Dimanche 14 février 2016. C’est décidé, aujourd’hui, je ravive la flamme avec mon chum. Oui, après trois enfants, une foule de nuits blanches assorties de centaines de changements de couches et de biberons, notre flamme est due pour un petit entretien. Alors, cette année, je m’en occupe.
J’ai prévu une surprise pour mon mari. En cachette, j’ai appelé la gardienne qui va héberger chez elle nos trois petits monstres pour la nuit, histoire qu’on puisse se rapprocher sans avoir peur qu’un de nos rejetons ouvre la porte et nous surprenne en train de faire des guili-guili.
Une bouteille de bulles. Un souper romantique aux sushis. Un petit kit sexy. De la musique et un petit pot de chocolat pour s’en tartiner le corps. Croyez-moi, la flamme va rapidement devenir un vrai feu de forêt.
J’ai aussi pensé aux enfants: des valentins, des petits cœurs à la cannelle, un chandail rouge et un déjeuner spécial. Tout le monde va être content!
Le 14 au matin, je suis donc déjà fébrile en imaginant la surprise de la soirée. J’ai déjà un sourire dans la face en pensant à mon chum. Après 10 ans de mariage et trois enfants, on est encore et toujours amoureux. J’ai hâte à ce soir!
– «ARRRRRÊÊÊÊÊTTTEE!!!»
– «MAMAAAAAAAN!!!»
Les kids se réveillent en se chamaillant. Pas grave. Au moins le bébé est tranquille. Justement, trop tranquille.
SURPRISE!
Le bébé a la gastro et son lit est rempli d’une substance qui n’est clairement pas du chocolat. Super. Mon sourire ne survit pas à ce nettoyage imprévu avec, en toile de fond sonore, deux autres enfants qui se chicanent.
Bon. C’est pas grave. Cet incident n’aura pas raison de ma bonne humeur. Je prépare le succulent déjeuner «spécial Saint-Valentin» pour les plus grands. Une réussite! Ils ont adoré. Comme quoi il ne faut pas se laisser abattre par un épisode de numéro deux à nettoyer.
Quinze minutes plus tard, je me rends compte qu’il s’agissait d’une fausse impression de béatitude. Sur le pas de la porte, prête à partir chez la gardienne, au moment de donner un bisou à son père, notre fille éjecte son déjeuner «spécial Saint-Valentin» sur le plancher. La gastro est notre cadeau du jour. Un cadeau dont je n’avais vraiment pas besoin.
Nos trois rejetons se sentent soudainement mal. Tous ensemble. Misère.
J’annule la gardienne.
Toute la journée, je m’occupe des enfants. Zéro moment de répit. Entre deux cafés sur le fly pour survivre à la gastro, je repense à ma soirée conjugale. Faut que ça marche. Pas encore une autre Saint-Valentin où nous serons couchés à 21 heures après un petit bec de vieux couple. Il faut que je ravive cette flamme. Il faut qu’on redevienne, ne serait-ce que pour une soirée, les amants que nous étions il y a 10 ans.
À l’heure de la sieste, je décide de coucher notre fils de 4 ans dans notre lit conjugal, histoire de faire progresser ma journée.
Il faut que je révise mon plan de soirée. Les enfants vont se coucher tôt et on s’offrira un moment romantique tous les deux, dans notre chambre, à la chandelle. Pas de souper, juste une soirée. Ça va être parfait, compte tenu de la «situation gastro» du reste de la famille.
Puis, mon gars qui devait dormir dans mon lit me crie: «Mamaaaaaan, j’ai terminé ma collation.»
Sa collation? J’arrive dans ma chambre. Je vis un cauchemar éveillé: mon gars a ouvert le pot de chocolat pour le corps, qui venait avec un petit pinceau. Je constate alors que la couette est brune, que la tête de lit est brune, que sa face est brune, que ma tapisserie est brune, pis que ma chambre empeste le chocolat cheap.
Je suis debout dans le cadre de porte. Je ne bouge pas, je ne parle pas, je suis sous le choc. Je ne pensais pas que ca pouvait aller plus mal qu’à devoir gérer une gastro le jour où je devais m’occuper de ma flamme matrimoniale. Faut croire que oui.
– «C’était pas vraiment bon, maman. J’ai peinturé un peu et j’ai essayé de m’essuyer avec ça, mais ça n’a pas marché.»
Son «j’ai peinturé un peu…» résonne dans ma tête.
J’en reviens pas. Mon kit sexy, que j’avais mis dans un petit sac, lui a servi de débarbouillette. Ça ne se peut juste pas.
La sonnerie de la laveuse – indiquant que ma brassée de draps sales du bébé est terminée – me ramène illico à la réalité.
– «Va dans la douche. Now.»
Non seulement je n’ai plus de chocolat ni de nuisette, mais ma chambre conjugale est une porcherie. Je crois même qu’une porcherie est plus propre que ça.
Ma fille arrive sur-le-champ. Elle se met en colère parce que son frère a mangé du chocolat… et pas elle.
– «C’est pas juuuste!»
Le bébé pleure. Je l’avais oublié, lui, ce petit réservoir de gastro-entérite.
Je ne me rendrai jamais jusqu’à ce soir.
C’est à ce moment précis que ça commence à brasser dans mon ventre. Oh non, pas moi! Les mères ne peuvent pas se taper une gastro le jour de la Saint-Valentin! Elles se doivent d’être séduisantes et sexys.
Pour tout dire, mon plan tombe à l’eau. La journée se termine, mon chum arrive et, finalement, on soupe toute la famille ensemble: au lieu de déguster un beau festin romantique, on mange du riz blanc tous ensemble, avec un verre de Pedialyte.
Je suis épuisée, moralement à bout. J’ai le look d’une mère en burnout qui sent le chocolat cheap mélangé avec des effluves de gastro. Je regarde mon chum, qui se plaint d’un mal de ventre et de nausées.
Notre flamme amoureuse ne s’embrasera pas ce soir, c’est évident. Pire, elle s’éteindra peut-être à tout jamais.
Je nous regarde tous les cinq. On a l’air franchement misérables devant nos bols de riz. La journée fut mémorablement difficile. J’explique alors à mon chum quel était mon plan initial.
On se met à rire, à rire vraiment fort.
Même si les enfants ne savent pas pourquoi, ils rient eux aussi.
Non mais, quelle chance nous avons! On est là, mon chum et moi, après 10 ans de mariage à s’aimer et à rire avec nos enfants d’une Saint-Valentin bousillée par la gastro.
Évidemment, cette Saint-Valentin 2017 ne pourra pas être aussi mé-mo-ra-ble que celle de l’an dernier, mais je suis certaine qu’on va encore se réjouir de la chance qu’on a de la vivre tous ensemble, encore cette année.
Bianca
Et vous avez-vous vécu une Saint-Valentin mé-mo-ra-ble?
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