COVID-19: le point sur le suivi de grossesse et l’accouchement

07 Avr 2020 par Équipe VÉRO
Catégories : Famille
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Comment la pandémie de COVID-19 peut-elle modifier le suivi de grossesse et le déroulement de l’accouchement? Deux médecins répondent à nos questions.

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Écrit par  Kathleen Couillard

Il est important de mentionner que la situation de la COVID-19 peut être différente d’un hôpital à l’autre et qu’elle évolue d’heure en heure. Les recommandations peuvent donc changer rapidement et notre texte sera mis à jour en conséquence.

Que se passe-t-il pour le suivi de grossesse? Est-ce que certains rendez-vous pourraient être annulés?

Selon la Dre Chantal Ouellet, médecin à la clinique l’Autre maison et à l’hôpital Pierre-Boucher à Longueuil, les médecins ont reçu des directives du Collège des médecins et de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec. « Pour l’instant, les suivis de grossesse sont maintenus et aucun rendez-vous n’est annulé, explique-t-elle. Ils pourraient toutefois être un peu plus espacés si la grossesse se déroule bien. Par exemple, une patiente pourrait être vue aux 5 semaines plutôt qu’aux 4 semaines. »

Selon un document du ministère de la Santé et des Services sociaux, le suivi de grossesse est en effet essentiel et doit être maintenu. Cependant, on recommande que la majorité de ces rendez-vous se fassent par appel téléphonique ou vidéo. Les prélèvements et les interventions qui doivent être faites en personne pourraient aussi être regroupés dans un même rendez-vous.

S’il s’agit d’une grossesse à risque, la fréquence des rendez-vous de suivi devrait demeurer la même. « Nous tentons toutefois de transférer ces suivis dans les cliniques pour éviter les hôpitaux, souligne Dre Beaulieu.»

Dans le cas des patientes qui ont des symptômes de la COVID-19 comme de la fièvre, de la toux ou des difficultés respiratoires, le suivi de grossesse pourrait être transféré en milieu hospitalier. « Les cliniques n’ont pas les mêmes moyens que les hôpitaux pour éviter la propagation du virus, souligne Dre Ouellet. On ne voudrait pas qu’une patiente infectée soit dans les mêmes bureaux qu’une patiente qui n’a pas de symptômes. »

Selon le MSSS, les femmes enceintes ayant des symptômes et un résultat positif au test de dépistage pourraient être prises en charge dans l’un des hôpitaux désignés, selon la sévérité de leur état.

Enfin, les pères ne peuvent plus participer au suivi de grossesse. « À la clinique, on demande aux conjoints de ne pas accompagner la future mère lors de ses rendez-vous de suivi, confirme Dre Beaulieu. À l’hôpital, les conjoints ne peuvent plus venir aux échographies. C’est aussi le cas dans les cliniques privées qui offrent ce service. »

Au moment de l’accouchement, si une mère est atteinte de la COVID-19 ou qu’elle présente des symptômes, quelles seront les mesures prises?

« Notre centre hospitalier, avec l’aide de la santé publique, a mis en place des procédures à suivre lors des accouchements selon l’état de la patiente, mentionne Dre Ouellet. Lorsque la patiente appelle à la maternité parce qu’elle est en travail ou lorsqu’elle se présente à l’hôpital, il y a une étape de triage. »

  • La patiente n’a aucun symptôme et n’est pas identifiée comme étant à risque d’être porteur du virus : l’accouchement se déroulera comme d’habitude.
  • La patiente est en santé, mais elle a été en contact avec une personne infectée ou elle a voyagé : le personnel prendra des précautions pour qu’elle soit isolée des autres. Par exemple, certaines chambres sont réservées pour les femmes qui ont un potentiel de risque plus élevé.
  • La patiente a reçu un résultat de test positif ou elle a les symptômes de la COVID-19 : à l’heure actuelle, la situation de la patiente sera évaluée par des spécialistes et, selon la sévérité de son état, elle pourrait être transférée dans un autre hôpital avec des précautions d’isolement. « Si l’accouchement est imminent, la patiente ne pourra peut-être pas être transférée, nuance Dre Ouellet, mais si on a le temps de prévoir, elle pourrait l’être pour recevoir les meilleurs soins. » Si la mère est transférée, elle sera prise en charge par une équipe spécialisée sur place, notamment par un gynécologue-obstétricien.

Du côté du MSSS, on recommande aussi aux femmes qui ont des symptômes respiratoires de porter un masque dès leur arrivée à l’hôpital.

Est-ce que des changements pourraient survenir dans le cas des césariennes planifiées ?

Selon Dre Beaulieu, les césariennes électives sont maintenues. « Il serait possible que la date exacte soit modifiée, mais le délai demeurera sécuritaire autant pour la mère que pour son bébé », ajoute-t-elle. Par ailleurs, dans certains cas, il serait possible que le père ne puisse pas être présent pendant la chirurgie.

Pour les mères souffrant de la COVID-19, le MSSS recommande de retarder la césarienne jusqu’à ce que la mère soit guérie. Il est toutefois important de souligner que selon le MSSS, peu importe l’état de santé de la mère, l’accouchement par césarienne devrait être réservé pour les indications obstétricales habituelles.

