Les devoirs

19 Sep 2016 par Bianca Longpré
Catégories : Famille
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Chaque jour, je dois obliger ma fille à faire ses devoirs. Chaque jour, je deviens un adjudant-chef de l’infanterie. «OK, installe-toi comme il faut. Tiens-toi droite. Arrête de bouger. Tiens ton crayon comme du monde.» Cinq minutes passent.

«Tiens-toi droite. Lâche le chat. Arrête de niaiser. Grouille. On finira jamais… Déniaise.»

Notez le «on» (qui m’inclut). C’est passé du «tu», au début de l’année, au «on» quelques semaines plus tard. Pourquoi? Parce que la réussite de ma fille est devenue une affaire personnelle.

Les devoirs bien faits et les leçons bien apprises sont la preuve que je suis une bonne mère. Si mon enfant remet un devoir gribouillé ou si elle ne connaît pas par cœur ses mots de dictée, j’ai l’impression que la DPJ va débarquer, que le prof va me juger, pis que mon enfant va lâcher l’école avant de savoir écrire.

Je vous jure, les devoirs sont devenus une obsession. Toute la journée s’organise en fonction des %)&%$ de devoirs. Je rêve la nuit que j’ai oublié un mot de dictée ou que j’ai mal compris les consignes sur la feuille de leçons. Je me réveille en sueur, le matin de la dictée. C’est l’enfer!

Moi, je ne veux pas qu’elle passe à 60 %. J’ai toujours eu 85-90 %, alors, c’est pas vrai qu’«on» va avoir 60 %. On va passer cette année-là avec au moins 75 %, sinon «on» s’entend que je ne vaux pas grand-chose comme mère, hein? «On» vaut plus que 60 %, non? Comme si mes compétences de mère étaient directement proportionnelles aux notes de bulletin de ma fille…

Pis ma fille, quand elle buck sur le mot TO-MA-TE, je capote. Pas au début, là. Non, non. Au commencement de la période de devoirs, je suis calme. J’explique calmement T et O, M et A, T et E, ça fait TOMATE. C’est juste qu’après le lui avoir répété 25 fois, après lui avoir dit d’arrêter de niaiser avec ses mains pendant que je m’occupe de son frère qui gosse autour et du bébé qui braille, le mot TOMATE, je commence à le dire avec le sang qui me coule du nez.

Faut que je me CAL-ME. Mais c’est difficile. Quand ma fille a de la misère avec des affaires faciles, j’imagine une moyenne de 55 %, le décrochage à 14 ans, une job dans un bar et un mariage avec un gangster. Oui, j’imagine des affaires de même.

Quand la prof me dit que mon enfant parle ou dérange en classe, je deviens anxieuse. Et si c’était un trouble? Et si elle ne pouvait pas suivre les règles? Et si ça prend une évaluation neuro? Il faut peut-être lui donner des omégas 3…? Pis là, mon chum dédramatise en me disant: «Et si c’était juste une enfant?»

Ouin…

Je le sais que je devrais être une bonne mère, que je ne devrais jamais perdre patience, qu’il me faudrait répéter le mot TOMATE jusqu’à ce que mon enfant comprenne bien, que je devrais accorder moins d’importance à la note et plus aux efforts, et que je devrais moins capoter avec les devoirs.

Je sais que je devrais ne pas devenir folle avec la réussite scolaire de ma fille. Que la vie ce n’est pas de savoir parfaitement toutes ses leçons ni de tout connaître par cœur, mais j’ai peur. Je veux le meilleur pour ma fille, pour mes enfants. On m’a tellement fait croire que le bonheur réside dans la réussite, au travail comme à l’école, que je donne cette impression à ma fille. Je lui transmets cette maudite fausse croyance des grands qu’on a besoin d’être parfait pour être heureux.

En y réfléchissant bien, je devrais être plus zen. Qu’est ce que ça change, avoir 75 % ou 90 %? Qu’est-ce qui rendrait ma fille plus heureuse: avoir 80 % avec une mère complètement folle ou 65 % avec une mère zen et fière des efforts qu’elle fait?

J’ai trouvé la réponse: ce soir, on skip les devoirs, pis on va passer du temps de qualité ensemble. Parce que ça, oui, ça nous rend plus heureux.

