« Que pensez-vous des parents des enfants de votre groupe ? Qu’aimeriez-vous leur dire ? Y’a-t-il des choses qui vous agacent, vous énervent ? » Ce sont ces questions que j’ai posées à une vingtaine d’éducatrices en garderie et de professeurs du préscolaire des quatre coins du Québec. Elles ont été nombreuses à me répondre. Certaines m’ont envoyé des romans fleuves, d’autres avaient des réticences… Finalement, la majorité s’est prêtée au jeu, à condition de n’être identifiée qu’avec leur prénom.
Voici quelques-unes de leurs confessions… À méditer.
L’habillement
« Certains parents ne semblent avoir aucun contact avec Météomédia. Leurs enfants arrivent sans botte, sans mitaine, ni chapeau ou avec un manteau qui n’est pas suffisamment chaud. Tout le groupe est pénalisé : on ne peut pas sortir dehors. » – Marie, éducatrice en service de garde familial, L’Assomption
« Cher parent, lorsque vous entrez dans l’école tous les matins pour habiller ou déshabiller votre trésor, vous ne nous rendez pas service. Quand vous n’êtes pas là, devinez à qui revient la responsabilité ? » – Catherine, professeur de 2e année, Québec
« Si un enfant est incapable de mettre ou d’enlever un vêtement, ce serait peut-être une bonne idée de ne pas envoyer l’enfant avec à l’école… » – Julie, professeur de maternelle, Mirabel
« Les petits gants, c’est joli. Mais pas très pratique au moment d’habiller les tout-petits. Imaginez 60 petits doigts à glisser dans chaque trou… » – Mylène, éducatrice en service de garde familial, Trois-Rivières
La routine
« Je ne comprends pas pourquoi les parents n’identifient pas les vêtements ou le matériel de leur enfant : c’est pourtant une évidence… J’ai déjà reçu une note d’une maman me demandant d’identifier la bouteille d’eau de sa fille ! » – Nadine, professeur de 1ère et 2e année, Ontario
« Prévenez vos enfants de l’heure à laquelle vous viendrez les chercher et de la personne qui se présentera, surtout lorsque vous brisez la routine. Cela éviterait bien des crises que nous devons gérer… » – Marie, éducatrice en service de garde familial, L’Assomption
L’état de santé
« Nous connaissons bien votre enfant puisque nous passons quotidiennement entre 8 et 10 heures avec lui. Si nous vous appelons pour signaler qu’il est malade ou qu’il ne file pas, faites-nous confiance ! Certains parents envoient leurs enfants malades à la garderie et quand nous les appelons au travail, ils refusent de nous croire et ils nous obstinent. Un enfant malade a besoin de calme et de repos. Est-ce si difficile de prendre une journée de congé avec votre enfant qui en a bien besoin ? Pourtant, c’est précieux… » – Annie, éducatrice en garderie, Magog
« N’envoyez pas votre enfant bourré de Tylenol ou d’Advil au service de garde. S’il ne se sent pas bien et que vous ne pouvez manquer du travail, trouvez une solution de rechange. Vous pouvez même vous y préparer à l’avance car il y a de fortes chances pour que ça arrive ! » – Mylène, éducatrice en service de garde familial, Trois-Rivières
« Le pire, c’est la gastro cachée. Les parents sont au courant mais ils laissent tout de même leur enfant à la garderie sans prévenir l’éducatrice… L’enfant contamine tous les autres et du coup, toutes les autres familles devront y faire face. Parfois, on se rend même à la fermeture de la garderie pour désinfecter. Tenez-vous le pour dit : la gastro est contagieuse jusqu’à 48 heures après la dernière diarrhée ou le dernier vomissement. » – Catherine, éducatrice en garderie, Rive-Sud de Montréal
Les soins
« Certains parents ont l’air de croire que c’est à nous de voir à des soins de base comme couper les ongles, nettoyer les oreilles, brosser les dents le matin… Je ne considère pas que c’est de mon ressort de voir à l’hygiène des dix enfants de mon groupe. » – Édith, éducatrice spécialisée, Montréal
« Je suis toujours surprise de constater qu’un enfant arrive le matin avec sa couche de la nuit, bien pleine… Évidemment, ça déborde dès qu’il fait pipi à la garderie. » – Catherine, éducatrice en garderie, Rive-Sud de Montréal
La communication
« Un petit deux minutes pour lire le cahier de communication, est-ce trop demander ? Comme je suis éducatrice spécialisée, j’y note les objectifs, les défis et les progrès de votre enfant. Je recommande des séances d’exercices. Je me fais un devoir de préparer avec amour et passion les notes du cahier de communication. J’aimerais bien que les parents collaborent pour faire progresser leur petit amour avec nous. » – Vicky, éducatrice spécialisée, Montréal
« Lors d’une rencontre en classe d’une durée de 15 minutes, j’ai déjà eu devant moi une maman qui a répondu à trois appels sur son cellulaire, tous non-urgents m’a-t-il semblé… » – Catherine, professeur de 2e année, Québec
« Si vous souhaitez qu’on se parle, je préfère que vous preniez rendez-vous. J’aime discuter avec les parents mais pas en plein « rush » du début des classes, entre deux cadres de porte ou debout dans le vestiaire devant d’autres parents. » – Catherine, professeur de maternelle, Montréal
« La confiance et la bonne communication, ça se fait dans les deux sens. Si vous nous critiquez ouvertement devant vos enfants, imaginez ce que ça peut faire en classe. Vous avez un message, une question, un désaccord ? Glissez un mot dans une enveloppe ou passez-nous un coup de fil. » – Julie, professeur de maternelle, Mirabel
La gestion
« Je ne vous dis pas comment éduquer vos enfants alors de grâce, laissez-moi gérer ma classe. J’ai des parents qui m’ont déjà signalé comment placer le matériel et les meubles dans mon local, en plus de me dire quoi faire. » – Nadine, professeur de 1ère et 2e année, Ontario
« Au sujet des collations, pensez à nous qui gérons vingt enfants qui mangent en même temps : les oranges non épluchées, les contenants qui coulent jour après jour, les trucs avec arachides alors que c’est interdit, sans parler de ceux qui n’en ont jamais… » – Julie, professeur de maternelle, Mirabel
« Les parents doivent assumer leur décision de partir en voyage une ou deux fois durant l’année scolaire. Nous ne pouvons pas toujours préparer des travaux à l’avance pour vous aider. Nous en avons dix-neuf autres, en classe, à aider… » – Catherine, professeur de maternelle, Montréal
Article rédigé par Maude Goyer alias Maman 24/7
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*Publication originale: décembre 2012