J’ai envoyé mon bébé à la garderie plus tôt que prévu!

garderie-stephen-andrews-unsplash
06 Mai 2022 par Véronique Daudelin
Catégories : Famille / MSN / Véro-Article
Icon

Mon bébé a commencé la garderie plus tôt que prévu. Alors que je prévoyais l’envoyer à partir de ses dix mois, j’ai devancé le projet. Autant j’étais convaincue que c’était la meilleure chose à faire, autant j’ai vécu une certaine culpabilité.

J’avais toujours envisagé qu’une seule chose : m’occuper de mon enfant à temps plein jusqu’à la toute fin de mon congé parental. Finalement, j’ai choisi de m’occuper aussi, un peu, de moi.

Ça faisait quelques jours que mon chum et moi avions officiellement choisi la garderie de notre coco. Pour les quelques semaines qu’il me restait à être à temps plein avec mon bébé, j’avais l’intention d’en profiter au maximum, jusqu’à ce que ce vœu se fasse supplanter par la réalité. Par un beau dimanche après-midi, mon coco s’est réveillé de sa sieste alors que je commençais à peine à lui faire ses boulettes de saumon. Comme trop souvent lorsque je suis occupée à cuisiner, à faire du ménage ou à partir une brassée de lavage, je l’ai déposé, encore, au beau milieu du salon, avec encore les mêmes jouets autour de lui. Je l’ai vu, encore, s’amuser à plier la courroie du coussin d’allaitement et soudain, ça m’est apparu clair : il était temps que mon fils découvre autre chose. L’existence d’autres enfants, par exemple. Mon pauvre bébé de pandémie! Il n’avait vu presque personne de toute sa vie et nos activités étaient très limitées. Depuis plus de huit mois, on était toujours tous les deux à la maison. Et j’ai senti, clairement, qu’on venait d’arriver au bout. Tous les deux.

Je dois le dire, non seulement j’aspirais à davantage de stimulation pour mon bébé, mais j’avais moi aussi besoin de passer à autre chose. Je manquais de temps pour tout. Le bordel et la fatigue s’accumulaient. Et alors que j’avais projeté, pour la fin de mon congé parental, de me remettre à travailler progressivement tout en m’occupant de bébé, la réalité, c’était que je n’avais même pas le temps de me laver les cheveux. J’ai dû me rendre à l’évidence, aussi, que ma capacité à jouer avec un bébé de huit mois était assez limitée. Je suis une mère hyper aimante, mais le côté «éducatrice super motivée», ça, je ne l’ai pas du tout. Une fois que j’avais joué à coucou, que j’avais fait l’avion et que j’avais dansé sur La compagnie créole, j’arrivais au bout de mes ressources. Chacun ses forces.

J’aurais aimé être cette mère qui passe à travers l’interminable liste de choses à faire tout en élaborant une tonne d’activités créatives pour son bébé, mais manifestement, ce n’est pas le cas.

Non seulement je suis à mille lieues de bricoler pour mon poupon un tableau de textures comme j’en ai vu passer sur Facebook (Oh, Facebook! Royaume des comparaisons culpabilisantes!), mais je dirais même que d’être toujours toute seule avec un bébé, pendant des mois, ça m’amortit, on dirait. Ça me ramollit le cerveau.

Alors voilà. J’ai envoyé mon fils à la garderie à huit mois et demi. Et même si j’ai fait ce choix d’abord pour son bien et ensuite pour le mien, sur le coup, je me suis quand même sentie coupable, comme si c’était un échec de ne pas garder mon fils avec moi durant les 50 semaines prévues par le Régime québécois d’assurance parentale. J’ai dû me rappeler que ce régime était un privilège, pas une obligation. Chaque parent fait des choix en fonction de sa situation, qui est unique. Pour ma part, en envoyant mon fils à la garderie, j’ai choisi de recommencer à travailler sur des projets qui me tiennent à cœur. J’ai choisi de pouvoir faire une sieste l’après-midi quand j’en sens le besoin. J’ai choisi de passer à travers ma longue liste de travaux à faire pour ma maison. Et j’ai choisi de clancher toutes mes tâches ménagères le jour, pour pouvoir être à 100% avec mon fils dès la fin de l’après-midi.

Finalement, les dernières semaines m’ont fait éliminer toute culpabilité. La garderie a tellement d’effets positifs sur le développement et sur l’humeur de mon enfant ! Il se porte tellement mieux, et moi aussi! Plutôt que de me sentir lâche, aujourd’hui, je me trouve privilégiée d’avoir pu faire ce choix : Celui d’offrir à mon bébé du temps de qualité plutôt qu’en quantité avec une mère heureuse et reposée.

 

Auteure, comédienne et animatrice, Véronique Daudelin fait ben des affaires. La toute dernière : devenir mère, à 40 ans. Ce nouveau rôle change son regard sur le monde et sur elle-même, et elle le partage avec nous chaque mois, sans filtre.

Photo : Stephen Andrews Unsplash

À lire aussi : 

 



Catégories : Famille / MSN / Véro-Article
0 Masquer les commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse de courriel ne sera pas publiée.

Ajouter un commentaire

Magazine Véro

S'abonner au magazine