Quand j’ai écrit mon livre Deux garçons à la mère, en 2014, récit assez drôle et touchant de notre parcours familial atypique, je n’avais aucune idée que ces 148 pages de mots, d’anecdotes, d’autisme, de poésie de maman, de questionnements, de colères justifiées, de tristesses, de joies et de souhaits pour l’avenir de mes fils allaient générer autant de générosité et d’engagement social. Quand on écrit un livre, on ouvre son coeur sur papier et on l’offre humblement aux coeurs des autres. L’encre témoin du vécu. L’ancre d’amour d’une mère.
Il y aura eu ce premier rêve, en page 143 : « Je rêve d’une grande maison qui pourra accueillir d’autres enfants comme les miens. Cette maison, elle tombera du ciel ma Guylou ? Non. Je sais que quelqu’un de très généreux n’attend que de lire ma requête. »
C’est la lumineuse femme en page couverture de ce magazine – oui, oui, Véro elle-même ! – qui a lu mon livre et qui est entrée en contact avec moi pour me dire qu’on allait construire ensemble des maisons pour personnes autistes adultes. La Fondation Véro & Louis a ainsi vu le jour. Aujourd’hui, 16 colocs habitent la Maison Véro & Louis de Varennes. Leur maison pour la vie. De les savoir aimés et respectés dans un environnement adapté à leur condition me remplit d’une gratitude si grande que je ne trouve pas de qualificatifs pour la nommer.
Comme c’est doux pour une guerrière de l’amour comme moi de se sentir épaulée. Entendue. De pouvoir offrir du beau, de l’extraordinaire à des personnes trop souvent oubliées dans le tourbillon de la performance et du paraître.
Étant donné que mon fils Clovis était trop jeune pour vivre dans cette première Maison Véro & Louis, je me croisais les doigts pour qu’une prochaine puisse l’accueillir.
Il faut croire que mon souhait s’est déposé sur un autre humain altruiste, Marcel Lussier, gagnant d’un gros lot de plusieurs dizaines de millions de dollars, qui a dit à la télé qu’il aimerait faire un don à la Fondation Véro & Louis. J’ai reçu des centaines de messages, cette journée-là ! Pas de panique : il faut laisser l’amour faire son oeuvre…
Quelques mois plus tard, lors d’une conférence de presse, Marcel annonçait officiellement qu’il donnait 7 000 000 $ pour la construction d’une Maison Véro & Louis dans les Laurentides. Chez moi. Pour mon Clovis. Et une quinzaine d’autres personnes adultes autistes, là ! Il ne vivra pas tout seul ! 😉
Je me pince encore. Je connais ma chance. Merci à Marcel et à la famille Lussier qui sont devenus des amis. Les bons coeurs se trouvent toujours.
« Cette maison, elle tombera du ciel ma Guylou ? » Non. Mais heureusement, dans le ciel, il y des étoiles filantes qui exaucent nos vœux.
Guylaine pose fièrement avec le très généreux Marcel Lussier (à gauche) et son fils Clovis.
Photo : Mari Photographe
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