Choisir sa garderie

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10 Mar 2022 par Véronique Daudelin
Catégories : Famille / MSN / Véro-Article
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Auteure, comédienne et animatrice, Véronique Daudelin fait ben des affaires. La toute dernière : devenir mère, à 40 ans. Ce nouveau rôle change son regard sur le monde et sur elle-même, et elle le partage avec nous chaque mois, sans filtre.

Ces dernières semaines, j’ai commencé à chercher une garderie pour mon fils. Alors qu’il manque de places dans les milieux de garde partout au Québec, j’ai été étonnée de découvrir que dans mon quartier montréalais, c’était l’inverse. Avec la pandémie et l’émergence du télétravail, les familles ont déserté la métropole. Résultat : à distance de marche de chez moi, j’ai pu visiter sept milieux de garde qui étaient prêts à recevoir mon poupon, tous non subventionnés (quand même, faut pas trop rêver!) Ça a été un immense privilège, j’en suis consciente, et les familles qui n’ont aucune place en garderie ont toute ma sympathie. Cela étant dit, j’ai quand même trouvé le processus de recherche extrêmement confrontant, pour ne pas dire pénible. Une vraie saga.

Pourtant, mon chum et moi, on avait l’intention de faire ça simple. Au départ, on n’avait que trois critères : des éducatrices qualifiées, des repas équilibrés et des sorties quotidiennes à l’extérieur. Hé la la… Puisque les sept garderies répondaient à toutes nos exigences, on a vite compris que ce serait des éléments plus subtils qui feraient la différence. Il a suffi qu’une directrice nous vante son air climatisé pour que ça nous déstabilise complètement. «Han! Mais là! Y’en avait tu un, aussi, à l’autre place? Faut-il en faire un critère? C’est rendu quoi, là, la priorité? La proximité? L’horaire? La grandeur des locaux? La luminosité naturelle? La cour? L’air climatisé?»

Plus les considérations s’accumulaient, moins on savait en juger. À un endroit, la directrice accueillait le plus possible de stagiaires pour prêter main-forte aux éducatrices. On a aussitôt ajouté ça dans la colonne des plus et on est rentrés à la maison emballés. Une heure plus tard, j’émettais un doute. «Ouin, mais là, combien de temps ça prend pour qu’un enfant crée un lien d’attachement? Si notre bébé s’attache solide à une stagiaire vouée à disparaître un mois plus tard, c’est tu vraiment une bonne affaire»

Mon chum m’a regardée. Un ange est passé.

Je me suis remise en question, aussi. Beaucoup. J’ai été choquée de voir qu’il était légal de garder six enfants dans un espace qui me paraissait beaucoup trop exigu. Puisque d’autres parents, manifestement, n’y voyaient aucun problème, je me suis demandé si j’étais trop exigeante. Et quand j’ai vu sur le groupe Facebook des mamans de mon quartier que certaines écartaient d’emblée les garderies pourvues d’un escalier, alors que pour ma part, je n’étais même pas proche d’y voir un quelconque danger, je me suis demandé si au contraire, je n’étais pas une mère négligente.

À un moment, j’ai commencé à penser qu’on projetait peut-être sur notre enfant des besoins qui étaient davantage les nôtres que les siens. L’endroit qui m’avait semblé ridiculement trop petit, mon bébé, lui, l’aurait peut-être trouvé chaleureux. Qu’est-ce que j’en savais? Un poupon n’a pas la même perception du monde qu’un adulte. Non, je ne passerais pas mes journées avec cinq autres personnes dans une mini pièce sans fenêtre, mais je ne jouerais pas non plus pendant des heures à déchirer un Kleenex. 

À travers tout ça, j’ai même passé «une audition de parent» pour une place en milieu familial que je n’étais même pas certaine de vouloir et que je n’ai finalement pas eue. Même si je comprenais très bien que l’éducatrice veuille choisir les parents avec qui elle ferait affaire, je n’ai pas trouvé très agréable de devoir me vendre et d’essayer de prouver à quel point j’étais fine, agréable et cool. Même qu’il y avait probablement quelque chose d’assez pathétique à ce que je sourie autant sous mon masque, parfait symbole de tous les efforts que je déployais en vain. 

Bref, cette recherche semblait inextricable jusqu’à ce qu’une garderie nous fasse oublier, le temps d’un instant, notre maudite liste de critères. Autre chose a pris le dessus : notre feeling. Ça n’avait rien de rationnel, mais on se sentait bien, tout simplement. Les enfants semblaient joyeux et les éducatrices, motivées. Nous-mêmes on avait envie d’y passer du temps! Un vrai coup de cœur!

Pour nous.

Est-ce que notre bébé, lui, se serait autant épanoui dans ces sept garderies? Peut-être. Les enfants s’adaptent à tout, probablement plus que nous. Mais malgré l’embarras que j’ai eu à faire un choix, je me trouve quand même extrêmement chanceuse de l’avoir eu, ce choix. Et dans un monde idéal, c’est ce que je souhaiterais à tous les parents. Car avoir le choix, c’est la première condition pour cet autre grand privilège : celui du coup de cœur. 

Photo de couverture : Cavan Images Getty Images

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