Débat! Pour ou contre le père Noël?

27 Nov 2018 par Véronique Alarie
Catégories : Famille / Noël
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Le sympathique barbu du pôle Nord serait-il devenu désuet?

Le père Noël est si bien implanté dans l’imaginaire collectif qu’on envisagerait difficilement un temps des Fêtes sans apercevoir sa bouille souriante un peu partout. Pourtant, dans certaines maisons, il est persona non grata, d’aucuns lui reprochant de promouvoir la malhonnêteté et la surconsommation… ou le jugeant un brin malsain. (Il faut bien admettre qu’entrer chez les gens par effraction et inviter à s’asseoir sur ses genoux des gamins qu’on ne connaît ni d’Ève ni d’Adam ne sont pas ce qu’on appelle des comportements recommandables!). Alors, s’agit-il d’un charmant vieillard aux intentions bienveillantes ou d’un énergumène vaguement louche? Que doit-on penser du père Noël? À ce sujet, les avis abondent et divergent…

Pas de ça chez nous!

Karolanne Ayotte, maman d’une fillette de huit mois, n’en est résolument pas fan. «Chez nous, il n’y aura ni père Noël, ni lapin de Pâques, ni fée des dents. Mon conjoint et moi souhaitons être honnêtes avec notre fille et nous tenons à ce qu’elle reconnaisse nos efforts pour lui offrir des cadeaux», explique-t-elle.

Même son de cloche chez Alexandra Chaput, qui se sent elle aussi mal à l’aise à l’idée de mentir délibérément à ses quatre jeunes enfants: «Je viens d’un milieu familial difficile et, à mes yeux, le père Noël était l’unique personne vraiment gentille qui existait. J’ai donc été très déstabilisée quand j’ai appris qu’il n’existait pas. Et je n’ai pas voulu prendre le risque de faire vivre cette déception à mes enfants.»

C’est également pour des motifs religieux que le père Noël n’a pas sa place chez elle: «Nous avons la foi chrétienne et nous préférons mettre l’accent là-dessus plutôt que sur l’abondance matérielle que le père Noël symbolise. On offre un seul cadeau aux enfants et on célèbre autrement. On choisit des objets à donner aux gens dans le besoin, on accroche dans notre sapin des bouts de papier sur lesquels on a écrit ce pour quoi nous sommes reconnaissants… Bref, on se crée notre propre magie, sans se monter de bateau ni se compliquer la vie!»

Chez Marie-Claude Verreault Dubreuil, l’absence du père Noël n’a pas été préméditée, mais plutôt causée par un désintérêt manifeste: «Étant donné que mon conjoint et moi l’avons toujours trouvé un peu douteux [rires], nous n’avons pas trop insisté pour que nos deux garçons accrochent au personnage. Finalement, ils n’y ont jamais cru. En revanche, ils aiment beaucoup leur petit lutin, qui leur joue d’ailleurs des tours toute l’année durant!»

Équipe «magie de Noël»

Papi Noël a beau perdre graduellement en popularité, il n’est pas pour autant en voie de disparition – loin de là! Car malgré les réticences de certains, nombreux sont ceux qui tiennent toujours à l’intégrer à leurs traditions familiales des Fêtes.

C’est le cas de Kim Faucher, mère de quatre filles de 8 à 20 ans: «Mes propres souvenirs du père Noël sont très positifs. Je pense encore à mes patins à roulettes Fisher-Price, que j’ai tellement voulus et qui m’attendaient à côté du poêle à bois le 25 au matin, comme s’ils avaient été déposés là spécialement pour moi! Dès leur plus jeune âge, j’ai donc naturellement encouragé mes filles à laisser à son intention des biscuits et du lait, avec des carottes pour ses rennes… En toute honnêteté, je le faisais aussi un peu pour moi, pour revivre cette magie à travers leurs yeux! [rires] J’ai même eu de la peine, l’an dernier, quand ma plus jeune a cessé d’y croire.»

Selon la psychologue Nadia Gagnier, s’il existe un bénéfice à perpétuer le mythe du père Noël, c’est justement lié aux souvenirs que l’enfant va en conserver à long terme. «En prenant plus tard conscience des efforts déployés par ses parents pour lui faire plaisir, l’enfant devenu grand saura les percevoir comme un geste d’amour», explique-t-elle.

Un Noël blanc… en zone grise

On le sait, l’éducation des enfants constitue un vaste territoire où se côtoient, au bas mot, cinquante nuances de gris… Conséquemment, il existe autant de bonnes raisons que de bons parents à vouloir accueillir le père Noël à la maison – ou non.

À ceux qui hésitent en se demandant encore s’ils devraient y consentir, la psychologue recommande d’observer en premier lieu les réactions de leur tout-petit lorsqu’il est exposé au père Noël à l’extérieur de la maison (à la garderie ou au centre commercial, par exemple). Semble-t-il apeuré, troublé, émerveillé? Ce sont là de bonnes occasions de voir si le jeu en vaut vraiment la chandelle.

Les jeunes parents ambivalents gagneront aussi à s’interroger sur l’effort qu’ils sont prêts à investir pour entretenir un tel mensonge (si blanc comme neige puisse-t-il sembler)! L’idée de convaincre chaque année le beau-frère de porter une barbe qui n’en finit plus de jaunir ne nous emballe pas? Ni celles de poster une lettre au pôle Nord, de chanter Petit papa Noël ad nauseam et de cuisiner des petits sablés pour les lutins? Y a pas de souci… et on passe à un autre appel!

