Confinement: nos ados, comment vont-ils?

05 Mai 2020 par Maude Goyer
Catégories : Famille / Véro-Article
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Ils ne retourneront pas à l’école. Ils ne voient plus leurs amis. En pleine envolée pour gagner en autonomie et en indépendance, la pandémie et le confinement coupent les ailes des ados. Comment gèrent-ils cela?

«Comme pour les adultes, la façon de réagir est très variée d’un adolescent à un autre, dit le Dr Richard Bélanger, pédiatre et médecin de l’adolescence à l’hôpital CHU Québec-Université Laval. Je dirais que pour la majorité cela se passe relativement bien ».

C’est le cas d’Émile Cantin, 14 ans : même s’il avoue que « ce n’est pas facile tous les jours », il estime que son moral est bon (8/10 dit-il). « Ce qui me manque le plus, c’est d’avoir une vie plus organisée, raconte-t-il. Avant, quand je me levais, j’avais un but. Là, je me lève, mais je n’ai rien à faire. C’est comme être en vacances sans être vraiment en vacances. C’est contre-intuitif ».

Selon le Dr Bélanger, l’une des grandes forces des adolescents, c’est leur capacité d’adaptation. « L’adolescence, c’est constamment s’adapter aux nouvelles réalités et aux attentes des pairs et des adultes », souligne-t-il. Raphaël Bolduc, 17 ans, vit son confinement et son nouveau « mode de vie » plutôt bien. Résilient, il voit cela comme « un été devancé ». « Je me garde occupé, dit celui qui devait finir son secondaire 5 à l’École du Triolet à Sherbrooke. Mon moral baisse quand je n’ai rien à faire. Ce que je trouve le plus difficile, c’est de ne pas voir mes amis ». Il évalue son moral à 7 ou 8 sur dix.

Raphaël n’est pas le seul à s’ennuyer de sa vie sociale. C’est aussi le cas d’Abby Laplante-Salvas, 13 ans. « J’aurais aimé retourner à l’école une dernière fois pour dire au revoir à mes amies, et à mes profs aussi. Je le sais que ça peut paraître nono, mais quand on a quitté, on ne savait pas que c’était la dernière fois ! Je m’ennuie d’aller en classe, de faire des projets scolaires et de voir mes professeurs », commente cette élève de secondaire 2 de l’École de la Magdeleine à La Prairie. Elle croit que son moral est à 5/10 : « Certains jours, je suis déprimée, d’autres, je suis heureuse », résume-t-elle.

Léa Lehoux, 16 ans, est du même avis : ce qui lui manque cruellement, c’est son réseau social. « On est habitué de croiser plein de monde et de rencontrer de nouvelles personnes, confie-t-elle. Habituellement, on a plein d’interactions et là, il ne se passe plus rien ». Elle considère que son moral est « instable » (6/10 en moyenne avance-t-elle) : « J’ai des jours à 3, j’ai des jours à 8 ».

Embauchée par un supermarché comme caissière, elle a beaucoup augmenté son nombre d’heures consacrées au boulot. Ce qui la tracasse, c’est l’impossibilité d’améliorer ses notes. « Le bulletin de secondaire 4 est le plus important de tous, indique cette étudiante de la Polyvalente Saint-Jérôme. J’avais des attentes, je voulais me rattraper… Peut-être que je pourrai me reprendre avec des cours d’été? »

La crise frappe plus durement les jeunes qui sont en situation de vulnérabilité, prévient le Dr Bélanger. « Ce n’est pas simple pour tous ceux qui ont des pathologies, des handicaps physiques ou mentaux, ou des troubles anxieux, dit-il. Parfois, la meilleure thérapie, pour eux, c’est de garder une bonne hygiène de vie et les contacts avec les autres ». Or, tout est bouleversé : la routine, l’horaire et le temps passé avec leurs copains, copines et dans certains cas, avec leurs amoureux ou amoureuses.

Marie-Pierre Duval, mère d’un adolescent, espère que la situation ne va pas s’étirer. « Ce que je remarque, c’est qu’on doit apprendre à vivre avec l’incertitude, signale-t-elle. La dernière chose qu’un ado souhaite, c’est d’être toujours avec ses parents. On ne sait pas quand ça va finir… ni même de quoi l’été sera fait ». La situation serait plus facile à vivre, croit-elle, si certaines solutions étaient mises en place pour permettre aux jeunes de se voir. « Pas de party, pas de rassemblement, je comprends, dit-elle. Mais permettre de voir un ami, toujours le même, il me semble que ça ferait du sens… »

Privée de ses copines, Raphaëlle Gamache, 12 ans, trouve le temps long. Elle ne sait pas si elle retournera à l’école pour terminer sa sixième année. « Ma mère hésite et moi aussi, déclare celle qui voit son moral comme un 7/10. Je ne peux pas dire que ça va mal, mais… c’est plate. J’aimerais que les choses redeviennent comme elles étaient avant ! » Sa plus grosse déception ? Ne pas faire le voyage de fin d’année avec sa classe et ne pas clore son primaire de façon officielle, avec un bal.

L’un des pièges qui guettent les adolescents, avise le Dr Bélanger, pédiatre et spécialiste de l’adolescence, est de vouloir « trop en faire ». « Il y a un mouvement pour ‘réussir son confinement’, explique-t-il, et ça touche aussi les adolescents. Atteindre les objectifs qu’on se fixe pour l’école, sortir dehors, parler à ses amis, c’est bien suffisant. »

Il rappelle aux parents de conserver un espace de communication, sécuritaire et ouvert, pour parler de tout ce qui va et ne va pas en ces temps inédits. « On peut surveiller si notre ado régresse, qu’il mange moins, ne veut pas se lever, est plus combattif, triste ou colérique. Et on n’hésite pas à consulter en cas de doute quant à la santé mentale ou physique de notre enfant », conclut-il.

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