Bianca Longpré: L’hiver? Pu capab!

31 Jan 2019 par Bianca Longpré
Catégories : Famille
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Malgré ses bonnes intentions, l'hiver n'est pas de tout repos chez Bianca Longpré.

L’hiver, à la fin novembre, c’est pas si pire. J’irais même jusqu’à dire que c’est l’fun. On profite de chaque flocon qui tombe pour sortir dehors, on s’amuse à glisser et on s’émerveille devant ce beau soleil qui perce malgré le froid.

L’hiver, après le 15 janvier, c’est une autre affaire. L’hiver, c’est comme la «crémanglace». Au début, c’est bon, mais rendu à la moitié du pot, même si t’aimes vraiment la «crémanglace», t’as le front gelé et t’as mal au cœur juste à regarder le fond du pot. Pareil pour l’hiver. Fin janvier, j’ai mal au cœur du frette pis de la neige.

On dirait que ça attaque même mon moral. Partout autour de moi, y a l’hiver. Ma garde-robe sent les mitaines moites, mon tapis d’entrée a l’air d’une vieille guenille, mon frigo est rempli de comfort food et quand j’passe devant mon grand miroir, j’suis tellement blême que j’ai l’air d’un zombie qui gèle jusqu’aux os. Pis mon humeur est massacrante depuis une bonne semaine. Faut que ça change, je peux pas être de même jusqu’à la fin mars, bonyenne!

La semaine passée, j’me suis levée avec un genre de résolution: «Aujourd’hui, ça va être une belle journée. Même si t’as frette, même si tu vas encore devoir pelleter pis faire sécher 32 mitaines. Tu vas passer une belle journée, compris, la mère?»

J’ai décidé que j’allais passer du temps de qualité avec mes enfants au retour de l’école, que j’allais leur préparer une belle collation pleine de couleurs, qu’on allait «skipper» les devoirs et en profiter pour sortir un jeu de société, pis qu’on allait manger tous ensemble un tartare de saumon, un plat qu’on mange jamais en hiver. ÇA VA ÊTRE UNE BELLE JOURNÉE!

Retour de l’école. J’attends mes enfants avec des biscuits et du lait dans les petites tasses fancy de ma grand-mère. Je suis heureuse de passer du bon temps (enfin!) avec eux et de me mettre un sourire dans face quand ils arrivent.

À peine le premier enfant entré dans la maison que mon sourire disparaît: «J’me suis battu avec un ami, juste pour le fun, mais la surveillante avait pas l’air de trouver ça l’fun, elle. Faque j’ai un billet de réflexion.»

«QUOI?»

Le deuxième enfant en rajoute: «Moi, maman, j’avais oublié de te dire que j’ai un projet à remettre demain en science. Faut faire les planètes du système solaire sur un support à linge.»

«HEIN?»

En parlant, je fouille dans le sac du troisième, et je sens qu’y a de quoi de dégueu au fond: «Quessé ça?!»

Ma main est remplie de no 2. «É FÈ CACA DANS MES CULOTTES À GARDERIE.» J’ai mis la main dans un Ziploc contenant des bobettes pleines. ÇA VA ÊTRE UNE BELLE JOURNÉE!

OK, j’suis plus forte que ça. On va manger la collation.

«YARKKKKKKK, le chat boit dans les tasses pis l’autre lèche mes biscuits!»

Y a ben juste chez nous que les chats sont tellement mal élevés que quand y a du lait ou du poisson sur la table, j’ai l’air d’habiter dans une ferme où les chats se bourrent la face sur la table!

«TASSEZ-VOUS!»

J’ai finalement distribué des barres tendres.

Ma bonne volonté s’est envolée. Pire, j’suis même devenue menteuse.

«On écoute-tu un vieil épisode de La p’tite vie ensemble? Maman est malade, j’pense», ai-je dit en toussant un peu.

On s’est effoirés devant la télé dans ma chambre, pis on a écouté un épisode, pis un autre.

J’ai mis une pizza congelée au four et j’ai coupé quelques concombres pour me déculpabiliser. On a mangé tout ça dans mon lit en faisant des miettes partout (que les maudits chats ont bouffé par la suite)!

Je vais sûrement aller directement en enfer parce que j’ai écrit un mot plein de mensonges au prof pour lui dire que j’étais trop malade pour gérer le projet de sciences, que ça irait à dans quelques jours. Je l’ai plié et mis dans une enveloppe pour pas que ma fille sache que je mens…

Jugez-moi, mais j’pense que le bonheur est parfois dans les p’tites menteries.

On a «skippé» (aussi) le bain, on a botché le lavage des dents.

On a mis des pyjamas chauds et on a mangé des biscuits au chocolat (oui oui, après s’être brossé les dents!) dans les lits à deux étages des enfants. Tout ça un mardi, toé chose.

Après les avoir couchés, j’suis passée devant le miroir de la salle de bain. J’étais moins zombie. J’avais un sourire dans face et du chocolat pris dans les dents. Ça a été une belle journée. Pas comme prévu, mais une belle journée pareil.

J’vas passer à travers l’hiver… peut-être ben!

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Ce billet est paru dans le magazine Véro Hiver 2019. Abonnez-vous maintenant!



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