la-Madeleine ont elles aussi accueilli les néoruraux auxquels s’intéresse Le grand move.
Notre curiosité est piquée? On découvre avec plaisir le parcours de ces ménages qui ont choisi de s’éloigner, certains après être tombés sous le charme d’une destination, d’autres pour réaliser leur projet de vie. Recherche d’emploi, construction d’un nid douillet, projets de culture, adaptation à leur nouveau milieu de vie: plusieurs défis les attendent. La réalité sera-t-elle à la hauteur de leurs rêves?
Visionnez un aperçu de la nouvelle série:
La nouvelle série Le grand move est diffusée le lundi à 19 h 30, sur les ondes de Canal Vie.
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