Par Marie-Pier Jolicoeur, étudiante au Doctorat en droit des enfants et en droit des technologies numériques et collaboratrice pour Le Centre pour l’intelligence émotionnelle en ligne (Le CIEL)
«Souvent, j’écoute la télé ou je prends la tablette pour regarder des vidéos quand je n’ai rien d’autre à faire.» Voilà ce qu’une jeune fille d’âge primaire m’a affirmé lors d’une discussion informelle au sujet du temps qu’elle passait devant les écrans cet été.
Cet été, j’ai eu la chance de passer quatre merveilleuses semaines à enseigner le yoga et faire des activités en pleine-conscience dans un camp de yoga d’un studio de la région de Québec. Chaque matin, nous prenions trente minutes pour parler de philosophie et d’outils de santé dans un langage adapté aux jeunes d’âge primaire. Nous avons discuté des écrans numériques un matin, et j’étais agréablement surprise de constater que les enfants, surtout à partir de huit ou neuf ans, savaient que l’utilisation excessive de la technologie n’était pas sans danger.
Nous entendons de plus en plus parler du fait que l’utilisation récréative excessive des écrans par les enfants peut provoquer des conséquences néfastes sur leur santé physique, psychologique, et émotionnelle. Qu’en disent les enfants eux-mêmes?
Les deux côtés de la médaille
Même s’ils ne le disaient pas dans ces termes exacts, les enfants semblaient conscients que les technologies présentent des risques et des opportunités pour leur santé et leur développement. C’est d’ailleurs la position actuelle du Comité sur les droits des enfants des Nations Unies : tirer profit du meilleur de ce que le numérique peut offrir aux enfants, et les protéger des risques qui y sont associés.
Parmi les bons côtés, nous pouvons penser à plusieurs émissions éducatives qui peuvent certainement contribuer au développement des connaissances et à l’ouverture sur le monde en confrontant à des phénomènes complexes. Certains enfants m’ont également dit être très «contents» d’avoir pu garder contact avec leurs grands-parents durant la pandémie grâce aux écrans, ce qui constitue certainement un avantage notable du numérique. Les jeunes disaient cependant, de manière générale, préférer les rencontres en personne aux échanges par visioconférence.
D’un autre côté, certains risques importants sont provoqués par une mauvaise utilisation des écrans par les enfants, dont l’écoute de contenu inapproprié (sexuel, violent, stéréotypé, etc.), la désinformation, une diminution des compétences sociales et communicationnelles liée à un manque d’activités hors ligne, l’augmentation de la sédentarité et des risques de développer des troubles de sommeil, etc. Certains enfants m’ont d’ailleurs témoigné que passer «beaucoup de temps» devant les écrans était, en général, «fatiguant», et qu’ils se sentaient parfois moins concentrés et pouvaient avoir «mal aux yeux» quand ça arrivait.
Ouvrir le dialogue avec son enfant
Nous savons que pendant longtemps, l’exposition au numérique était limitée à un seul écran, soit la télévision. Aujourd’hui, avec la création de plateformes adressées directement aux enfants, et la présence de plusieurs télévisions, tablettes, consoles de jeux et autres écrans au sein d’un même foyer, l’exposition est beaucoup plus importante. Si en tant qu’adulte il est normal de s’informer auprès d’experts pour mieux comprendre les impacts du numérique sur la santé de son enfant, se tourner vers ce dernier peut nous permettre d’en apprendre beaucoup. En plus, cela peut amener à mieux connaitre les besoins, les désirs et le tempérament de son enfant.
Il n’existe pas de recette magique pour favoriser une relation saine à la technologie chez son enfant et le numérique n’incarne qu’un seul aspect d’une hygiène de vie équilibrée. Cependant, ouvrir un dialogue bienveillant avec son enfant afin de lui demander comment lui perçoit la présence des écrans numériques dans sa propre vie est certainement un bon point de départ.
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