 

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  1. Lucie Fortin dit :

    Chers parents,
    Je suis enseignante au primaire. Je suis mère également de 2 enfants au secondaire. Tout comme vous, le soir, je supervise les devoirs et leçons de mes enfants. Je suis parfois dépassée, découragée et moi aussi, je m’emporte quelquefois. Mais j’ai choisi d’être mère, je savais dans quoi je m’embarquais. C’est mon rôle de le faire. Et je dois mettre tout mon coeur et m’adapter au potentiel de mon enfant. Je ne m’atarde pas trop aux notes, car une note sur un bulletin, ça ne veut rien dire. Ça ne définit pas mon enfant. Il est là le vrai problème…Les méthodes d’évaluations diffèrent tellement.

    Un enfant qui a 80% aurait 90% ailleurs. Un enfant anxieux ne performe pas lors d’une évaluation. Il y a tant de choses à changer.

    Mais un parent doit s’asseoir avec son enfant et persévérer avec lui. L’enfant doit sentir que son parent s’implique dans sa réussite. Il se sent aimé et soutenu. Ça fait tellement la différence. Parce qu’un parent impliqué fait un élève intéressé.

    Alors ne désespérez pas. Jouez votre rôle, et l’enseignante jouera le sien. Elle a besoin de vous pour anener votre enfant vers la réussite. ?

  2. Catherine dit :

    Les devoirs, mon épine dans le pied, de Septembre à Juin. Etant maman d’une fille dyslexique et dysorthographique, Les devoirs sont un vrai calvaire chez moi. Oui meme en 6e année (secondaire 1 cette année) , je dois m’assoir avec elle TOUS les soirs pour faire / superviser / expliquer / decortiquer les devoirs et les lecons, parce qu’en plus d’avoir des troubles d’apprentissages, elle a une fragilité attentionelle donc si je ne la « ride » pas, elle peut passer 45 minutes a regarder son crayon, jouer avec le chat, se lever 3 fois pour se verser un verre d’eau ou avoir fait 2 numeros sur 18 pour un travail qui est du le lendemain. La routine chez nous est du style militaire, chaque soir, apres le souper, c’est les devoirs pendant 1 heure fixe. Mon mari, tellement écoeuré du chialage, rouspettage et oui incluant moi qui perd patience qu’il monte se cacher dans notre chambre le temps que la tempete passe.

  3. Nathalie dit :

    Je suis contre les devoirs à la maison, cette période devrait être réservée à passer du temps en famille, souper, jeux de société, bain et dodo. Les devoirs devraient être fait durant 20 minutes à la première période de la classe où les enfants sont attentifs.

  4. Johanne dit :

    Mon dieux que sa me fait du bien de te lire. Des fois je me sent tellement poche comme mère et je crois que je suis La seule à vivre cette situation, que pour les mamans des amies de ma fille ça va top chape pour faire Les devoir et qu’il il y a juste moi qui perd patience avec les devoir. Pis la je te lit et tu vie exactement ce que je vie. Je ne suis pas parfaite je fait de mon mieux, je me donne à 100% pour ma famille et des fois ont a plus de jus. Mais comme dirait mon garçon de 5 ans après m’avoir entendu dire que je suis crever et que j’ai plus de jus  » Ben Maman va en acheter au iga » lollll et c’est la qu’ont se dit mon dieu qu’ils sont brillants ❤️
    Merci Bianca d’être vrai et de partager des moment réels de votre quotidien.

  5. Diane dit :

    J’ai inscrit mon fils dans une école alternative dès la maternelle et la philosophie de cette école: Pas de devoirs durant tout le primaire afin que l’enfant puisse avoir une vie de famille et pour ne pas l’écoeurer des études. Cependant, les enfants travaillaient beaucoup en classe sur des projets. A son retour à la maison, nous avons donc pratiquer de nombreux sports, avons joué à des jeux de société, avons vécu de belles années de bonheur sans avoir à capoter sur les travaux scolaires., comme je l’avais vécu avec ma fille plus âgée (qui a décroché en sec. 3 mais qui a repris quelques années plus tard)

    Aujourd’hui mon fils pratique une belle profession d’enseignant au CEGEP en multi-média et il a adoré l’école (Secondaire en programme alternatif également). Donc, pour moi les devoirs ça ne devrait pas exister.

  6. Julie Chamberland (@MmeJulieC) dit :

    Et si j’ajoutais à votre propos que tout ce temps investi n’a aucun impact significatif sur la réussite de votre enfant?

    Je suis enseignante en 5e année et je ne donne aucun devoirs, en plus de faire l’étude des leçons en classe. 20 minutes de lecture par jour, voici la seule chose que je demande aux élèves.

    Je manque de temps pour m’épancher sur la question, mais comme je l’ai fait sur mon blogue, je vous invite à lire mon billet : http://mmejuliec.blogspot.ca/2016/09/petite-lecon-propos-des-devoirs.html

  7. Josée Royer dit :

    Vraiment pas facile les devoirs! Même pas pour une maman-enseignante que je suis.