À propos du suivi avec une sage-femme

Le 24 mars, le MSSS a publié un document préparé avec l’Ordre des sages-femmes et le Regroupement Les sages-femmes du Québec. Selon les directives qui s’y trouvent :
  • L’accouchement en maison de naissance devrait être privilégié. Cependant, dans certaines situations, l’accouchement à domicile pourrait être une option acceptable.
  • Une seule personne, que ce soit le père ou un autre accompagnateur, peut être présente à l’accouchement
  • Le suivi des femmes qui ont des symptômes de COVID-19 ou qui pourraient avoir été exposées au virus sera transféré au milieu médical.

Les pères peuvent-ils toujours assister à l’accouchement et être présents pendant le séjour postnatal?

 » Ici, à l’hôpital Pierre-Boucher, il n’est aucunement question que les pères ne soient pas admis à l’accouchement, insiste Dre Ouellet. Ils habitent la même maison que la mère. Il n’y a donc pas de préoccupations de contamination. Les femmes peuvent être rassurées à ce sujet. »

Le MSSS précise toutefois que le père ou l’accompagnateur sera admis à l’accouchement et pourra être présent pendant le séjour postnatal seulement s’il ne présente pas de risques d’infection. De plus, selon Dre Beaulieu, dans le cas d’une mère souffrant de COVID-19 qui serait transférée aux soins intensifs d’un hôpital désigné, le conjoint ne pourrait pas être présent.

Par ailleurs, depuis le 4 avril, les femmes qui accouchent à l’Hôpital général juif de Montréal ne pourront plus être accompagnées d’un proche. Cette décision a été dénoncée par des professionnels de la santé, des organismes périnataux et des professeurs de droit.

Dans son point de presse du 6 avril, le premier ministre François Legault a toutefois assuré qu’« il n’y a aucune intention du gouvernement d’étendre ces interdictions dans les autres hôpitaux ». Il a aussi mentionné que le gouvernement se penche actuellement sur la possibilité de permettre aux femmes devant accoucher à l’Hôpital général juif de changer d’hôpital si elles le souhaitent.

Selon le MSSS, pendant le séjour à l’hôpital, tous les parents et leur bébé doivent demeurer dans leur chambre. Aucune sortie n’est permise.

Qu’en est-il des accompagnantes?

Pour l’instant, les accompagnantes sont refusées dans les salles d’accouchement de plusieurs hôpitaux. « Nous savons que leur présence est importante, admet Dre Ouellet, mais, comme elles ne vivent pas avec la mère, elles ne sont pas admises pour l’instant. » Toutefois, la situation pourrait changer puisque l’Association québécoise des accompagnantes à la naissance se positionne pour un maintien des accompagnantes en salle d’accouchement.

En attendant, certaines accompagnantes offrent de faire un suivi virtuel. « Notre présence est différente, concède Josette Charpentier, accompagnante à la naissance. Cependant, nous demeurons toujours disponibles pour le bien-être de nos clientes. »

Est-il toujours possible de faire du peau à peau avec le bébé? La cohabitation est-elle toujours permise?

« Il y a de bonnes nouvelles de ce côté, se réjouit Dre Ouellet. En se basant sur ce qui se passe ailleurs dans le monde, les recommandations actuelles sont de ne pas séparer la mère et le bébé, si la mère est en santé ou si elle a des symptômes légers à modérés. » Le peau à peau est aussi possible.

Si la mère est atteinte de la COVID-19 ou à risque de l’être, elle doit toutefois porter un masque en tout temps lorsqu’elle est en contact avec son bébé. Elle doit aussi se laver les mains avant de le prendre ou de l’allaiter.

Cette position est d’ailleurs confirmée par le MSSS qui mentionne qu’il n’est pas recommandé d’isoler les nouveau-nés dont la mère est atteinte de la COVID-19. « Si on devait le faire, ce serait parce que c’est nécessaire pour la santé de la mère ou du bébé et qu’on cherche à leur offrir les meilleurs soins », ajoute Dre Beaulieu.

Les bébés nés d’une mère atteinte de la COVID-19 doivent automatiquement passer un test de dépistage à la naissance.

Est-ce que certaines mesures sont prises pour diminuer le risque que les femmes enceintes et les bébés soient contaminés lorsqu’ils vont à l’hôpital ou à la clinique?

« Nous essayons de séparer les patientes en santé et leur bébé des patientes qui sont plus à risque, mentionne Dre Ouellet. Par exemple, nous avons des chambres séparées et tout le matériel est séparé. C’est d’ailleurs la même chose dans nos cliniques. Il y a une entrée séparée pour les femmes enceintes, les mères et leur bébé. De cette façon, elles ne croisent pas les patients qui viennent au sans rendez-vous et qui pourraient avoir des symptômes. »

« Pour chaque rendez-vous, toutes les patientes sont triées avant leur arrivée à la clinique, ajoute Dre Beaulieu. Cela permet de mettre les patientes avec des symptômes dans une zone et celles sans symptômes dans une autre. Il est possible aussi de planifier des plages horaires spécifiques pour les personnes qui ont des symptômes ».

Le stress et la grossesse

La spécialiste du stress Suzanne King a souligné en entrevue à La Presse que le stress généré par l’épidémie de coronavirus peut être important. Elle recommande donc aux femmes enceintes de tenter de préserver leur bulle de bonheur en s’isolant des nouvelles alarmantes. Le soutien social est aussi très important selon elle.
Celle qui est aussi professeure en psychiatrie à l’Université McGill a étudié l’effet du stress sur la grossesse pendant la tempête de verglas de 1998. Selon elle, la crise actuelle est semblable à celle du verglas, voire pire. Ses travaux sur le verglas ont démontré que les enfants qui naissent de mères stressées sont programmés pour un monde. (Source: La Presse)

 

 



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