L’hygiène naturelle infantile ou comment ne plus utiliser de couches?

24 Mar 2021 par Unpointcinq
Catégories : Environnement / Maison / MSN
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Comme 600 millions de couches jetables finissent au dépotoir chaque année, au Québec, des parents optent pour une méthode inusitée : l’hygiène naturelle infantile ou le «sans-couches».

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Par Sarah-Christine Bourihane

Confortablement assise sur son lit, Ariane Blais-Lacombe tient son petit d’un mois en position accroupie au-dessus d’un pot chapeau. Joseph lâche alors un pipi, comme s’il n’y avait rien de plus naturel. « Chaque fois qu’on utilise le pot, c’est une couche de moins à laver! » me lance avec conviction la mère de trois enfants.

À l’arrivée de leur premier bébé, Ariane et son mari, encore étudiants, vivaient frugalement. Les couches lavables leur semblaient alors la meilleure solution sur les plans économique et écologique, mais pas du point de vue pratique : la jeune mère devait faire ses brassées de lavage dans une machine payante, au sous-sol de l’immeuble, accessible seulement par l’extérieur.

Confortablement assise sur son lit, Ariane tient son petit en position accroupie au-dessus d’un pot chapeau. 

« Je lisais un blogue où on expliquait comment fabriquer des couches avec de vieux t-shirts. À la fin de l’article, on parlait de la méthode de l’“élimination-communication” ou hygiène naturelle infantile (HNI). C’était possible qu’un poupon fasse ses besoins dans un pot? Je voulais l’essayer pour le croire. Ça a fonctionné rapidement, j’étais épatée. Un mois plus tard, dès l’âge de quatre mois, il s’est mis à faire caca dans la toilette 99 % du temps. » Pour Ariane, c’est une révélation. De cette sensationnelle découverte découle la création de son entreprise autour de l’HNI : Le petit pot plus tôt.

À l’écoute des signaux

Méthode douce et progressive, l’HNI offre une solution de rechange à l’utilisation exclusive des couches. Pratiquée avant 18 mois, elle permet à bébé de faire ses besoins dans un petit pot, au-dessus d’un lavabo ou simplement au-dessus de la toilette. À la différence de l’éducation à la propreté pour les enfants plus âgés, le but n’est pas de rendre propre, mais de communiquer avec le bébé pour répondre à son besoin d’éliminer.

« L’HNI repose sur l’idée que les bébés sont, dès leur naissance, conscients de leur besoin d’élimination et capables de le communiquer. Les signaux qu’ils envoient sont uniques à chacun et évoluent avec leur développement. Nous pouvons savoir quand notre bébé a faim ou est fatigué. C’est la même chose avec le besoin d’élimination », explique Ariane.

C’est en observant son bébé qu’Ariane a appris à détecter les signaux : en le posant sans couche, le pot tout près, pour un temps d’observation de quelques heures échelonnées sur une semaine.

Une question de culture

L’hygiène naturelle infantile (HNI) peut paraître farfelue chez nous, mais c’est une méthode répandue dans d’autres parties du globe. « Dans les pays aux modes de vie traditionnels et dans les lieux où l’accès à l’eau courante et aux couches est difficile, on pratique une certaine forme d’HNI », explique Ariane Blais-Lacombe.

Des études révèlent que l’âge de la propreté est plus bas dans les pays où l’HNI est pratiqué de façon usuelle que dans les pays occidentaux. Par exemple, aux États-Unis, il se situe autour de 36 mois. Au Vietnam, les enfants utilisent le pot dès l’âge de 9 mois et sont entièrement propres à 24 mois. En devançant la propreté d’un an, on réduit d’un tiers la consommation de couches.

Moins de lavage et moins d’irritations

Selon Ariane, l’hygiène naturelle infantile s’associe bien aux couches lavables : en la pratiquant, elle est passée de trois à cinq brassées de couches par semaine à une seule. Utiliser l’HNI en alternance avec les couches lavables lui a aussi permis d’éviter les accidents (les « oublis » dans le jargon HNI), mais les couches de son bébé restent sèches la plupart du temps.

Geneviève Carrier qui pratique l’HNI à temps partiel avec son fils de 14 mois depuis sa naissance est aussi conquise par la méthode. « Je l’installais au-dessus du lavabo à chaque changement de couche et il faisait ses besoins. Il gardait la même couche sèche la majorité du temps dès l’âge de trois mois et il y avait moins d’irritation. »

Ça en rajoute une couche pour le climat

Chaque année, au Québec, 600 millions de couches jetables sont envoyées aux sites d’enfouissement, et génèrent 60 000 tonnes de déchets. Sur le plan des gaz à effet de serre, cela représente 100 200 tonnes d’équivalent C02, soit deux fois les émissions annuelles de la Finlande.

Sources : Eco-quartier Peter-McGill, FAQDD.

Une méthode pour tout le monde?

Ayant connu des hauts et des bas dans sa pratique de l’HNI, Ariane favorise une approche souple. « Je suis assez modérée dans la pratique que je propose aux parents, car je sais qu’ils ont tendance à se mettre beaucoup de pression », reconnaît-elle.

« Il existe autant de HNI que de familles qui s’y adonnent. Les puristes n’utilisent jamais de couches. Pour d’autres, ça reste occasionnel. Par exemple, offrir le pot au réveil. Mais même pratiquée à temps partiel et en combinaison avec des couches, la méthode peut donner de très bons résultats : le bébé retient que la couche n’est pas le seul endroit où faire ses besoins », constate Ariane.

Pour certains parents, l’expérience ne fonctionne tout simplement pas. Chaque bébé est unique et l’HNI demeure un apprentissage pour le parent comme pour l’enfant. Il est possible que l’instinct de propreté du bébé soit moins fort, que des régressions liées à son développement surviennent ou que des situations particulières – voyages, entrée à la garderie, arrivée d’un autre bébé – perturbent l’application de la méthode.

Chose certaine, ceux qui arrivent à la pratiquer trouvent du plaisir à communiquer avec leur bébé, réduisent leur consommation de couches… et contribuent ainsi à rendre le monde un peu moins lourd en gaz à effet de serre!

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Photos : Sarah-Christine Bourihane



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