Bianca Longpré: parfaitement imparfaite

28 Sep 2018 par Bianca Longpré
Catégories : Famille
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Bianca Longpré est loin d'être une maman parfaite. Et, c'est bien correct comme ça.

Je voudrais être parfaite, mais j’suis pas bonne là-dedans. Quessé que tu veux que j’te dise: j’excelle pas dans l’art d’habiller mes enfants en blanc et de les garder propres, je suis incapable de plier des napkins en forme de cygne, je rate 75 % de mes recettes, j’aime pas marcher et j’ai même pas honte d’aller à l’épicerie sans brassière.

J’aimerais ça être comme les mères parfaites. T’sé, celles qui marchent un kilomètre et demi avec leurs enfants, beau temps mauvais temps, pour aller à l’école. Je les vois, même quand il neige comme au Nunavut: elles marchent, sourire aux lèvres. Avec leur porte-bébé, leur poussette d’hiver et leurs gamins plus vieux qui acceptent de marcher sans hurler: «J’AI MAAAAAAL AUX JAMBES PIS J’GÈLE!»

Ces mères-là, je les regarde dans mon char, parce que moi, beau temps mauvais temps, je suis en retard et j’ai pas l’énergie de m’habiller correctement et de traîner ma marmaille sur le trottoir.

Je l’avoue, j’aimerais ça avoir du style comme les mères parfaites. Je suis jalouse des mères qui sont des cartes de mode. Depuis que je suis mère, mon style vestimentaire est un mélange de vieux jeans, de leggings et de t-shirt foncés sur lesquels une traînée de morve a séché près de l’épaule.

Des fois, j’me dis qu’il faut que je me force à magasiner POUR MOI. Je me rends au centre d’achat et finalement, quand vient le temps de partir, j’ai trouvé du linge pour tout le monde… SAUF MOI.

Je reviens chez nous et je continue à porter mes vieux leggings super confortables.

Je voudrais aussi cuisiner comme une mère parfaite. Préparer des lunchs avec des carottes en forme de palmier, faire moi-même mes barres tendres et mes pâtes. J’admire ces mères qui portent un tablier pour cuisiner dans leur belle cuisine bien organisée, un livre de recette ouvert, avec des enfants calmes qui jouent dans le salon pendant la préparation du repas. Chez nous, c’est peine perdue. Chaque fois que je décide de faire une nouvelle recette, il me manque des ingrédients et mes enfants décident de s’entretuer avant même que j’aie le temps d’ouvrir le livre de recettes.

Dans ma maison, les livres de recettes servent plus souvent à retenir les couvertures, quand les enfants se font des cabanes dans le salon, qu’à cuisiner.

Je me console en me disant qu’à table, comme dans bien des familles, les repas qui font fureur sont ceux qui ont été préparés le plus rapidement.

Faqu’on mange du pâté chinois et toute ma famille est heureuse.

J’idéalise les autres mères, mais au fond, j’devrais pas, parce que pour mes p’tits, la meilleure des mamans, c’est moi. C’est vrai. Même avec des vieux jeans pis des barres tendres achetées au magasin.

On veut s’améliorer, faire mieux. On se culpabilise, on se trouve pas assez comme ci ou trop comme ça… mais pourquoi vouloir changer pour devenir une mère parfaite?

Et si on était parfaite dans l’imperfection? Et si, justement, la perfection c’était d’accepter d’être la mère qu’on est, avec nos défauts et nos qualités?

C’est ce que j’ai décidé. Chaque fois que j’suis tentée de me comparer, je me rappelle que, pour ma gang, c’est moi la maman parfaite.

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Cette chronique est parue dans le numéro automne 2018 du magazine VÉRO. Pour accéder au contenu en primeur, abonnez-vous au magazine! 



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