Edouard, 14 ans, aime jouer au hockey et se mettre du vernis à ongles bleu. Il porte les cheveux longs et a émis le souhait de se faire percer les deux oreilles. « Ça fait partie de son style, confie sa mère, Eve-Marie. Au primaire, il connaissait tout le monde et ça s’est somme toute bien passé. Mais à son arrivée à l’école secondaire, c’était une autre histoire ! Il a été l’objet de taquineries puis d’intimidation. »
Que ce soit à cause de leurs goûts, attitude, personnalité, intérêts ou mode de vie, certaines personnes sortent du lot. Elles semblent détonner par rapport aux autres. « Mais ça ne veut pas dire qu’elles sont nécessairement à l’aise avec cet aspect-là, explique Solène Bourque, psychoéducatrice. Elles peuvent désirer faire partie de la gang et être dans la masse ».
Selon la spécialiste de la petite enfance et de l’enfance, rien ne sert d’aborder le sujet si aucun événement n’a brusqué, perturbé ou dérangé notre enfant. « L’important, c’est de s’assurer que notre enfant a une bonne perception de lui-même, dit-elle. On lui demande, par exemple, ce qu’il aime et apprécie de cette ‘différence’ ».
Ensuite, on peut mettre en place des stratégies pour se faire accepter tel qu’il est. « Mais on sait qu’on ne peut pas plaire à tout le monde », précise Mme Bourque. Dans le cas d’Edouard, las de se faire traiter de fille, il a pratiqué des répliques et des réactions avec ses parents et sa sœur. « Je n’aimais pas qu’il soit nonchalant par rapport à cela, note Eve-Marie, mère de deux adolescents, je voulais qu’il garde la tête haute. Si son meilleur ami était plongé dans cette situation, il aurait réagi comment ? Je voulais qu’il fasse la même chose… pour lui-même ! »
Selon Solène Bourque, c’est une excellente idée que de préparer son enfant en inventant de petits scénarios. « Tout en restant poli et respectueux, on veut que notre enfant s’affirme, sans agressivité, et qu’il ne se place pas dans une position de vulnérabilité », indique-t-elle.
Un piège à éviter ? Agir de la même façon (c’est-à-dire aborder le sujet après un événement) si notre enfant a reçu un diagnostic (pour un trouble, par exemple). « Si notre enfant fonctionne différemment et que cela influence sa sphère cognitive, affective ou sociale, c’est important de nommer les choses, de mettre des mots dessus », dit Solène Bourque. Elle précise que c’est vers 5-6 ans que les enfants commencent à être conscients du regard extérieur et qu’ils tombent dans la comparaison ou la compétition. Cela correspond également à l’entrée à l’école.
Si c’est la différence des autres qui semblent indisposer notre enfant, il est tout aussi important d’ouvrir la discussion, croit Mme Bourque. Développer l’humilité, par exemple, peut aider. « On a tous un côté bizarre et on peut tous être la risée de quelqu’un, affirme la psychoéducatrice. On peut demander à notre enfant de prendre la position inverse : ‘Qu’est-ce que cet enfant dirait de toi ? En quoi il dirait que tu es chouette, génial, drôle ou spécial ?’ Tout est une question de perception… »
Des livres jeunesse qui célèbrent l’unicité
Les enfants à colorier
Par Simon Boulerice et Paule Thibault, aux éditions Fonfou, paru en août 2020, 19,95$
À partie de 6 ans.
Clovis a peur des nuages
Par Guylaine Guay et Orbie, Les éditions de la bagnole, paru en août 2020, 19,95$.
Dès 4 ans.
Julian est une sirène
Par Jessica Lova, aux éditions École des loisirs, paru en juin 2020, 23,95$
. Dès 6 ans.
Ruby tête haute
Par Irene Cohen-Janca et Marc Daniau, aux éditions Des éléphants, paru en septembre 2017, 2795$.
Dès 6 ans.
Boris Brindamour et la robe orange
Par Christine Baldacchino et Isabelle Malenfant, chez Bayard Jeunesse, paru en mai 2015, 17,95$
. À partir de 4 ans.
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