Éducation : «Au grand dam de ma mère, j’ai décroché!»

decrochage-scolaire
16 Mai 2022 par Michèle Beauchamp
Catégories : Famille / MSN / Véro-Article
Icon

Notre collaboratrice nous partage avec franchise et vulnérabilité le moment de sa vie où elle a abandonné ses études.

J’ai toujours aimé l’école. Je me souviens encore de ma première journée, assise au premier rang, les yeux rivés sur le tableau noir à observer mon enseignante écrire minutieusement les voyelles de l’alphabet. Le début d’une belle aventure…         

Au primaire, j’avais de bonnes notes sans être obligée de vouer des heures à mes devoirs et mes leçons. En revanche, au secondaire, comme j’avais été admise au cours classique, j’ai dû consacrer davantage de temps à mes travaux scolaires afin de récolter d’aussi bons résultats. Loin de me rebuter, je pouvais rester de longues périodes le nez plongé dans mes livres. Heureusement, car j’en avais pour huit longues années à travailler assidûment afin d’obtenir mon diplôme.                        

Mais voilà qu’au terme de quatre ans, coup de théâtre! Le collège a décidé d’annuler définitivement l’enseignement du cours classique dans son établissement pour faire place au nouveau venu dans le monde de l’éducation : le CÉGEP.

Néanmoins, cette année-là, le CÉGEP ne m’a pas accueillie. Seuls les étudiants inscrits en sciences ont eu droit à ce privilège. Étant moins nombreux, ceux qui avaient choisi l’option lettres devaient obligatoirement compléter un secondaire 5 avant de poursuivre. Allô discrimination! Ma motivation n’était plus au rendez-vous. En fait, j’avais l’impression de perdre mon temps, de ne plus avancer. Résignée, j’ai accepté mon sort en espérant que l’avenir soit de meilleur augure.       

Hélas, c’était pire! J’ai détesté cette mouture nouveau genre qu’était le CÉGEP. Je manquais des cours, je n’appréciais pas les professeurs, je ne m’impliquais dans aucune activité parascolaire. Bref, j’étais malheureuse et je ne pouvais m’imaginer vivre cet enfer encore deux ans. En outre, je n’avais aucune idée de ce que je voulais faire de ma vie. J’étais désorientée.

Alors, au grand dam de ma mère, j’ai décroché! J’avais beau la rassurer en lui disant que je prenais simplement une pause, elle demeurait sceptique. Par contre moi, je savais que mon abandon n’était que temporaire.      

J’ai donc intégré le monde du travail, et j’ai mis les études à l’arrêt. J’ai occupé divers emplois, principalement dans le domaine du voyage. Presque deux décennies plus tard, alors que j’étais en vacances avec une amie, l’idée de retourner sur les bancs d’école a refait surface. Celle-ci devait assister à une séance d’information à l’université et je lui ai proposé de l’accompagner histoire de satisfaire ma curiosité. Le lendemain de la présentation, j’entreprenais les démarches pour m’inscrire à un certificat.

Mon premier certificat en poche, j’ai voulu continuer dans ma lancée tant j’étais motivée. J’en conviens, cela n’a pas toujours été facile, car tout en suivant mes cours du soir, je travaillais à temps plein. Malgré tout, au fil des sept ans et demi qu’il m’a fallu pour recevoir mon baccalauréat en communications, jamais je n’ai songé à laisser tomber.

D’une part, je l’avoue, j’ai souvent regretté d’avoir décroché du milieu scolaire. D’autre part, cet intermède de près de 20 ans m’a permis de mieux m’orienter par la suite. Et de prouver à maman que, malgré le délai, j’ai obtenu mon diplôme…        

Photo : Rut Miit Unsplash

À lire aussi : 



Catégories : Famille / MSN / Véro-Article
0 Masquer les commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse de courriel ne sera pas publiée.

Ajouter un commentaire

Magazine Véro

S'abonner au magazine