    D’un côté, il y a les parents qui rêvent de voir ce moment éprouvant disparaître pour faire place à du temps en famille de qualité.
    De l’autre, il y a les autres parents qui trouvent qu’il n’y a jamais assez de devoirs et nous en redemandent toujours plus.

    Moi? Où suis-je dans tout ça? À la même place que tous les bons parents; c’est à dire que je fais de mon mieux pour aider mes enfants à se développer un peu plus chaques jours…mais j’ai abdiqué, plus de devoirs avec mon plus jeune pour une raison de qualité de vie. Il réussira sa vie, sera heureux et deviendra quelqu’un même s’il ne fait pas ses devoirs. Pour ma grande, qui est en 5e secondaire, le niveau de difficulté de ses devoirs fait que je lui suis inutile. Les « récup » du midi sont plus efficaces que mon aide.

    Comme prof, je laisse du temps en classe pour que les élèves puissent faire une partie de leurs devoirs. Je suis alors disponible pour de l’aide individuelle et spécifique.

    Finalement, je ne crois pas qu’il existe une solution unique , notre clientèle a des besoins différents; certains n’ont personne pour les aider à la maison, d’autres ont un horaire très chargé après l’école, sans oublier ceux qui ont 2 maisons. Les parents, les profs et les enfants font de leur mieux!

    Jouons dehors avec eux, à des jeux de société, des jeux de carte. Partons un projet commun, allons au bout d’une idée folle…rêvons avec eux. C’est le genre de devoirs que les jeunes du primaire ont vraiment besoin.

  8. Jennifer dit :

    Je crois que l’education est l’affaire de tous. Au debut, j’avoue avoir trouve cela difficile d’integrer les devoirs a notre routine, mais maintenant c’est un moment privilegie passe avec mes enfants. Il est clair que l’enseignant n’a pas le temps de faire du un a un avec chaque enfant. Nous on peut le faire et l’enfant est content de voir qu’on s’interesse a son travail scolaire. Il s’y interesse davantage et evolu plus rapidement. Avec le temps, l’enfant developpe son autonomie et ses strategies d’etude viennent a porte fruit. Il ne peut l’apprendre seul. Je crois a un juste milieu. Trop de devoirs…c’est comme pas assez. 🙂

  9. C’est l’histoire de ma vie avec mon fils écrit par une génie! Merci! Je me sens moins seule ds notre mission que de transmettre la réussite scolaire comme une valeur que mène à des adultes plus responsables.
    Mon fils entre au secondaire l’an prochain et je me sens encore concernée par sa furture vie étudiante adolescente ..hilala, les mères impliquées!
    Merci encore!

  10. Jean-François dit :

    À notre école nous avons décidé de ne plus de donner de devoirs. Ça ne plaît pas à tout le monde mais le but est que les parents puissent passer du temps de qualité avec leurs enfants au lieu de vivre ce que tu décris dans ton article. On veut que les enfants deviennent des êtres équilibrés. L’école doit donner l’exemple. Les enfants passent 300 minutes à l’école en Ontario. Il faut leur donner le droit d’avoir des loisirs autres que les devoirs!!

  11. Monique Bergeron dit :

    J’ai eu un garçon hyper actif avec un manque de concentration il prenait du ritalin la je parle des années 1980 et suivi par un très bon neurologue réputé de l’hôpital Ste- Justine. Eux ils conseillait de prendre 20 minutes et y aller par tranche de 15/20 minutes parce que l’enfant a de la difficulté à se. Consentré au de la de ce temps et ça ne donne rien de chicaner l’enfant il faut tenir notre but sans être sévères il faut trouver des moyens pour améliorer il y a des enfants que de se coucher à plat ventre et de travailler dans cette position ça aide .D’autre c’est un tableau a craie,en faire comme une histoire, un jeux,ont peu les fairent épeler leur mots dans l’auto en fessant une promenade!
    Le Dr Geoffroie de l’hôpital Ste- Justine parlait de Panda c’est un organisme qui aide les enfants à problèmes
    Il faut juste aller cherché quel que truc pour que tout le monde garde le sourire et s’amuse tout en apprenant
    J’ai appliquer ce genre de méthode avec ma petite fille et ça a très bien fonctionner.
    J’espère seulement seulement d’avoir pu vous aider
    Écouter l’émission de deux filles le matin de la semaine dernière avec le pédiatre Dr Chicoine je crois c’est une émission sur les enfants de l’âge de l’école a l’émission il y avait Marilou Wooif.

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