Tuer le mythe dans l’œuf

Si on prend la décision de jouer franc jeu avec fiston et fillette dès le départ, il faut toutefois s’attendre à des questionnements de leur part. «Dans notre culture nord-américaine, le père Noël est omniprésent, souligne Nadia Gagnier. L’enfant cherchera donc probablement à savoir pourquoi ses amis parlent autant de lui et pourquoi au il ne vient pas dans leur maison…» Dès lors, une bonne conversation s’impose. Échange au cours duquel il sera notamment utile (et apprécié des autres parents!) de prévenir nos marmots de ne pas vendre la mèche à leurs copains. Après quoi il ne restera plus qu’à trouver ensemble un nouveau sens au temps des Fête… qui aura du sens pour nous aussi!

Et la reconnaissance, alors?

On craint que la visite annuelle du père Noël fasse de nos rejetons des petits ingrats jugeant normal qu’une montagne de cadeaux leur parvienne du pôle Nord sans qu’ils aient à remercier qui que ce soit? Ça se comprend. Le truc de la psychologue Nadia Gagnier? N’en réserver qu’un seul qui sera offert par le père Noël. Tous les autres présents peuvent ainsi venir des proches, que l’enfant pourra remercier en bonne et due forme – par exemple en leur bricolant un petit présent.

L’heure de vérité

C’est généralement vers l’âge de 7 ou 8 ans que l’enfant découvre le pot aux roses à propos du père Noël. La psychologue Nadia Gagnier nous donne quelques conseils pour que ça se passe comme un charme.

1.     Faire preuve de doigté. «Il faut éviter de couper court au mythe de façon trop abrupte. Je ne crois pas qu’un enfant pourrait vivre un grand traumatisme en apprenant la vérité, mais il reste que si on lui dit: “Non, le père Noël n’existe pas, c’est comme ça. Reviens-en!”, l’enfant pourrait se sentir peiné et déçu. Et c’est notre rôle de lui rappeler que ses émotions sont valides.»

2.     Écouter. «Quand on constate que l’enfant commence à avoir des doutes, on peut tout simplement lui demander: “Toi, qu’est-ce que tu en penses? Qu’est-ce que ça te ferait si tu te rendais compte que le père Noël n’existe pas?” C’est une façon de lui indiquer que, lorsqu’il sera prêt à entendre la vérité, on sera aussi prêt à la lui dire.»

3.     S’expliquer. «On doit exprimer à l’enfant pourquoi on a choisi d’entretenir le mythe. On en profite pour souligner que même si le père Noël n’existe pas, toute la joie qu’il lui a apportée et les beaux souvenirs qu’il a créés sont tout à fait vrais, eux.»

Ne pas insister. «De la même façon qu’il ne faut pas forcer un enfant trop jeune (avant 2-3 ans) à adhérer au mythe, il ne faut pas non plus s’acharner à le renforcer chez un jeune qui commence à en douter, car il risque de se trouver tiraillé entre le discours de ses amis et celui de ses parents.»

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Cet article est tiré du magazine Véro Noël 2018.

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  1. Hélène dit :

    Laissez donc les enfants avoir la magie de Noël encore ils en ont le droit

    Ma dernière il y a cru jusqu’à ses 10 ans bien oui pourquoi pas

    Elle avait pas tout les cadeaux qui venait du père Noël juste un qu’elle recevait le 25 au matin et qu’il avait mangé les ibscuits avant de repartir bien oui et en plus le 24 elle recevait des cadeaux de nous les parents et des autres personnes et pas tout se qu’elle avait demander sur la liste

    Ma fille savait que nous en donnions et que le père Noël en donnait un aussi le 25 juste 1 pas 10

  2. Nathalie Jomphe dit :

    Merci pour cet article! Je me sens comme une mère indigne de détester le Père Noël et les coutumes de consommation des fêtes. Je vois que je ne suis pas seule. Je me sens mal à l’aise de mentir à mes enfants et de profiter de leur naïveté. Par contre, je ne suis pas trop radicale avec eux, puisque tout leur entourage se prête au jeu du Père Noël. Je leur ai dit à quelques reprises que ce ne sont que des histoires, ce qui ne les a jamais empêché de poursuivre le jeu avec beaucoup de plaisir. Je ne suis pas toujours leur liste de cadeaux, puisqu’on n’obtient pas tout ce que l’on veut dans la vie et que l’on ne désire pas nécessairement les bonnes choses. Je tente de leur donner mieux, comme des jeux pour jouer en famille.

  3. Hélène dit :

    La magie de Noël, c’est un moment tellement important dans nos vies, si non, pourquoi alors tout le monde de mon entourage fête Noël et pourquoi est-ce si important de se réunir en famille et de se dire que l’on s’aime. Toute petite, j’ai longtemps cru au Père Noël et j’ai quand même un Diplôme de 2ème cycle en administration publique et je continue à aimer rêver à la magie de Noël. Alors les parents, svp, laissez une place de rêve dans le cœur de vos enfants??

  4. chantale matteau dit :

    oufff! la vie des enfants semble bien compliquée et dictée aujourd`hui! un petit rêve, une petite espérance, ca fait de mal à personne…….

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