Les fromages sont-ils plus climatosympathiques que la viande?

30 Déc 2019 par Unpointcinq
Catégories : Environnement
Icon

Les fromages... Rien que d’y penser, certains salivent déjà et se disent qu’en plus, ça ferait même du bien au climat! Sauf que voilà, substituer à sa portion de viande une ration de fromage ne réduit pas forcément son impact carbone.

Produit par

Par Laura Martinez, photojournaliste, spécialisée en sciences

À quantité égale, manger du porc ou du poulet aurait un impact moindre sur le climat que de déguster certains fromages. Surprenant? La production d’un kilo de fromage émettrait environ 1,5 fois plus de gaz à effet de serre (GES) que celle d’un kilo de porc, et environ 2,3 fois plus que la même quantité de poulet conclut une analyse de 369 études réalisées partout dans le monde.

La production de lait est responsable de 94 % des 8,8 kg d’équivalent (éq.) CO2 émis par la production d’un kilo de fromage à pâte semi-dure, selon une analyse de cycle de vie (ACV) réalisée en Suède, un pays au cocktail énergétique comparable à celui du Québec.

Produire du lait émet environ 1,3 kg éq. CO2 par litre, principalement à cause du méthane – un GES 25 à 30 fois plus puissant que le CO2 – produit par l’élevage des ruminants (vaches, moutons, brebis, etc.). Vous savez les fameux pets de vaches, ou plutôt leurs rots! Et il faut environ 10 litres de lait pour produire un kilogramme de fromage! La bonne nouvelle, c’est qu’au Québec l’empreinte carbone d’un litre de lait est passée de 1,02 à 0,93 kg éq. CO2 entre 2011 et 2016, selon un rapport du Groupe Agéco de 2019.

Pas tous égaux sur la balance climatique

Le bon vieux cheddar serait l’un des fromages les plus prodigues en GES – avec des variations de 8,70 à 16,35 kg éq. CO2 par kilo produit aux États-Unis, selon une étude publiée en 2017 dans le Journal of Cleaner Production. Dans l’ordre suivraient le fromage à pâte semi-dure (comme le Monterey Jack), la mozzarella, le fromage de chèvre et le camembert, toujours d’après cette étude, qui est une compilation d’ACV de différents pays occidentaux.

« D’un type de fromage à l’autre, l’empreinte carbone est assez variable, principalement selon la quantité de lait requise », précise l’analyste du Centre international de référence sur le cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG), Dominique Maxime.

L’un des fromages à plus faible impact carbone serait le cottage, d’après une étude canadienne de 2013. Contrairement aux autres « frometons », sa fabrication ne nécessiterait qu’environ deux litres de lait, ajoute l’analyste du CIRAIG, qui est aussi l’un des coauteurs de l’étude.

Des fromages sans lait?

Réalisés sans une goutte de lait, les équivalents véganes, parfois appelés « faux-mages », pourraient être une solution de rechange intéressante en matière de GES. Mais il n’existe pas encore d’étude qui nous le confirme.

Selon la cuisinière végétalienne et blogueuse Léa Plissoneau, certaines marques valent le détour. « Celui que je préfère – et de loin! – c’est Zengarry. Leur style “gruyère” au cumin est un de mes favoris. Sinon ceux de VegNature sont vraiment intéressants. Pour ces deux marques, les fromages sont à base de noix de cajou. Ensuite Gusta et Daiya font des fromages végétaux à base d’huile de coco, qui fondent à la cuisson. Ils sont bien pour cuisiner, mais j’aime moins leurs saveurs », explique la designer culinaire de formation. « Mais le mieux c’est de faire son propre fromage! » affirme Léa, qui propose sur son site plusieurs recettes de fromage végane aux noix de cajou.

Sur ce, bon appétit!

Article produit par unpointcinq.cale média de l’action climatique au Québec.

Photo principale: Unsplash



Catégories : Environnement
2 Masquer les commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse de courriel ne sera pas publiée.

  1. Suzie Blais dit :

    Merci pour cet intéressant article!

    C’est dommage qu’il laisse l’impression que finalement il vaut mieux manger certaines viandes que du fromage… car on n’en mange pas du tout la même quantité!
    Une portion moyenne de viande est de 150g, alors que de nombreux guides alimentaires fixent la portion de fromage à 30g. Même en prenant 2 portions de fromage, soit 60g, on est bien loin du poids équivalent d’une portion de viande!

    Lorsqu’on fait le calcul, même le cheddar qui apparaît comme le « pire » des fromages du point de vue du climat est finalement équivalent à du poulet et même meilleur que le porc.

    Ce serait important d’apporter ces précisions pour ne pas désinformer le public ou apporter plus de confusion que d’information.

    Merci!

  2. Suzie Blais dit :

    Merci pour cet article intéressant sur un sujet important! C’est très dommage qu’il laisse l’impression que certaines viandes sont finalement meilleures pour le climat que le fromage, puisqu’on n’en mange pas du tout les mêmes quantités!
    Si une ration de viande fait environ 150g, je vous mets au défi d’avaler la même quantité en fromage durant un repas… C’est équivalent à plus d’un camembert par exemple, ou une barre complète de cheddar!

    Vous devriez apporter ces précisions dans votre article. Les guides alimentaires mettent la portion de fromage à 30g environ. Même en prenant 2 portions de cheddar (le « ‘pire » des fromages selon le graphique), donc 60g, on arrive à 720g de CO2 équivalent, contre environ 600g pour le poulet (portion de 150g) et 900g environ pour le porc. En prenant d’autres fromages moins émetteurs de GES, finalement on en sort avec un léger avantage pour le fromage.

    Il aurait aussi été intéressant de mentionner que d’autres aspects doivent être pris en compte, comme la consommation d’eau qui est aussi un facteur environnemental très important.

    Merci!

Ajouter un commentaire

Magazine Véro

S'abonner au magazine