Et si ce billet peut aider, tant mieux.
Ma chienne est actuellement à mes pieds et je peux dire qu’elle est en fin de vie. Combien de temps lui reste-t-il? Peut-être un mois, deux, ou alors trois? Au-delà de ça on pourrait parler de miracle. Je préfère être réaliste, quitte à en pleurer ma vie.
Sauf que je ne pleure pas du tout, en ce moment. Ce que je vis tient même peut-être du contraire. Car j’apprécie chaque heure passée avec ma poilue. Chaque moment, chaque regard partagé est une victoire sur la mort qui nous attend, devant.
Mais ce deuil est bien réel et sa présence prend déjà toute la place, ce à quoi je ne me serais jamais attendue. La relation qu’on a avec des animaux est tellement particulière à chacun qu’elle est difficile à décrire. Chaque expérience est différente.
Et nous n’en savons pas encore beaucoup sur eux. On dit qu’ils sont doués de conscience. On dit aussi qu’ils n’ont pas la notion du temps. Mais est-ce vrai?
On commence à voir des documentaires sur la vie animale qui nous chamboulent. Qui aurait cru il n’y a pas si longtemps qu’on pouvait avoir une relation avec une pieuvre?
Dans la vie comme dans le deuil, il nous reste bien des éléments à découvrir et les rapports que nous entretenons avec les animaux n’ont pas fini d’étonner.
Chez nous, cette chienne est un membre important de la famille.
Et je me fous des gens qui jugent cette perte comme du sentimentalisme, ils ne savent pas de quoi ils parlent. Un chien, c’est un chien, non? Non. Vraiment pas.
D’abord, ils ont tous leur caractère.
Leur énergie est différente, leur intelligence, aussi. Leur sensibilité? Pareil. Et malgré des traits communs reliés aux races, ils sont tous uniques.
Ici, on a adopté une princesse au petit pois, un pot de colle, une énergique qui a besoin d’un lac et des poissons pour être parfaitement heureuse. Une beauté qui a un port de tête glorieux, en toutes circonstances, même les plus humiliantes pour elle.
Avant elle, je ne connaissais rien des chiens et elle m’a tout appris, surtout que c’est elle qui mène! Il a fallu que je décode vite ses besoins afin d’y répondre et ce sans sourciller au passage sur l’hystérie collective qu’engendre la suite illogique de ses demandes.
- Je veux aller dehors!
- Je veux rentrer.
- Je veux encore aller dehors!
- Je veux rentrer mais laisse donc la porte ouverte, au cas.
- Je veux un biscuit.
- Quoi, vous mangez et il n’y a rien pour moi?
- Tu vas où, comme ça? Je peux y aller aussi?
- Je veux aller dehors!
- J’ai faim.
- Penses-tu vraiment que tu vas faire une sieste sans moi?
- Viens me caresser, ma jolie! Comme ça, sous les oreilles, oui.
- Je fais la sieste car c’est endormant ici et prévenez-moi quand vous irez dehors.
- Encore en voiture? Ok, mais ouvre la fenêtre et roule doucement.
- Vous êtes encore là? Ne changez pas de pièce sans me prévenir, s’il vous plaît.
- Je veux aller dehors!
- Je veux rentrer.
- Un, deux, trois, quatre humains. Et Édouard? Il est parti? Attends, je fais le tour de la maison pour voir, au cas où il se cacherait dans une chambre.
- Regarde comme je suis bonne pour voler les linges à vaisselle et les chaussettes!
- Non, je ne sortirai pas de l’eau même si je claque des dents.
- Mon bol d’eau est vide.
- Ton oreiller est bien plus confortable que mon lit de chien.
- Regarde comme on est bien, c’est pas ça la vie?
Et je pourrais continuer comme ça, pendant des heures.
Un lien étroit, vous dites? Je n’ai jamais été autant attachée à un animal. C’est mon buddy, ma copine des mauvais jours, ma complice, mon toutou, ma formule anti-stress, ma compagne d’exercice, ma partner d’apéro et ma grosse bébé d’amour.
Sa présence atténue mes peines. Elle me fait rire aux larmes quand elle chasse les poissons pendant qu’elle en a un énorme qui lui passe entre les pattes. Bref, on a décidé en famille que ce chien n’était pas un chien, mais une humaine dans un corps de chien. Avec toute son intelligence, sa présence, sa fougue, ses gaucheries et son indéfectible soutien moral. Et que personne ne vienne nous dire le contraire, d’accord ?
On. Le. Sait. Et. C’est. Tout.
Ma belle Praline a franchi la dure étape des 14 ans, maintenant. Elle a des problèmes de cœur, elle prend des médicaments en conséquence et nous nous sommes juré que nous ne nous acharnerions pas sur son cas. Son espérance de vie est dépassée, elle a eu cette vie merveilleuse, remplie et elle a comblé au moins trois cœurs.
Qui peut en dire autant?
Je ne sais pas dans quel état je serai le jour de sa mort. Probablement que j’aurai les yeux les plus bouffis de toute l’Amérique du Nord et que je serai à ramasser à la petite cuillère. Mais je serai aussi remplie de gratitude envers la vie qui a placé sur notre chemin une mini boule marron et blanche qui s’est collée sur moi dès la minute où je l’ai prise dans mes bras.
Voilà un cadeau incomparable.
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Photo principale : LWA Getty Images