Le lait et ses quatre vérités climatiques

19 Juil 2021 par Unpointcinq
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Amande, avoine, coco, cajou, macadam, riz… Les laits végétaux ont la cote. Ils garnissent maintenant les tablettes de nos épiceries et ont conquis les baristas. Effet de mode? Peut-être, mais c’est aussi une bonne chose pour le climat. Explications.

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Par Aurélie Lagueux-Beloin

On boit en moyenne, 260 verres de lait de vache par année au Canada. Ce nombre diminue depuis quelques années, tandis que les boissons végétales remplaçant le lait gagnent du terrain. À titre d’exemple, l’entreprise suédoise Oatly connaît une hausse de ses ventes de 212 % depuis le début de la pandémie. Alors qu’on se bat contre un virus tenace, le lait d’avoine est aussi populaire que le Purell! Est-ce que cet engouement pour les laits végétaux au détriment des laits animaux s’avère bénéfique pour le climat? La réponse est oui.

De toute la gamme d’aliments que l’on consomme au quotidien, le lait de vache se trouve dans le groupe de ceux qui émettent une grande quantité de gaz à effet de serre (GES). Mike Berners-Lee, expert anglais en empreinte carbone, observe que : « Si le lait de vache a une empreinte carbone élevée, c’est une question de répartition de l’énergie que les vaches obtiennent en s’alimentant. Cette énergie sert en grande partie à garder les vaches au chaud et leur permet de se déplacer. Une petite portion sert à la production de lait. » Il faut donc beaucoup de nourriture et d’énergie pour produire peu de lait.

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Et le lait des autres animaux?

La vache pèse donc lourd dans la balance climatique. Est-ce que se tourner vers le lait d’autres animaux serait une solution? Pas vraiment : chez les ruminants, c’est en fait le lait de vache qui a le plus petit impact sur le climat. Surprenamment, produire du lait de brebis émet deux fois plus de GES pour un verre de lait que le lait de vache. La recette du succès des bovins? Leur rendement, autrement dit la quantité de lait produite par animal, combinée à une plus grande fertilité et à un cycle de reproduction rapide.

Le lait de chez nous

Le secteur laitier est le secteur agroalimentaire le plus important au Québec. À lui seul, il génère 27 % des recettes agricoles de la province. Selon un rapport des producteurs de lait du Québec, le lait produit ici, avec son 0,23 kilo d’équivalent CO2 pour un verre de lait de 250 mL, a une empreinte carbone plus faible que la moyenne internationale. Cette différence s’explique, entre autres, par l’amélioration de la productivité des producteurs de lait québécois. À noter que ce chiffre n’inclut pas la transformation, la vente et la fin du cycle de vie du lait.

Il faut donc lorgner du côté des laits végétaux pour alléger l’empreinte carbone de son latté, mais attention! Techniquement, on ne parle plus de lait dans ce cas. Au Canada, d’après le Règlement sur les aliments et drogues en matière d’étiquetage nutritionnel, le terme lait ne peut être attribué qu’à « la sécrétion lactée normale, exempte de colostrum, des glandes mammaires d’un animal». C’est pour cette raison que les boissons végétales de soya, d’amande et d’avoine ne peuvent être vendues comme du lait. Malgré cette formalité juridique, les options végétales l’emportent haut la main sur les produits laitiers en matière de climat.

Le lait d’amande, un faux bon choix

D’après les travaux de Joseph Poore, auteur de la plus grande méta-analyse des systèmes alimentaires mondiaux à ce jour, le lait d’amande trône en première place avec le moins de GES produits. Il est suivi de près par les laits d’avoine, de soya et de riz. « Bien que le lait d’amande ait une empreinte carbone intéressante, il ne faut pas oublier de considérer l’ensemble de ses impacts environnementaux, surtout sa consommation d’eau », nuance Dominique Maxime, analyste en agriculture et agroalimentaire au Centre international de référence sur le cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG).

Même si elle a une empreinte hydrique plus petite que celle du lait de vache, qui nécessite 160 litres d’eau pour un verre de lait de 250 mL, la culture des amandiers est très gourmande : la production d’un verre de boisson d’amandes requiert 92,5 litres d’eau. En Californie, la superficie des vergers d’amandiers a doublé pour répondre à la demande. Si les amandes sont assoiffées, le riz est aussi une culture exigeante en eau avec 67,5 litres d’eau pour un verre de lait. Les boissons végétales ayant les meilleures empreintes hydriques sont les laits de soya et d’avoine.

Et le bio?

Le Québec est le premier producteur de lait biologique au Canada, et sa production ne cesse d’augmenter. Sous le rapport climatique, il n’est pas prouvé que le lait bio émet moins de GES que le lait conventionnel. Cependant, son intérêt pour le climat ne se limite pas qu’à son empreinte carbone : l’agriculture bio est une méthode de culture avantageuse, avec un potentiel considérable pour s’adapter aux changements climatiques selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

On choisit quoi?

Mais coudon, quel est le meilleur choix pour le climat? Si vous tenez absolument à boire du lait animal, le lait de vache québécois est la meilleure option. Cependant, les options végés, maintenant super faciles à trouver à l’épicerie, battent à plates coutures le lait de vache. D’un point de vue environnemental, les meilleures options sont le lait de soya et le lait d’avoine, deux cultures que nous avons au Québec. Une équipe de chercheurs de l’Université McGill a d’ailleurs établi que le lait de soya est le meilleur lait végétal sur le plan nutritionnel.

Et pour faire encore mieux, on peut choisir son lait végétal local. Par exemple, Natura, une entreprise de Saint-Hyacinthe, produit sa boisson de soya avec des fèves cultivées par des agriculteurs situés à moins de 120 km de l’usine de transformation.

Bref, un verre de lait, c’est bien, mais deux végés, c’est encore mieux!

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Photo : klenova Getty Images



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