Qu’il s’agisse de l’eau plus claire dans les canaux de Venise, de la terre qui tremble moins en raison de la baisse du nombre de déplacements ou de la diminution de la pollution de l’air dans les grandes villes, plusieurs manifestations observées au cours des dernières semaines montrent que la nature bénéficie de ce temps d’arrêt engendré par le confinement mondial. Si la plupart de ces phénomènes sont temporaires, voire anecdotiques, chacun d’eux est la confirmation qu’un changement dans nos habitudes et modes de vie peut rapidement avoir un impact sur l’environnement, pense Colleen Thorpe : « Ils illustrent que la terre a la capacité de se régénérer, de guérir. C’est très positif. »
La directrice générale d’Équiterre croit même que cette crise planétaire peut contribuer à sensibiliser les gens à l’urgence de parler sérieusement d’environnement. « Ce qui nous a fragilisés jusqu’à maintenant, soutient-elle, est cette perception qu’on n’a besoin de personne, qu’on peut tout faire seul. À tel point qu’on en est venu à penser qu’on n’avait pas besoin de l’environnement. La situation actuelle montre bien qu’au contraire, on en est dépendant. »
C’est un message qui est dur à passer dans une société où on est très réactifs, très spécialisés, poursuit Colleen Thorpe. « Or, en ce moment, tout le monde est assigné à domicile, vulnérable. Personne n’aime être vulnérable. C’est le moment de réfléchir aux choix qu’on a faits en matière de consommation, d’alimentation, et qui font qu’on en est arrivé là. Si la situation permet à chacun de faire un bilan personnel, tant mieux! C’est un cheminement. Mais l’occasion est trop belle pour ne pas tenter de s’engager dans une voie qui a plus de sens. »
Sur le chemin de la résilience
Quelques jours à peine avant le début de confinement, celle qui a longtemps œuvré dans le milieu des médias cosignait une lettre ouverte dans le quotidien La Presse où il était question d’un concept au cœur de ses préoccupations : celui de résilience. « L’idée de “faire comme avant” ne fonctionne pas. Elle est un gage de faillite parce que, on en a la preuve tangible, les changements climatiques nous dirigent tout droit vers des crises de l’ampleur de celle-ci. »
Mais attention, dit Madame Thorpe. Ce virage ne peut advenir que si les gens clament haut et fort qu’ils veulent emprunter ce chemin : « Une fois la crise terminée, les gouvernements seront pressés de relancer l’économie et voudront le faire selon des paramètres identiques à ceux qu’on a connus – la documentation montre que ça s’est souvent produit de cette façon dans le passé. Plus que jamais, les citoyens doivent être vigilants et signifier qu’ils veulent faire partie d’un changement plus vert. »
« On ne doit pas abolir tout ce qui a été fait “avant”. Mais on doit admettre qu’on a poussé le système dans ses derniers retranchements. On n’a pas tenu compte du rôle de la nature dans nos activités; on ne s’est pas vu en symbiose avec elle, mais dans un rapport de domination. C’est notre chance de rectifier le tir et de reconnaître l’interdépendance des êtres vivants. »
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