Ça gaspille, de la fourche à la fourchette

08 Sep 2020 par Unpointcinq
Catégories : Environnement
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Je gaspille, tu gaspilles, il gaspille… Autant se le dire, nous gaspillons tous de la nourriture, pas qu’un peu et à tous les niveaux. Vous en doutez? On vous met au défi de lire cet article jusqu’à la fin!

Par Marion Spée
Illustration Sébastien Thibault

Des légumes flétris oubliés dans le fond du frigo, des restants de pâté chinois que personne ne veut, du pain rassis… que celui qui n’a jamais jeté de bouffe nous lance la première peau de banane! Sauf qu’à grande échelle, ça cause de sacrés problèmes. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), un tiers de la nourriture produite dans le monde est perdue ou jetée. Ça correspond à 1,3 milliard de tonnes par an.

Si le gaspillage alimentaire était un pays, il serait le troisième plus gros producteur de gaz à effet de serre (GES), derrière la Chine et les États-Unis.

Mais c’est quoi au juste le gaspillage alimentaire? Une équipe de recherche de l’UQAM a proposé la définition la plus large possible. Selon elle, « on parle de gaspillage alimentaire lorsque toute partie d’aliment consommable ayant été chassé, cultivé, pêché, élevé, produit ou cueilli, de façon intentionnelle ou non, n’aboutit pas à la consommation humaine directe ».

Et il s’avère que des manquements surviennent à chaque étape de la chaîne alimentaire. En matière de production de GES à l’échelle internationale, la FAO donne les proportions suivantes : production agricole : 17,5 %; entreposage et conservation après la récolte : 17,5 %; transformation : 14 %; distribution : 14 %; consommateur : 37 %.

Alors, il y a des efforts à faire de la fourche à la fourchette! « Il est important de ne pas rejeter la faute sur un acteur précis de la chaîne, tempère Éliane Brisebois, coordonnatrice de la Chaire de recherche UQAM sur la transition écologique et agente de recherche. Quand on prend en compte la valeur économique du gaspillage, on pointe souvent du doigt le consommateur, parce que plus un aliment avance dans la chaîne agroalimentaire, plus il vaut cher. Mais quand on prend en compte le volume, alors le “coupable” n’est plus le même. » En effet, selon une étude canadienne réalisée par la firme Value Chain Management International en 2019, tenant compte du poids de la nourriture gaspillée, les secteurs de la transformation et du conditionnement seraient responsables de 43 % des pertes.

 

Des chiffres qui parlent

  • 2,2 millions de tonnes d’aliments sont gaspillés par les ménages canadiens chaque année, une perte évaluée à plus de 17 milliards de dollars par le Conseil national zéro déchet.

  • Un ménage moyen gaspille ainsi 140 kg de nourriture par an, ce qui revient à jeter 1 100 $ à la poubelle.

Un travail d’équipe

Pour renverser la vapeur, il va donc falloir que tout le monde s’y mette. La bonne nouvelle? Les pistes de solution sont nombreuses. Entre les initiatives entrepreneuriales qui ont fait du gaspillage alimentaire leur cheval de bataille, les actions publiques menées dans différents pays du monde et les groupes de citoyens engagés, il y a de quoi être inspiré.

Et il faut dire que l’enjeu en vaut la peine, tant sur le plan environnemental que sur les plans social et économique. Selon le projet Drawdown, qui compile des données scientifiques sur des solutions pour lutter contre les changements climatiques, la réduction du gaspillage alimentaire se classe au troisième rang des 80 solutions qui permettraient de réduire le plus de GES d’ici à 2050. Et ça n’est pas tout! « Si l’on réduisait le gaspillage, on aurait la capacité de nourrir tout le monde sans avoir à produire plus, même en sachant que la population augmente », note Éliane Brisebois.

Alors il est temps de mener une guerre contre le gaspillage alimentaire, chacun à sa façon. Pour nous, les citoyens, les combats vont se dérouler à la maison. Et ça tombe bien, parce qu’en ces temps de télétravail, on y passe plus de temps et l’on y mange presque tous nos repas. Un sondage réalisé par le Laboratoire Agri-Food en science analytique agroalimentaire de l’Université Dalhousie auprès de plus de 8000 Canadiens a d’ailleurs révélé que le volume d’aliments gaspillés à la maison avait augmenté de 13,5 % dans les premiers mois de la pandémie de COVID-19. Mais n’est-ce pas logique si l’on s’y trouve plus souvent?

Selon le même sondage, le tiers des répondants disent manger plus de restes qu’avant, 24 % regardent plus fréquemment dans leurs armoires et leur réfrigérateur avant de faire leur marché et 22 % congèlent ou mettent en conserve leurs surplus de nourriture plus souvent. Ça, c’est encourageant! Alors, on s’y met?

Le 14 septembre, Unpointcinq lance Le défi Fini le gaspi. Pendant trois semaines, vous y trouverez des conseils, des astuces et des infos pour vous aider à réduire votre gaspillage alimentaire. Vous pourrez également y partager vos bons coups, mais aussi vos échecs. Car oui, personne n’est parfait! Pour vous joindre au groupe, c’est par ici.

 

Article produit par unpointcinq.cale média de l’action climatique au Québec.

 

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